Malheureusement non, le "Coupez !" magistral ne retentira pas. Nous ne sommes pas les spectateurs intrigués, passants nonchalants découvrant fortuitement le tournage d’un nouveau film de science-fiction.
Silence ! Chaque jour qui se lève nous laisse abasourdis. L’impensable. L’effroi. Le silence menaçant. C'est la lourdeur de ce silence qui m'a semblé difficile à supporter au premier jour du confinement. Et puis au domicile, la musique de la vie s'est installée, l'organisation du temps est venue masquer le vide redouté. Parce-que nous sommes deux, ensemble pour affronter le pire. Parce-que nous ne sommes pas entassés dans un tout petit appartement, certainement un peu privilégiés.
A l'extérieur seule la nature s'est exprimée, le vent a murmuré son étonnement, les oiseaux interrogatifs se sont approchés des baies vitrées. Le Printemps nous a salués timidement, l'air s’est réchauffé un temps puis s’est ravisé "c’est trop d'insolence !". J'entends les bruits du silence, je perçois mon souffle rassurant. A vingt heures, des applaudissements au loin ont appelé les nôtres. L’empathie, la reconnaissance, la solidarité ont rejoint l'orchestre.
Le jour suivant, il faut bien sortir pour se ravitailler, l'angoisse est présente. Des gens mutiques, au visage masqué, inquiets, silhouettes vulnérables. Le silence est soudain rompu par une toux coupable, on se hâte, on s'écarte, on se regarde avec méfiance. Les gestes barrières, le confinement, serait-ce une suffisante garantie de vie ? L’on dort mal. Le sommeil est entrecoupé de mauvais rêves, de réalités terribles.
On pense très fort à nos proches, à nos amis. Le téléphone, les réseaux sociaux maintiennent le lien, on ne s'est jamais autant dit : "je t'aime". Le calme dans la tempête. Le silence des villes enrubanne le tumulte des hôpitaux. Quelques courageux se dépêchent vers leur travail, éboueurs, caissiers, soignants et bien d'autres portant leur sens du devoir ou du sacrifice en bandoulière, pendant que certains se croyant invincibles narguent l'injonction de rester chez soi. Le drame rôde. La peur gagne. Le soleil se lève encore. Hélas il n'accompagnera plus un millier de vies, brutalement, injustement ôtées.
Une journée gagnée semble une promesse de vie pour les chanceux. Incrédule, la lune contemple ce monde qui se bat contre l'insidieux virus. Ce virus qui crie en silence. Qui tue. Nous, fantômes en sursis sommes l'infiniment petit : un pâle souffle de vie. Que des milliards de souffles de vie brisent ce silence ! Nous sommes en guerre, ne rendons pas les armes, luttons ensemble, choyons tous ceux qui s'occupent de nous, protégeons nous les uns les autres, communiquons, tentons tout !
Fabienne HIBON DURAN
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Merci pour vos commentaires ! Je vous souhaite une bonne semaine!
Dites ! On pourrait en rire aussi, non ? Un rire jaune probablement ! Car en Asie nous en rigolons au quotidien...
/n
Hier, on nous vendait l'ouverture aux autres et à la différence. En vingt-quatre heures, c'est repli total. La réclusion virale sans aucun droit de visite. Alors, je ne peux qu'imaginer le mari modèle confiné avec sa femme et que sa maîtresse appelle six fois par jour pour lui dire : « Si tu avais divorcé, comme tu me le promets depuis neuf ans… Tu n'en serais pas là !
@ Fabienne HIBON DURAN. Très beau texte. Merci beaucoup. Chiara.