Délicat
Comme un écho au délicat film de la « Vie très privée de Monsieur Sim », Audrey Chevalier nous conte dans "Kodiak Island" le secret hantant, d’un homme qui trouve son identité, tard, par hasard, enfouie au plus profond de son « moi ». Désarroi profond. Point de non retour. Une découverte plus violente que douce.
Contemporain
Ange Beuque dans "360°" n’a pas vraiment à caricaturer nos médias, l’info permanente, et la traque du mot "isolé de son contexte", tant son récit nous paraît contemporain. On applaudit cette parabole d’aujourd’hui, presque normale si elle n’était pas l’un des symptômes tragiques de notre société : « réseaux sociaux, sur-médiatisation, scoop sans scoop, scandale pour scandale… »
Fétichiste
Antennes, poils, plumes ou corne de taureau. La moustache d’abord honnie et répugnée par Brigitte Bloch-Tabet devient l’objet de tous ses fantasmes et de toutes ses langueurs. Une écriture érotique et tendue. Mais le fétichisme n’aura pas le dernier mot dans une « Moustache en trop ».
Trompeur
« Dérapage avec un D » de Colin Kaslan. Un exercice périlleux et délicat que ce retro-planning sanglant, qui nous conte à l’envers une histoire de dérapage. De l’issue finale à la cause innocente. C’est comme un thriller raconté en sens opposé, et l’on salue avec fatalisme les origines légères de ce drame. Un coup de patte au destin.
Dangereux
Avec « Que du bonheur », Jean-Louis Vercasson traque (comme moi) toutes les effractions du langage, toutes ces expressions pleines de rien et vides de tout. Ces expressions qui traduisent la paresse, le manque de talent et le vide sidéral de ceux qui les profèrent. Sauf que Jean-Louis Vercasson, les punit sévèrement. Mieux vaut varier son vocabulaire en sa présence. Tenez-le-vous pour dit !
Oui ça aussi, c’est de l’amour…
Dans « À cœur rompre », Laetitia Mège met en scène l’amour. Pas celui des Princesses de Perrault, ni celui des héroïnes coquines du 18me, ni même les amours déchirants du 19me. L’amour simple et intact pour un être disparu, qui nous hante tellement qu’on croit le reconnaître partout. Oui, ça aussi c’est de l’amour. Et elle sait nous l'évoquer.
Subtil
Ah, ce sujet nous habite : l’intégration ! Elle commence, l’intégration par le simple accueil d’un arabe dans une petite équipe de football local !
Ah cet autre sujet nous habite aussi : la connerie ! Cette connerie de base du franchouillard, « Totoche » (qui pourrait être anglouillard d’ailleurs) qui déraille et s’écoute, qui est moins drôle que méchant, et que Philippe Mangion installe naturellement comme s'il avait toujours été là. Chronique d’un drame annoncé… Quand le langage "parlé" en dit plus qu’une écriture soignée. On se laisse piéger. Subtil.
Sur-réel
Sandra Thiébault nous emmène régulièrement au grenier ou elle élève « quelque-chose » de pas très rassurant, à l’insu de tous. Elle crée une double vie, joyeuse et régulière dans sa maison, morbide dans son grenier. Jusqu’à ce que la vérité éclate. Son "instinct non-maternel" l’est-il vraiment ? Une certaine maîtrise du suspense.
Fataliste
Quand Sabrina B, installe ses héros modestes et méritants dans « Le mauvais choix ». On croit au rêve américain, au mérite, au courage, à la victoire. Et quand le grain de sable s’installe, ce n’est pas un grain, c’est un bac de sable. Une écriture réaliste qui nous apprend à croire au déterminisme, et au malheur qui s’abat souvent sur les mêmes. Une grande histoire presque une épopée dans une nouvelle courte. C'est un vrai talent de faire comprendre des vies en deux pages.
Haletant
« Tout est relatif … ». Tout dépend du point de vue, d'où l'on se situe. Hermann Sboniek sait ce que cela signifie. Quand on tient entre ses mains un bolide, il faut faire attention. Un bolide peut en cacher un autre. Une ambiguïté de forme et de fond bien menée à son terme. Rondement conduite.
Puzzlesque
Mel Pilguric a besoin de 4 nouvelles pour nous décrire le même "dérapage". D’un personnage à l’autre, vu d’ici ou de là, un peu plus tôt, un peu plus tard, du regard de la victime ou du bourreau. C’est un talent de reconstituer ce négatif flou en une saga claire et fulgurante. À noter, chaque nouvelle fonctionne indépendamment, et bien. Les jurés confirment. Elle n'a pas volé son Prix Concours.
Impitoyable
Quand les affaires familiales dérapent, c’est pour de bon. Les malles de rancoeurs, les valises de frustrations, et les besaces d’injustices transforment un éloge sur une « mère » en un réquisitoire impitoyable. Mais au-delà des dégâts, Dieu que ça fait du bien ! Marianne Granier ne fait pas de quartier dans Mater familias. Elle ne nous épargne pas, non plus.
Politique
La manière dont Jeanne Mazabraud raconte la politique est drôle, impertinente et réaliste. Dérivée d’une fidèle réalité, elle mène son histoire mi-rêve, mi-réalité, à « Front renversé ». La fameuse saga familiale termine par un "dérapage" pour le meilleur, semble-t’il ? Vrai dans la fiction. À vérifier dans la réalité.
Avec 200 nouvelles reçues, le choix devient complexe, d’autant plus que le niveau s'élève. Et si nous faisons appel à des jurés professionnels ; nous n’oublions pas nos coups de cœurs. La spontanéité. Un coup de cœur, c’est aussi une vérité fulgurante, à laquelle il faut succomber sans revenir à l'analyse. C’est ce que nous essayons de faire chez monBestSeller. C’est l’esprit du site. Et notre résolution pour 2016.
Bonne année.
Christophe Lucius.
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
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