Eh oui, le français, avec ses règles à n’en plus finir et ses exceptions à ne savoir qu’en faire, est trop difficile à écrire. Il faut dé-discriminer en fusillant l’adversité à bout portant, en zigouillant les accents, en dézinguant les lettres cringues, en arrosant la prose de tirets au camion benne, que dis-je ? au canon à tirets ! en faisant subir les derniers outrages à la Belle Langue au prétexte de la rendre accessible à ceusses qui ne se sont pas tirés du pageot pour se casser la nénette.
Eh bien, rien de nouveau à cela, ma brave dame. Non, mon bon monsieur. N’avez-vous jamais entendu parler d’un certain Louis de Lesclache ? Non, sans doute. Et pourtant, il servit de modèle à Molière pour son personnage du maître de philosophie dans "Le Bourgeois Gentilhomme" ; la Bruyère a parlé de lui ; il fut philosophe, et vécu de 1620 à 1671.
Un précurseur de notre temps : philosophe et conférencier en vogue, à Paris, il fut prisé de toute la bonne société prête à s’offrir un vernis de "culture" grâce à la lecture de sa philosophie simplifiée en tableaux.
À l’époque où se créait l’académie française, avec le dessin d’opérer la fixation d’une orthographe qui est encore en grande partie la nôtre, en 1668, Louis de Lesclache eut l’idée saugrenue de publier Les Véritables règles de l’ortografe francèze, ou l’Art d’aprandre an peu de tams à écrire côrectemant, Disponible ici sur Gallica BnF. Il s’agissait, à ses yeux, de démocratiser l’écriture (difficile à populariser cause des règles complexes de l’orthographe française).
Ainsi passa-t-il de la célébrité à l’oubli.
Pas de postérité pour Lesclache.
Furetière balance une pelletée de terre sur son cercueil : "Le premier qui a voulu changer l’orthographe fut Jacques Pelletier du Mans, qui soustint qu’il falloit escrire comme on parle, & aprés luy Louïs Maigret, Pierre la Ramée dit Ramus, Jean Anthoine de Baïf, & de nostre temps l’Esclache. Ces opinions ont esté traitées de ridicules."
Mais d’aucuns (ou plus justement, d’aucunes), en ce temps, affirmaient dans L’année des Dames (Petite biographie des femmes célèbres pour tous les jours de l’année. Tome 2 / (1820) Par Mme Gabrielle de Paban), que les livres du "fomenteur de troubles orthographiques" avaient été écrit par sa femme.
Quand c’est fini et ni et ni
Catarina Viti (pour vous servir)
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Et lorsque l'on fait une coquille au mot 'coquille' cela donne quoi?
À la cantonade : après le jeu des 7 erreurs, voici le jeu des 10 coquilles.
10.
Oui.
Certaines sont évidentes, d'autres cachées, d'autres encore pourraient être discutées (mais il faudrait pour cela un esprit tatillon).
Brèfle, elles y sont, et le "jeu des 10 coquilles" est officiellement lancé avec cette tribune.
Merci qui ? Monsieur de Lesclache, oeuf corse.
@Sylvie ETIENT
Pour la peine, tu répèteras 100 fois : "L'affaffin fur fon fein fuçait fon fang fans ceffe"
@Zoé Florent. Bonjour, chère. Comme tes paroles sont d'or ! Un oeil neuf et humble est nécessaire pour survivre en ce bas monde ; quelques autres vertus, également, dont la patience fait partie.
Pour ma part, j'y ajouterais volontiers l'humour et le second degré pour nous tenir éveillés les longues nuits d'hiver.
Je vois que tu connaissais Lesclache (monsieur de ). Bravo.
Je n'avais, quant à moi, pas la plus petite idée de son existence, quand une amie, en vacances studieuses dans îles grecques, m'a fait passer cette petite perle que j'ai eu envie de partager aussitôt.
@Catarina Viti Pff, les fautes, nous sommes tous appelés à en faire. Alors continuons de prêter notre oeil neuf avec l'humilité de celui qui sait qu'il n'est jamais à l'abri d'en semer ;-).
Pour le reste, j'ai bien aimé ta tribune, qui rappelle de Lesclache à notre bon souvenir, non sans humour... appréciable petit plus.
Le personnage mériterait une tribune à part entière, d'ailleurs, pour ses côtés avant-gardistes qui ont précédé cette lubie qui a provoqué le désaveu de ses pairs.
Merci et bonne soirée,
Michèle
@Sylvie ETIENT Vous ne croyez pas si bien dire avec ces ʃ longs qu'on pourrait confondre avec des f; mais la réciproque est vraie, et le cas le plus connu est celui des vérités de La Palice: à sa mort au combat (Pavie 1525) ses soldats on chanté de lui "Hélaʃ ʃ 'il n'était mort, il ferait encore envie" qui est devenu suite à cette confusion par un lecteur "il serait encore en vie", et voilà le brave homme propulsé dans une renommée qu'il n'aura jamais connue de son vivant... Mais sans cette erreur qui connaîtrait ce monsieur aujourd'hui ? :)
@Gwenn.A Elle.
Je m'incline ! Bravo !
@Catarina Viti
Merci d'avoir organisé l'évasion de Louis de Lesclache, fomenteur de troubles orthographiques, des oubliettes où il se trouvait enfermé depuis le 18 ème siècle, et de nous offrir la possibilité de plonger dans ses facéties.Ce qui m' a captivée dans l'extrait du manuscrit joint à l'article, ce sont ces lettres s écrites à l'époque comme des f, et que je lis bêtement comme des f avec cet effet de grottesque produit par la déformation des mots. Lorsqu'on lit (j'invente, ce n'est pas dans le manuscrit) " un être affoiffé de fang", il faut reconnaître que l'être en question n'inspire plus du tout la peur. Pour rendre justice à cet être imaginaire, il faut lui restituer le S long, celui qu'on employait à l'époque pour le s minuscule.
En voici un exemplaire : ſ
Vous constaterez que cela ressemble à un f mais que ça n'est pas un f :
ſ f
Voilà le genre de truc qui me fascine.
A bientôt et merci encore pour ce bonbon.
ſylvie
Fanny Dumont1, ça va, Fanny Dumont 2, ça va, @Fanny Dumond3 : bonjour les dégâts ! C'est quoi cette histoire de La Fontaine, La Bruyère ? et pourquoi pas La Martine, La Clos, La Biche. Vous devriez sortir de l'auberge avant de rouler sous la table. M'est avis.
@Marie Berchoud : 14 books, ça m'étonnerait. Tu as dû en oublier la moitié... au moins !
Je ne sais pas s'il s'agissait d'une fausse information, mais j'ai lu quelque part que l'Académie française envisagerait d'admettre cette monstrueuse faute de confondre sa et ça (adjectif possessif vs pronom démonstratif) sous prétexte qu'elle est devenue d'usage courant, surtout sur les réseaux sociaux ! Sa m'en a bouché un coin. Il me semble qu'on écrit La Bruyère comme La Fontaine. On n'est pas sorti de l'auberge (on n'y est pas encore entré, comme disait Zappy Max sur le transistor de mon père) avec nos relectures. Les fautes se multiplient à l'envi dès qu'on tourne le dos à nos proses. Sales bêtes !!!
@ catarinaViti. Tu t'rends pas compte ! Suis en train de faire ma liste de publications et c'est effroyable tout ce que j'ai écrit, ça me fait peur (et encore j'ai pas tout mis) : 14 books et j'en oublie, et sans compter les nouvelles, raaahh
@galodarsac. Je ne sais plus combien il y a de coquilles parsemées dans le texte. Il va falloir les recenser !
@Marie Berchoud : bien sûr ! Toi alors, tu te poses là. Et alors, tu crois que j'écris pour m'exposer ? C'est que j'ai des messages. Et du lourd.
@Youssouf Marius Abdoulaye. Ce serait curieux. En définitive, tout cela nous questionne. Qu'avons-nous peur de perdre ?
Si seulement le projet avait abouti! Le "t" du haricot serait broyé, le "e" final manquerait à l'envie, les verbes du 3e groupe se passeraient allègrement de leur "r" après le "e", et lnos chers et tendres enseignants n'auraient qu'à nous dicter naturellement et rien de ce qu'on écrirait aurait été faux! N'est-ce pas merveilleux?
@catarinaViti. PassketaurévouluKej'lisetout ?! Roooh
@A.P. Gounon
Je vous ai devancée de peu !
@Catarina
Hourra ! Ce sera selon votre dessein ! ^^
Outre les coquilles relevées par Michel et le fait qu'il manque le "à" dans "à cause des règles", je dirais que la coquille est grammaticale, il faut écrire "Avez-vous jamais entendu parler de", sans le N qui lui donne un sens négatif.
@Ludovic Privat : Bien vu aussi !!!
@Marie Berchoud : alors, Marie-Marie, pas les yeux en face des trous ?
@A.P. Gounon : bonne réponse, un poil trop tard pour le Yoyo. Mamzelle Gwen, avec son oeil de lynx et sa détente de mamba noir, est arrivée première.
Ah, dites donc miss @Gwenn A. Elle ! Non seulement, mais encore !
Hip-hip-hips. Vous consommez sur place, ou je vous l'emballe ? Le yoyo, oeuf corse !
@Catarina Viti. La coquille ! Serait-ce "dessin" au lieu de "dessein" ? Et merci pour l'article très intéressant. Anne
Bonjour Catarina !
J'en ai vu plusieurs... Qui m'ont bien perturbée... Mais à quel (des) sein se vouer si l'Académie Française se met au dessin ?
;) <3
L'incipit et toute la première ligne, c'est un festival... de rigolade ! peumieufér
Ben non, @Constantin Malheur', vous n'avez pas trouvé.
Cherchez encore !
Cher @Michel CANAL, et je suis sûre qu'en cherchant bien, on en trouverait d'autres.
Je suis en train de relire une de mes novellas que je compte déposer sur le site en guise de "cadeau de fin d'année". Novella qui ne date pas exactement d'hier, qui a été lue et relue par des bêta lecteurs, et des correcteurs, et je ne sais combien de lecteurs, et passée au correcteur... Eh bien, j'ai encore trouvé des coquilles à la pelle. Quoi que nous fassions, nous ne remplacerons pas les professionnels.
PS : je réalise que vous n'avez pas vu la coquille qui m'a arraché un oeil !
Peut-on, de ce fait, considérer que vous avez gagné le yoyo en bois du Japon, rouge à pois blancs, que je destine au vainqueur ?
Chère @Catarina Viti, il n'y a pas une coquille, mais trois :
— et vécu de 1620 à 1671 > vécut
— de tams à écrire côrectemant, Disponible ici sur Gallica BnF > disponible
— les livres du "fomenteur de troubles orthographiques" avaient été écrit par sa femme > écrits
Mais que celui qui n'a jamais pêché vous lance la première pierre.
En toute amitié, juste pour plaisanter. MC
PS : ceci dit, merci pour cette tribune très intéressante et instructive.
La coquille !!! Le premier (ou la première) qui la dénonce reçoit un cadeau de ma part. Mais bon, après tout, dans un article sur l'ortogaffe...