C'est la fête, Jonas Border a cent ans ! 4 générations réunies, et ça se passe au château de Moncley sous l'oeil du majordome Socrate et de son chien Newton. Cette journée, organisée par les jeunes et semi-jeunes avec multimédia intégré (ils ne savent plus faire sans...) va être le théâtre de révélations successives du vieux Jonas, avec sa soeur cadette Marthe (seulement 98 ans): un couple à trois né de la guerre napoléonienne, une aventure en Pologne et jusqu'à Moscou, la victoire de la Berezina, les pillages... Et le retour vers l'Italie, puis le passage des Alpes. Ensuite, l'édification d'une respectabilité, une banque... mais d'où vient l'or ayant servi à sa fondation ? Jonas a enquêté, sa vie durant, il transmet et ça rit, ça vit, ça bouge et même... ça déménage. Oh les familles !
Ce livre est noté par
@Stog 2. Un grand merci pour la subtilité de lecture, ça fait du bien ! Justement parce que j'avais passé des années sur une vraie enquête généalogique (ma famille), j'ai voulu transposer cela dans un roman afin de servir au plus grand nombre en les distrayant.
Imaginez ! J'ai calculé que 8 millions de personnes au moins avaient vu leur lignée touchée par les guerres napoléoniennes. Alors, ça valait le coup de faire le livre...
"Instruire et plaire", a dit Molière, et je suis bien en phase avec lui. Alors quand je peux y parvenir c'est la joie !
@STOG 2, Un grand merdi pour la subtilit d l
@Sandrine C, L'évocation de FESTEN, si c'est bien ce film qui est évoqué, est assez parlante, mais... en est absente la dimension historique transgénérationnelle (2 siècles), avec l'enquête longue que cela suppose. Et aussi l'effort de transposition et de "mise en texte", comme on dit parfois pompeusement. En effet, passer des données d'enquête au rendu de celle-ci via une fiction qui allège et aussi parle aux lecteurs, quel métier ! j'ai beaucoup appris, et si ce livre peut toucher, alors, c'est un "plus". Cela dit, chacune chacun lit à sa façon, et c'est la grande liberté de lire ! Merci pour la vôtre.
@Zoé Florent : d'accord :)
@federer36. Merci pour votre commentaire ! La personnalité de Jonas Border est davantage explorée dans "Les silences de la guerre", le volume suivant, que je mettrai en ligne en mars. Ce sont des essais pour trouver le ton et le narratif justes. Peut-être y aura-t-il une 3e version... En attendant, j'ai des nouvelles sur le feu, j'en publie assez régulièrement en revue, et j'en mettrai aussi sur MBS.
Et hop, que vivent les livres !
Dominique Lebel écrit sur amazon : "5,0 sur 5 étoiles Un monument
Commenté en France le 8 octobre 2022
Depuis les premiers plats jusqu'au St Honoré, en passant par la tomme de Savoie (obligatoire), Jonas le centenaire règle ses comptes avec un grand-père indigne, tyrannique et falsificateur. Il le fait joyeusement, car à quoi bon se nourrir de colère ? Mieux vaut déguster les plats qu'on apporte, et les guerres de toute façon se chargeront du malheur.
Lire Marie Berchoud, c'est comme lire Céline ou (dans un tout autre genre) Proust: il faut se plier à une respiration particulière et se perdre avec allégresse parmi les personnages (sans oublier le chien). Alors l'édifice que représente ce livre-là se construit, le monument apparaît. Quelle histoire, une lecture pareille ! "
Commentaire de Didier Betmalle, sur son blog Clapincasse : "5,0 sur 5 étoiles L’oubli est un puissant moteur de vie. Et de catastrophes.
Commenté en France le 29 décembre 2022 (https://clapincasse.blogspot.com/2022/12/1812-2012-secrets-en-famille-marie-j.html?spref=fb&fbclid=IwAR0XL3bfKEmZJFshRgOgPv7u8VKllQRx0KZdezmVGsVqn3pVom5qKAYHo8E)
Jonas Border fête ses cent ans.
Il a enquêté sur les origines de la lignée Border en raison des suspicions planant sur Théodore Border, son grand-père, dit terrible grand-père, patriarche tyrannique et violent.
Théodore a toujours prétendu être à l’origine de tout, fortune, entreprise et famille.
Alors ce que Jonas a découvert, il veut le partager avec tous ses descendants pour arracher les mensonges à la racine, clarifier, nettoyer, laisser une terre saine aux suivants, aux vivants qui suivent, comme il le dit, ou comme le dit Marion J., sa petite fille préférée – à moins que ce ne soit l’auteur qui tienne à le dire de cette façon, Marie J. Berchoud, chef d’orchestre de cette fête incroyable.
On a la sensation de vivre tout en même temps. C’est une des constantes de son écriture si vivante. Une capacité a créer de la simultanéité dans chaque scène. On a en main un roman en réalité augmentée, ni écriture théâtrale ni scénario, non, une sorte de guide audio-visuel qui, de personnage en personnage, délivre en flux réglé leurs partitions vivantes : situations physiques, actions et différents niveaux de leur communication, ce qu’ils disent, ce qu’ils pensent et ce qu’il ressentent, et cela sans rien négliger du déroulement alentour.
Il suffit de suivre le guide pour intégrer tel personnage, puis tel autre… et ainsi de suite. Socrate, Jonas, Marion… Alors les voilà tous comme implantés, greffés en vous, qui agissent et circulent en même temps dans la fête, foule vous habitant, s’interpellant, riant, buvant, chantant, interrogeant Jonas grandpapipapi, merveilleux centenaire lucide, joyeux, généreux, pressé de dire tout avec la passion de la vérité qui l’anime.
« Des applaudissements éclatent, les bouchons de champagne bondissent au plafond ou dans les fenêtres, opportunément ouvertes, et le liquide gagne les verres et parfois les nappes du buffet vu les gestes et exclamations. Vous savez, ce château, des films y ont été tournés, on a vu Samy Frey, Robin Renucci, Philippine Leroy-Beaulieu, et d’autres ! On trinque. On porte des toasts ; des blagues fusent parmi la soixantaine de présents, enfants compris ? peut-être. Des télégrammes et messages affluent… aussitôt imprimés et disposés sur un guéridon ad hoc par Socrate.
– Cent ans, note Jonas Border, et il rit, Des télégrammes, encore ! La vie n’arrête donc pas d’envoyer des messages ?
Socrate sourit et détend ses doigts dans ses gants. Chut ! Chut ! L’injonction se diffuse.
Et vient la réponse du fils Border :
– Buvez donc à la santé de notre centenaire ! et ouvrez vos oreilles à l’Histoire, elle est pleine de joies, de drames et de guerres, cela s’appelle la vie !
Les deux autres enfants de Jonas Border approuvent, ils le font aussi pour l’aîné, Antoine, mort à La Plata, Argentine aux rivages de Buenos-Aires. Jonas Border baisse les yeux sur ses images multiples, douleurs et mémoire et joies, il savoure l’air, les bulles et le blond liquide millésimé. Être vivant et son aîné mort, quel non-sens ! Mais il y a les jeunes, il faut leur transmettre un nécessaire de vie pour la route. Cela s’appelle un viatique. N’est-ce pas Socrate ? »
« Je vous parle pour que demeurent nos savoirs anciens acquis à la dure et dans les douleurs, et que les joies de la vie se prolongent aussi longtemps… on est bien, tous ensemble ?
De toutes parts fusent des Oui, oui ! Jonas Border sourit. Il sourit et s’alarme. Il a demandé combien de petits-enfants il y avait, et combien d’arrière-petits, et voilà, il a déjà oublié. »
Les vivants qui suivent ont besoin d’un sol débarrassé des torsions, manipulations frauduleuses et usurpations qui minent le terrain. Ce souci obsède Jonas. Il ne lâche pas l’affaire.
Tout cela vient des guerres qui reviennent toujours. Avec leurs pillages, leurs viols, leurs spoliations. La campagne de Russie… Il y avait au départ un cousin Border, officier d’infanterie de Napoléon 1er, qui a trimbalé une fortune d’est en ouest. Un joli capital pour fonder une banque…
En raison du personnage de Théodore et de l’atmosphère kaléidoscopique de la fête, j’ai pensé à Festen. Mais s’il y a dans la forme une certaine communauté de style, radical et puissant, sur le fond, purgé de toute morbidité, aucun rapprochement à faire. Il se dégage en effet du roman de Marie J. Berchoud une force vitale pure, extraordinairement joyeuse.
Il y a bien, comme dans Festen un maître d’hôtel qui connaît certains secrets de famille. Mais c’est un rôle bien différent. Lumineux.
Le maître d’hôtel Socrate, avec un calme philosophique, accueille la famille et s’occupe de tous les détails, restauration, repos des enfants et des séniors, véritable régisseur, superviseur des interventions programmées, discours, enregistrements sonores et projections photographiques, tout est sous son contrôle bienveillant, du début à la fin.
Et puis il y a la petite fille préférée, Marion J., qui se saisit du relais à la fin de la fête. Elle ne lâchera pas l’affaire elle non plus. Avec elle le travail de clarification de Jonas est entre de bonnes mains.
Il est temps de s’occuper des femmes dans cette histoire, décide-t-elle. De l’or et des femmes ! Le lien ? Le voile du secret et du silence posé sur les deux ! Mais vous saurez tout. Vous pouvez compter sur elle :
« Il y a pire voile que le tissu : le silence. Il génère l’inexistence, une fois passée la période utile, de fécondité et de service sexuel.»
Je place ce commentaire ici car sinon, je le mettrais où ? Je ne sais pas. Donc, voici un lien vers un podcast que j'écoute, il a l'air intéressant : c'est sur les écrivains et l'argent, et je suis très étonnée sur les % dans les contrats. Et vous qu'est-ce qui vous semble utile et intéressant ? Ou du moins écoutable en faisant ... ceci, cela.
@federer36 _ Merci pour ce commentaire franc et sympa. AJOUT : vous devriez lire la fin, les derniers chapitres, à partir des titres sur Les Femmes et: L'or; en prime votre commentaire me fait réfléchir sur la progression du roman, donc re-merci ! Il rejoint une de mes interrogations, je vous explique : 1) au départ, c'est la famille côté de mon père, et entre 2011 et 2017, j'ai mené l'enquête sur archives et photos + docts encore chez les parents + conversations avec les vivants qui savaient des choses. Cela fait, j'ai réfléchi et je me suis dit que l'aventure de ce soldat de Napoléon (ancêtre...) en 1812 et après devait concerner pas mal de monde aujourd'hui (j'avais compté 8 millions de personnes). Ainsi est née l'idée du roman précédent : vous y avez peut-être un ancêtre caché... Je dis LE roman, mais avant celui présenté ici, il y en a eu un autre, avec le centenaire encore vivant, qu'on trouve subitement mort donc enquête familiale et au-delà, la lectrice qui venait lui faire la lecture et son copain. 2) Donc votre comm m'incite à mettre ce roman précédent également en ligne sur MBS...
Pour être franc avec vous, votre récit m'a désorienté, je l'ai trouvé à la fois charmant, étrange, attirant mais il m'a aussi perdu. J'ai trouvé qu'il partait un peu dans tous les sens...Sur le papier, l'histoire de ce grand père de 100 ans m'a tout de suite plu, je trouve l'idée de départ vraiment bien, originale. Cela doit être vertigineux d'avoir 100 ans et d'avoir vécu tant de choses aussi bien des choses joyeuses que tristes. J'ai bien apprécié cette idée de revisiter l'histoire à travers sa vie. Je n'ai lu que le début mais j'aurais souhaité plus en savoir par exemple sur la personnalité de ce grand père, sa vie. J'ai eu le sentiment que le récit se concentrait trop sur les événements extérieurs au grand-père. Mais peut-être que vous en parlez après...
@Marie Berchoud Eh oui, on a fait la popote ensemble chez les écrivistes tambouilleurs :-) ! Bonne soirée également.
@Zoé Florent, Bonsoir et merci de votre petit mot, j'espère que ce livre vous plaira ; de mon côté, je vais explorer MBS à nouveau !
Je viens de faire le concours du teste bref (80 signes, espaces comprises)
Ah mais, on se connaît.... me semble-t-il.
Bonne soirée.
@Marie Berchoud Bonsoir, Marie, et merci d'avoir revu le format du fichier... beaucoup plus lisible ainsi, il n'y a pas photo ;-). À très vite, Michèle (ex-Lamish)