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Du 18 oct 2023
au 18 oct 2023

Rencontre fortuite dans une cabine de téléférique

"Je ne vous ai pas déjà vu quelque part ?""Je ne vous ai pas déjà vu quelque part ?"

Il est assis en face de moi, massif dans sa combinaison rouge sang. La cabine se balance, dangereusement. Il est gros, très gros, au point qu’il occupe tout le banc en face de moi. Il est entré, agressivement, se servant de ses skis et bâtons comme d’une arme pour empêcher les autres de monter.

L’homme enlève son casque, et je sursaute. Son visage me dit quelque chose. Il est aussi gras que le corps est gros. Des traits flasques, portés par un teint rubicond, façon alcoolique longue durée. D’ailleurs, l’homme sent l’alcool, son haleine flotte jusqu’à moi alors qu’il me regarde droit dans les nichons.

Assise dans ma combinaison rose fuchsia, impeccablement cintrée, j’ai un peu peur. Je n’aurais pas dû me maquiller autant pour aller skier. Ça les rend tous fous.

Un sourire inquiétant se dessine sur son visage. Il a de petites veines éclatés sur les joues, et son gros nez aussi. Il a sorti sa langue, bleutée, de sa cavité buccale aux dents jaunies par le tabac et les ans, car une chose est sûre, ce n’est pas un perdreau de l’année. Voilà qu’il la fait aller et venir sur ses lèvres épaisses tout en me regardant d’un air franchement pervers.

J’ai vraiment peur maintenant et le sommet n’est pas pour tout de suite.

Le type enlève un de ses gants. De sa main aux ongles carrés, étonnamment bien coupés et propres, il se caresse les cheveux. Ils sont incroyablement gras, ou alors, il a beaucoup sué sur la noire très difficile de la station. Sa chevelure est d’une couleur indéfinissable, on dira marronasse, avec quelques filaments gris. Je vois tomber de petits points blancs et ce n’est pas de la neige.

Je suis pétrifiée. Je connais cet homme mais qui est-il ?

Il me sourit d’un air graveleux en touchant de la pointe de sa langue, son énorme nez. À cause de ce tarbouif, on a l’impression que ses yeux, petits et marrons, louchent. Leurs paupières sont plus épaisses que celles de Jamie, mon crocodile de compagnie que j’aurais dû emmener skier avec moi. 

Voilà qu’il enlève son autre gant et qu’il se masse de la main droite son ô non mon Dieu... mauvaise chute, il me fait, en clignant de l’œil.

Il a une voix étonnamment douce, qui ne colle pas du tout avec son allure dinosauresque. Cette voix, je la connais, j’en suis sûre.

La cabine se balance dangereusement car l’homme s’est soudain penché vers moi. Il a posé ses deux mains sur mes genoux, comme pour les écarter. Sa bouche est à 10 cm de la mienne, quelle horreur.

Dis-moi, Mamie, t’étais pas dans ma classe de 4ème, au collège Henri Désiré Landru ?

Un voile soudain qui se déchire. Gérard ! C’est Gérard Depardieu ! Celui qui me fauchait mes tampons et avait essayé de m’embrasser de force à la boum de Sophie. Je vais pour répondre quand la cabine s’arrête. Terminus.

Gérard se lève, après une caresse furtive sur mon enfin vous voyez quoi.

C’est pas encore aujourd’hui que je t’aurais baisée, Mamie !!!

Et il sort, en hurlant de rire.

Christine P

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Quel choix étonnant de la part de mBS pour cette distinction !

Ce texte, en se présentant comme une satire provocante, s’aventure sur un terrain glissant, et ce de manière me semble-t-il bien peu habile. La présence de Gérard Depardieu, acteur au cœur d’affaires judiciaires non encore tranchées, pose pour moi un sérieux problème éthique. L'auteur s’empare de la figure publique et controversée de Depardieu pour l’utiliser comme un ressort narratif grotesque et vulgaire, le dépeignant dans une situation profondément dégradante.

Au-delà de la caricature du personnage massif et envahissant, on tombe dans la moquerie cruelle où traits physiques et habitudes personnelles sont ridiculisés sans grande subtilité. Mais plus encore, la scène met en avant des comportements douteux et des insinuations graveleuses, touchant à la violence symbolique, comme si la seule mention du nom de l'acteur légitimait l'usage de telles images.

Le choix de transformer une figure publique en personnage d’une fiction aussi sordide, alors même que son affaire judiciaire est toujours en cours, me semble flirter avec la diffamation. Je me pose la question de responsabilité morale et intellectuelle de l’auteur, qui aurait pu choisir de créer un personnage fictif tout aussi inquiétant, sans faire porter à Depardieu un tel fardeau narratif.

Si l’ambition de cette nouvelle était de provoquer et de bousculer le lecteur, elle rate la cible en succombant à la facilité de la vulgarité et de la référence facile à un scandale médiatisé. Au lieu de nourrir une réflexion sur les comportements masculins déplacés, elle se contente de recycler un nom célèbre dans un cadre dénué de profondeur et où l’outrance le dispute à la maladresse.

Publié le 18 Octobre 2024