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Le 23 jui 2024

Auteurs jardiniers, architectes… ou cuisiniers

Selon Georges R.R. Martin, il y aurait deux types d’écrivains : les "architectes " qui prévoient tout, qui créent des plans détaillés de la maison avant d’envisager le démarrage des travaux, et les "jardiniers"» qui creusent un trou, y sèment une graine et laissent pousser. Vous sentez-vous plutôt "architecte" ou plutôt "jardinier " * ? Sophie Herrault répond sans hésitation en ouvrant une troisième voie. *(NB : la définition du " jardinier " donnée par Martin laisse songeurs les praticiens émérites du potager et autres jardins d’agrément…)
Tribune monBestSeller - Auteurs jardiniers, architectes… ou cuisiniers

Graines de génie ou plan de travail ?

Certains écrivains décrivent leur façon de coucher les mots sur le papier en évoquant le jardinier ou l’architecte.

Le jardinier a des graines d’idées (de génie !), il en sème une, regarde comment elle pousse et évolue. Il a une vague idée du résultat final. Il suit ses intuitions, se laisse guider par les personnages et peut se laisser surprendre par le résultat final.

L’architecte a une idée qu’il va griffonner sur un papier. Il va ensuite regarder tout ce qui tourne autour de son sujet, élaborer un sommaire et bâtir son récit en suivant la structure qu’il a prédéfinie. La construction prend forme sans laisser l’écrivain en plan.

Ce qui différencie le jardinier de l’architecte, ce sont les étapes. L’architecte suit ce qui est prévu pour s’assurer de la perfection du résultat. Le jardinier laisse libre cours à son imagination fertile et s’autorise à cultiver l’improvisation pour obtenir un résultat qui laissera une trace dans l’esprit des lecteurs.

En ce qui me concerne, même si j’ai une tendance "jardinière", je ne me retrouve pas vraiment dans ce profil. Et si l’écriture n’était ni une graine ni un plan, mais plutôt un mets ?  

Vous l’avez compris, cher lecteur, ce n’est ni sur un chantier ni dans un jardin que je me sens le plus à l’aise, mais en cuisine.

 

Recette d’un livre inspirant

Si vous avez déjà mitonné un livre, vous savez que pour concocter une recette, vous avez besoin :

- D’une envie de cuisiner

- D’ingrédients et de matériel

- De temps pour élaborer ladite recette !

 

L’envie de cuisiner

Il existe des plats préparés, prêts à l’emploi grâce à l’intelligence artificielle. Il suffit de taper la bonne commande et on peut se restaurer facilement et rapidement. C’est souvent réchauffé, mais ça permet quand même d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent.

L’idéal est quand même d’avoir une vision du mets qu’on veut sur la table, et de son aspect final : plus ou moins épicé si c’est de la romance, glaçant pour un polar, bien ficelé pour un policier… Pas toujours de quoi en faire un plat au démarrage, même si on a déterminé le genre littéraire et l’idée générale.

 

Les ingrédients et le matériel

L’auteur cuisinier sait qu’il a besoin d’un certain nombre d’ingrédients pour obtenir le livre qui fera les délices de ses lecteurs.

En faisant le tour de nos placards, on peut se laisse tenter par un bon vieux jus de cerveau un peu vieilli, dont le temps pourrait avoir bonifié la poésie ou l’intrigue.

Mais le plus souvent, tout débute avec quelques recherches préalables dans des livres spécialisés, sur des blogs dédiés ou en interviewant quelqu’un dont l’expérience va donner un éclairage indispensable pour les détails et la vraisemblance de l’ensemble.

Soyons honnête, il y a quand même des ingrédients de base indispensables selon la recette à réaliser : des personnages délicieusement craquants, un univers saisissant, des tropes pour garder une ligne directrice, et bien entendu des graines d’émotion et de motivation pour rendre les héros digestes.

Certaines recettes, tels les livres de non-fiction ou les romans de développement personnel, ont besoin de rassembler quelques points techniques, comme les outils, les messages à intégrer à l’histoire. Rien de bien difficile pour un expert du sujet.

Côté matériel, il s’agit d’avoir un plan de travail dégagé, quel que soit le lieu dédié à l’activité, pour pouvoir travailler sans être dérangé. Même si toutes les conditions ne sont pas réunies, quoi qu’il arrive, sans ordinateur, tablette, téléphone, bloc-notes et crayons, difficile d’écrire quoi que ce soit !

Il va de soi qu’un bon correcteur orthographique (logiciel et/ou humain) aide énormément pour éviter de refendre les cheveux en quatre dans la soupe des mots, et sera toujours un énorme plus à la dégustation.

 

Du temps pour élaborer la recette

Quelle que soit la recette retenue, il y a un temps incompressible pour réaliser les différentes étapes.

1. Penser la recette dans son ensemble (avoir une idée de ce à quoi la fin va ressembler une fois terminée est indéniablement un plus pour les catégories thriller, policier et sagas en tous genres).

2. Rassembler tous les ingrédients nécessaires pour se lancer, tout en se donnant l’autorisation de rajouter des pincées d’humour, de précision ou tout autre élément pouvant pimenter l’histoire.

3. Peser chaque idée et les messages à faire passer, tout en évitant le chinois.

4. Clarifier l’évolution de l’histoire, les rebondissements. S’inspirer éventuellement des méthodes d’autres auteurs qui ont fait leurs preuves.

5.Dresser un plan (de table), histoire de ne rien oublier ni personne, si le besoin s’en fait sentir.

6. Mettre la main à la patte, sinon notre livre restera lettre morte.

7. Laisser reposer un temps, plus ou moins long selon les impératifs, besoin et envie de chacun, pour l’apprécier à sa juste valeur, avant de le reprendre.

8. Délayer ou épaissir certains passages jusqu’à trouver l’accord parfait.

9. Relever les incohérences (s’il y en a !), sinon c’est un peu comme les grumeaux, c’est indigeste.

10. Corriger l’assaisonnement, que ce soit les fautes d’orthographe ou de grammaire, les twists qui vont donner aux lecteurs l’envie de vous recommander.

11. Laisser un peu mijoter votre communauté, le temps de faire appel aux bêta-lecteurs.

12. Soigner la présentation de la couverture et de la quatrième de couverture, les dernières touches avant dégustation du grand public.

13. Pour finir, arroser les réseaux sociaux pour faire connaître cette œuvre magistrale et faire saliver les chroniqueurs…

14. Après avoir bien sué pour publier votre livre, laissez frémir vos fans et attendez-vous à être mis sur le gril !

 

Alors, tout bien pesé, vous sentez-vous plutôt auteur jardinier, architecte ou cuisinier ?

 

Sophie Herrault

 

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10 CommentairesAjouter un commentaire

@natalia-clement-demange je crois que chaque livre s'écrit dans l'instant, avec ou sans plan, avec ou sans idée de la fin, en suivant son inspiration ou son plan... L'important est que le résultat final (c'est-à-dire le fait d'avoir tapé le mot FIN après un certain nombre de pages) nous rende fiers du travail accompli. Je vous souhaite beaucoup de joie et de plaisir pour l'écriture de ce nouveau roman.

Publié le 01 Août 2024

@Sophie Herrault
Intéressant, je me retrouve dans l'auteur jardinier pour mon premier roman La folie de l'exil, ne connaissant pas la fin avant d'arriver aux derniers chapitres ( un auteur m'avait dit d'ailleurs que cela ne devait pas être un bon travail si je n'avais pas travaillé la fin ni établi de plan dès le départ !) et beaucoup plus architecte pour le livre que je débute aujourd'hui : j'ai déjà construit un plan pour les grandes scènes de mon histoire, hésitant sur leurs chronologies et sur la manière de présenter le plat au lecteur...!

Publié le 30 Juillet 2024

@zoe-florent "électron libre" est aussi une belle manière d'écrire. :-)

Publié le 26 Juillet 2024

@sylvie-touam nous avions échangé à ce propos. Tu me disais que tu ne connaissais pas la fin de tes livres et que tu te laissais porter (et surprendre) par l'écriture. Je suis une vraie fan de tes romans, donc peu importe la façon dont tu les écris, continue ainsi !
Pour ce qui est du réel et de l'irréel, la frontière existe-t-elle quand on est écrivain ? Au final, nos histoires reposent sur nombre de situations réelles pour en faire une fiction ; et nos récits deviennent réalité dans l'esprit du lecteur quand il est totalement immergé dans sa lecture. Le réel n'est-il donc pas qu'une simple interprétation de nos sens ?

Publié le 26 Juillet 2024

@Sophie Herrault Et électron libre ? Ça m'irait mieux, électron libre ;-)...
Merci pour ce billet. Amicalement,
Michèle

Publié le 25 Juillet 2024

Bonjour Sophie et merci pour cet article très intéressant et plein d'images. Tu sembles en tous les cas très à l'aise dans tes fourneaux !
Et pour répondre à ta question, puisque évidemment ton article renvoie à soi-même, je dois bien admettre que je suis jardinière (du moins je me reconnais vraiment dans cette description) et cette image me surprend d'autant plus que dans la "vraie vie" je n'ai vraiment pas les pouces verts !! Alors, où se situe l'écriture entre le réel et l'irréel ? Et le réel existe-t-il ? A toi de jouer maintenant !

Publié le 24 Juillet 2024

@albert-h-laul2, merci our votre partage.
De mon point de vue, ces trois propositions d'entrevoir le processus d'écriture (cinq, si j'inclus l'auteur-artiste peintre proposé par @Sylvie de Tauriac et l'auteur-puzzle) reposent toutes sur des idées et des émotions. Sans ce point de départ, il n'y a ni jardin, ni plan, ni plat cuisiné, ni tableau.
Je trouvais intéressant de sortir des propositions habituelles avec une nouvelle alternative. D'autres auteurs se retrouveront peut-être plus dans le rapprochement d'un autre type de métier. Je suis curieuse de lire les prochains commentaires à ce sujet... :-)

Publié le 23 Juillet 2024

Un jardinier-architecte structure les idées nées de ses émotions qu'il a laissées attentivement l'envahir. Le cuisinier mijote des ingrédients extérieurs à sa personne. Le premier a ma préférence.
Merci pour votre article.

Publié le 23 Juillet 2024

@sylvie-de-tauriac j'aime aussi beaucoup cette image de l'auteur artiste-peintre. J'ai une amie romancière que je place dans la catégorie des auteur-puzzle (autrement dit, elle écrit des petits morceaux de son histoire par-ci, par-là et les assemble ensuite pour donner de la cohérence).
Pour résumer : il faut avoir une case pour chercher à nous mettre absolument dans l'une d'elles ! C'est là toute notre richesse d'écrivains... :-)

Publié le 23 Juillet 2024

Votre article ne manque pas d'humour mais je n'imagine pas l'auteur en cuisinier, jardinier ou architecte. L'auteur serait plutôt un artiste peintre qui présente son émotion et ses idées avec les couleurs de sa palette. Il faut d'abord avoir quelque chose à dire, puis l'exprimer avec grâce. Le pinceau est une plume, les mots sont les couleurs de la boîte de peinture. Mais à ce tableau s'ajoute la musique des mots car un roman est finalement la synthèse de tous les arts: peinture, musique, cinéma et photographie. L'auteur est donc un artiste à part entière. @Sylvie de Tauriac

Publié le 23 Juillet 2024