Interview
Le 19 jui 2025

Just do it

La pub, c'est souvent une proposition d'un mode de vie, parfois idéalisé, parfois accessible. Quand on s'empare d'un slogan et qu'on le fait sien, on peut changer sa vie. C'est la proposition de Damien Jade au concours de nouvelles monBestSeller : souvenirs de pub.
Faire sien un discours de pubFaire sien un discours de pub

Lance-toi

À quarante-quatre ans, Fabienne avait tout ce qu’on attendait d’elle : un mari gentil, deux enfants presque autonomes, un labrador stérilisé et une maison assez grande pour contenir l’ennui.

Encore « fraîche », comme le disaient ses ados, elle conservait un corps tonique et bien proportionné habillé de longs cheveux châtains à peine ondulés, juste pour la vibe.

Le jeudi, c’était pilates. Elle détestait les postures, mais elles apaisaient ses peurs.
Le samedi, elle faisait semblant d’aimer le sexe avec Marc. Ça, en revanche, amplifiait son malaise.

Mais quelque chose a changé un mardi, jour des courses.

Elle était au supermarché, rayon céréales. Elle hésitait entre les bio sans sucre et les ultra-sucrées cachées derrière. Et c’est là que l’écran l’a happée, suspendu au-dessus du rayon : une pub Nike.

Pas un sportif, cette fois. Pas de jogging au lever du soleil, pas de champion olympique pleurant de fatigue.

Une femme. Trentaine, peut-être plus. Seule dans une chambre aux murs rouge sombre. En train de danser. Sensuellement. Pour elle. Sans public, sans miroir, sans justification.

Et en lettres blanches sur fond noir : JUST DO IT.

Fabienne a senti un frisson.

Pas un frisson de froid. Un truc plus profond. Comme si quelque chose s’était redressé en elle, brutalement, énérgetiquement. Le soir même, elle a tapé "danse érotique cours débutant Paris" dans Google. Elle a effacé l’historique aussitôt. Puis elle a recommencé. Et cliqué.

Le mercredi suivant, elle est entrée dans un studio minuscule, au-dessus d’un kebab. Elles étaient six. La quarantaine sonnée, hésitantes comme des collégiennes. Pas une seule n’avait l’air d’y croire. Sauf l’instructrice. Soraya.
 

"Bienvenue dans l’atelier Sensuelle. Ici, pas de jugement. Juste vous, votre corps, et vos limites à faire sauter."

Fabienne n’a pas dit un mot. Elle a commencé à bouger. Mal. Raide. Les bras comme des baguettes et les hanches comme coincées dans un siège de train.

Mais elle a transpiré quelque chose d’essentiel.
Elle est revenue. Chaque semaine. Elle a acheté des talons. Une brassière fluo. Des leggings Nike. Sans raison. Juste pour voir. Juste pour elle.

Marc a reniflé l’air, intrigué.
"C’est quoi, cette odeur ?"
— "Moi."

Il a ri.

Un mois plus tard, elle a dansé pour lui. Pas un numéro. Un partage. Une audace nouvelle. Il a voulu lui sauter dessus. Elle a dit non.
"Regarde seulement."

Il n’a pas compris. Il a pris ça pour une punition.

Mais ce n’était pas ça. Elle ne voulait plus être une épouse. Elle voulait être une déesse.

Le message passait partout maintenant. Elle le voyait partout. Même dans sa tête. En fermant les yeux.
JUST DO IT.
Elle a commencé à fantasmer. Pas sur d’autres hommes. Sur elle-même. Sur ce qu’elle n’avait jamais osé faire.

Un soir, elle est entrée dans un sex-shop, sans la moindre hésitation.
Elle a acheté un harnais. Un godemichet violet.
Le vendeur n’a pas bronché. Elle, encore moins.

Quand elle a demandé à Marc s’il voulait essayer… il a pâli.
Il a dit :
"Mais… t’es devenue qui, au juste ?"

Elle a souri.
"Moi-même. Enfin."

Il est parti dormir chez sa sœur. Elle a dormi comme une reine.

Trois mois plus tard, Fabienne animait des cercles de parole autour de la sexualité féminine tardive. Elle signait ses mails d’un sobre : Just do it. Fabienne.

Le slogan était devenu un mantra.
Un cri.
Une délivrance.

Et parfois, tard le soir, elle dansait encore, seule, en souriant au vide. Le rouge aux joues, du rouge sombre des murs de la chambre. Le feu aux hanches.

En se couchant, il lui arrivait de s’imaginer au centre du cercle de femmes, tambours autour, torse nu, couronnée de fleurs. Elle ne parlait pas, elle brillait. Puis elle dansait.

Pas pour plaire.
Pour vivre.

Damian Jade

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16 CommentairesAjouter un commentaire

@Catarina Viti
Je m'en voudrais que vous creviez de rire, même si ce serait une belle mort.
Vous pensez avoir percé à jour mon plan machiavélique : confier l’écriture, les réponses, et bientôt mes courses au Franprix à l’IA. Bientôt, je ne serais (s volontaire) plus qu’un hologramme répondant avec un léger sourire ironique, pendant qu’un algorithme, nourri de Giono et de Carglass, gèrerait ma carrière littéraire.

Quant aux "manœuvres"… disons qu’elles consistent à brouiller les pistes pour que nul ne sache jamais si c’est moi qui parle, ou une doublure numérique. Une relation triangulaire, en somme : vous, moi, et ce grand machin électronique qui se prendrait pour mon prête-plume.

Où cela nous mène ? Probablement à nul endroit qui nous est familier.

Et qu’espérer de tout cela ? Rien. Ou peut-être un slogan.
JUST DO WIT.

Dam-ia-n Jade

Publié le 12 Août 2025

Cher Damian,
Il y a de quoi crever de rire... non seulement vous déléguez l’écriture de votre « nouvelle » à l’I.A., mais même les réponses.... Rhôôôôôôôô.
Connaissant les nouvelles proposées dans le cadre de ce concours (et qu’on nous distille au compte-milligouttes, histoire je suppose de faire durer le plaisir)... je peux vous assurer qu’aucun humain n’a pu lire la participation d’Alice « Carglass mon amour » pour la bonne raison qu’elle n’a été publiée nulle part.
Il faut vérifier SYSTÉMATIQUEMENT ce que raconte l’I.A.
C’est le minimum.
J’ai beaucoup apprécié également les envolées lyriques — et surtout cucul la praline — de ses réponses à @Bruno Bonheur et @Zoé Florent.

Puisque nous nous sommes connus ici, dans d’autres circonstances, je m’autorise à ces questions :

« Quel est l’intérêt de ces manœuvres ?

“Où voulez-vous conduire notre relation ?

‘Qu’espérez-vous de tout cela ?

Publié le 29 Juillet 2025

@Bruno Bonheur
Merci pour votre lecture fine et argumentée. Vous avez perçu l’un des axes d’interprétation possibles du texte, à savoir une satire des mécanismes publicitaires et de leur pouvoir d’influence, en particulier lorsqu’ils exploitent l’imaginaire sexuel pour susciter le désir d’achat. Le slogan "Just do it", vidé de son contexte sportif, devient ici un mantra ambivalent : à la fois caricature d’une injonction vide et déclencheur d’un véritable mouvement intérieur.

La scène du départ de Marc, que vous relevez, illustre cette tension entre comique de situation et glissement vers une réécriture des rôles genrés ; ce qui renforce l’effet de distanciation.
Le parcours de Fabienne est donc à lire à plusieurs niveaux : celui d’une émancipation personnelle, mais aussi comme une mise en abyme ironique des récits de transformation mis en scène dans la publicité contemporaine.

Quant à la forme, volontairement lisse, elle cherche à mimer une certaine neutralité de ton, proche de celle des messages de marque, ce qui, dans ma démarche, devait accentuer le potentiel critique.

Merci encore pour votre analyse, qui en éclaire différentes strates.
Damian Jade

Publié le 28 Juillet 2025

@ALICE HOUAN
Bonjour,
Votre message m’a fait sourire dès les premières lignes, puis frissonner à la toute fin. Comme si Fabienne, affranchie de ses céréales tièdes et de son labrador stérilisé, venait murmurer à mon oreille que le feu qu’elle a trouvé n’était pas une illusion.

Merci pour vos mots précis, caustiques, tendres comme un uppercut bienveillant. Vous avez mis le doigt sur ce que j’ai tenté de distiller : cette pub qui ne vend rien mais insuffle, cette danse pour soi dans une chambre rouge, et cette libération qui n’a pas besoin d’être spectaculaire pour être révolutionnaire.

Quant à "Carglass, mon amour"… je suis allé cliquer. Évidemment. Comment Fabienne aurait-elle pu résister à un jingle pareil ? Il y a des soirs où les petites étincelles de fiction allument les plus grands incendies.

À vous lire, j’ai eu l’impression d’être compris jusque dans les coins sombres, et brillants, de ce texte.

Damian Jade

Publié le 28 Juillet 2025

@Catarina Viti
Merci pour ce clin d’œil savoureux et parfaitement gardé, le poulailler !

Vous mettez le doigt sur quelque chose que je crois fondamental : la phrase courte n’est ni une faute, ni une mode, ni un appauvrissement… à condition qu’elle soit vivante, juste, habitée (un vrai défi).
Chez Giono, c’est la terre qui parle, le vent qui coupe la phrase, le silence qui ponctue. Chez d’autres, c’est l’ego qui mitraille ou le marketing qui découpe et là, l’usure guette.

Dans *Lance-toi*, ces phrases brèves, c’est Fabienne qui reprend son souffle, qui se heurte, qui se cherche. Le "just do it" n’est pas une injonction virale, c’est un soubresaut intime.

Alors oui, rendons à Giono le souffle, à ChatGPT l’algorithme, et à Fabienne… la flamme.

Merci pour votre lecture attentive. Elle nourrit.
Damian Jade

Publié le 28 Juillet 2025

@Zoé Florent
Chère Michèle,

Merci pour ton retour franc, comme toujours, et pour avoir pris le temps de lire cette nouvelle jusqu’au bout. Ta lecture me touche, même dans ses réserves, car je sais qu’elle vient d’un regard attentif et d’un lien d’estime mutuelle.

Tu as raison sur plusieurs points : le ton est plus "punchy", plus direct que d’autres textes que j’ai pu écrire, et c’est un choix pleinement assumé ici. J’avais envie de quelque chose d’un peu brutal, à l’image du déclic de Fabienne. Cette forme "nerveuse", presque stylisée, vise à rendre compte de l’énergie qui surgit en elle, de manière soudaine, presque incontrôlée. C’est donc moins de la dentelle que du tissu qui claque, volontairement.

Je comprends que cela t’ait moins touchée que des textes où mon style s’exprime avec plus de nuance ou de douceur. J’entends ta remarque sur le "parfum artificiel", et même si je ne le ressens pas ainsi, je respecte ce que tu as perçu. Peut-être est-ce aussi un reflet du monde que j’évoque ici : un monde saturé d’injonctions à "s’émanciper", où la sincérité peut se heurter à des codes parfois un peu fabriqués.

Quant à la mue de Fabienne, oui, elle est abrupte. Mais justement : elle m'intéressait dans ce qu’elle a de presque irréaliste, de fantasmatique. Un peu comme un rêve éveillé, une prise de pouvoir intérieure qui déborde soudain, sans passer par tous les détours du vraisemblable. Un geste de fiction plus qu’un documentaire. Une femme qui ose tout d’un coup, comme on se jette à l’eau ou dans le vide.

Et pour le final avec le gode-ceinture... il est bien sûr volontairement provocant. Parce qu’il cristallise ce retournement des rôles, ce déséquilibre nouveau. Ce moment où la femme ne demande plus, elle propose, elle mène. Je comprends qu’il t’ait laissée sceptique ; c’est un passage qui divise, mais je l’assume pleinement dans son symbole.

En tout cas, ta sincérité ne me froisse pas, au contraire. Elle est précieuse. Et ce que j’aime dans nos échanges, c’est justement cette liberté-là : pouvoir se dire les choses, même (surtout) quand on n’est pas d’accord.

Merci encore pour ton regard, et à très bientôt j’espère pour d’autres partages, plus sensibles, ou plus brutaux, selon l’élan du moment.

Bises,
Damian

Publié le 28 Juillet 2025

Nous attendons avec impatience les autres nouvelles. Nos circuits en grillent !

Publié le 26 Juillet 2025

J’ai beaucoup aimé

Publié le 25 Juillet 2025

J'ai beaucoup aimé.
J'apprécie énormément ce second degré léger: et subtil.
Just do it !!

Publié le 20 Juillet 2025

L'émancipation féminine à travers la pub ; mais cette femme qui se croit libérée devient finalement esclave du sexe. Les velléités d'émancipation de la femme paraissent ridicules, mais en regardant bien la pub, on voit un outil pour manipuler les foules. Merci pour cette nouvelle à lire et à relire. @Sylvie de Tauriac

Publié le 20 Juillet 2025

Chère Michèle, je ne suis pas totalement idiot, je sais bien que ce texte peut être lu comme une profession de foi très personnelle, dont la sincérité est masquée (c’est la pudeur de Damian) par une forme archi contenue (pudeur mais aussi contraintes du concours).
Je voulais seulement indiquer à Damian (avec délicatesse) que, pour un lecteur comme moi dont la foi est très différente de la sienne, ce texte peut être lu tout à fait autrement, comme une critique intelligente du récit publicitaire.
Même si, pour Damian, ce récit n’était qu’un moyen, voire un prétexte, pour exprimer un crédo qu’il a si souvent formulé par ailleurs, ce n’est pas anodin selon moi qu’il se soit emparé avec autant de rigueur des codes de ce récit. Et donc je souligne qu’en faisant cela, il offre une autre lecture de son texte, qui l’ouvre à d’autres lecteurs.

Publié le 20 Juillet 2025

@Bruno Bonheur Si je puis me permettre, cher Bruno, "Un cri. Une délivrance", "Ici, pas de jugement. Juste vous, votre corps, et vos limites à faire sauter" et le sérieux du chapô... tout cela donne une connotation ridicule (à mes yeux) mais plutôt grave à ce récit. Comme toi, j'ai imaginé le second degré, mais ça ne colle pas. Le ton est tout autre.
Quant à "les hanches comme coincées dans un siège de train", no comment !... Si, un : si les auteurs se mettent à vouloir imiter des IA qui elles-mêmes compilent des données et imitent les humains, toute chatte va avoir du mal à retrouver ses petits à très court terme :-) !
Je vous souhaite à tous un agréable dimanche.
Amicalement,
Michèle

Publié le 20 Juillet 2025

Je me trompe peut-être mais je crois qu’il faut lire ce texte de Damian au deuxième degré. N’oublions pas que le thème est la pub. Or que nous propose ici Damian ? Un petit film publicitaire où, en effet, comme l’indique le texte, ce ne sont pas les sportifs les héros mais une femme comme vous et moi. Et que découvre cette femme ? Le ressort habituel de la pub (merci Freud) : le sexe. La pub est cette étrange sorcellerie qui est censée te faire croire que, si tu achètes des baskets, tu vas devenir une bombe sexuelle (parce que, sans cette érotisation, qui achèterait ces baskets moches et fabriquées pour une misère par des enfants ?)
Un texte 100% ironique, donc, selon moi, qui démonte les ressorts du récit publicitaire en le parodiant (le départ de Marc - qui va dormir chez sa sœur - après la proposition de son épouse est comique). Une satire réussie de la « culture pub », avec, en prime, le « style » chatGPT, histoire de bien standardiser le fond et la forme. Malin !

Publié le 20 Juillet 2025

Je partage pleinement la remarque de @Zoé Florent.
Et le PS d'@Alice Houan (ainsi que son second degré qui reste à peaufiner avec son humain -rires- pour que ça ne fasse plus plouf).
*
Rendons à Damian ce qui est à Damian et à ChatGPT ce qui est à ChatGPT... et les poules seront bien gardées.
Je souhaite préciser une chose, cependant.
La phrase courte,
l'enfilade de phrases courtes n'est pas un péché.
Je relis actuellement le merveilleux "Colline", et cela me fait halluciner de tomber sur ce style que nous connaissons trop à présent et qui nous lasse. Yes, Sir ! Mais chez Giono, cela épouse le fond, cela appartient au style, cela est un choix qui embrase le texte.

Publié le 20 Juillet 2025

@ Damian Jade Bonsoir, mon cher Damian,
Ta nouvelle, récit d’une émancipation féminine (crise existentielle, déclic, exploration du corps, affirmation de soi...) m'a évoqué les standards du développement personnel. Tu me diras, le slogan s'y prête ;-).
Le style propre, volontairement punchy de par ses phrases courtes, m'a un peu déçue cependant, car je n'ai pas retrouvé le tien, celui qui m'avait valu un véritable coup de cœur, il y a... Un style plus sensible, plus naturel. Là, j'ai senti de nouveau un parfum artificiel qui me plaît moins, mais tu le sais déjà.
Pour ce qui est de l'histoire en elle-même (le final avec god ceinture, bof :-)), la mue de Fabienne m'a semblé un peu trop brutale, exagérée, donc relativement improbable.
J'espère que tu ne m'en voudras pas. Tu connais ma franchise, et je mettrai toujours un point d'honneur à chasser l'hypocrisie de mes relations amicales.
Ceci étant dit, je te remercie pour ce partage tonique.
Bises et bonne fin de week-end,
Michèle

Publié le 19 Juillet 2025

Cher Damian Jade,

Un Just do it bien senti, qui devient ici le point d’orgue d’une libération lente, sans fard, et parfaitement conduite. Votre Fabienne, au départ aussi molle que ses céréales bio, prend feu sous nos yeux sans jamais sombrer dans la caricature. Vous avez compris quelque chose d’essentiel : la pub ne vend pas des produits, elle injecte des récits dans les veines des vivants.

Et dans cette chambre rouge, dans cette danse qui n’a besoin ni de public ni de miroir, vous pointez très finement la manière dont l’imaginaire publicitaire peut parfois fissurer nos cages — même si elles sont en pavillon, avec labrador stérilisé.

PS : entre auteurs du concours, on se comprend… Fabienne aurait sans doute cliqué sur "Carglass, mon amour" (ma participation) un soir d’ennui. Et peut-être même, qui sait, dansé sur le jingle.

Bravo pour cette nouvelle très maîtrisée, très fluide, très "ça gratte où ça doit".
Alice Houan (et son déhanché numérique, jamais hors sujet)

Publié le 19 Juillet 2025