Le style est la chair et le sang de l’auteur, ses tendons, ses os, ses muscles : tout son corps et son âme (si l’on croit à son existence). Son souffle, ça c’est sûr.
Si le style était un territoire cartographié, sa carte révélerait des chemins, des routes principales et secondaires, et des voies sans issue, des agoras... On y rencontrerait des voyageurs, avec ou sans bagages... certains, les mains dans leurs poches trouées, d’autres allant grand attelage.
Tous à l’affût des panneaux indicateurs, cravachant vers leur idéal, la tête remplie d’idées, voire de sacrés présupposés. Comme celui de croire, par exemple, que le style est une chose innée (ou presque) confondant allègrement style et premier jet. Ou encore une chose acquise à force de tirer la langue, jusqu’à ce que les manuels aient tous bien infusé dans leurs encriers, tout bien complètement : conjugaison, ponctuation, syntaxe et tout le tralala.
Voyageurs de l’écriture toujours prêts à se crêper le chignon au coin d’une rue. Une vraie guerre des gangs : bande Charabia contre bande Academia... des bastons à vous couper la chique.
À côté des chamailleurs de la littérature, on trouve les voyageurs inspirés, genre Malraux : « Le style, monsieur, est un sentiment du monde ! »
Les voyageurs pointilleux :
« C’est le style qui crée réellement la pensée.
- Pas du tout, monsieur Nourricier ! Les grandes idées ne sont que foutaises ! Le style et la structure, voilà l’essence d’un livre !
- Permettez-moi de ne pas partager votre avis, monsieur Nabokov ! »
Mais voilà, Norman Mailer qui rapplique, persuadé qu’il va mettre tout le monde d’accord :
« Le style est un instrument, pas une fin en soi ! »
Évidemment, Comte-Sponville toujours prêt à ramener sa fraise ne peut se retenir de déclamer :
« Quand le style est obscur, il faut s’inquiéter, car le style, c’est l’homme !
- L’homme ? Ah, ah ! se gondole aussi sec Jules Renard, grave patraque. Le style, mon cher philosophe, c’est l’oubli de tous les styles ! Ah, ah ! »
Pendant ce temps, dans la cuisine :
« Certaines incœurrections grammatic ! cales dans un style hips solide ont le charme un peu pervers... d’une pointe hips de strabisme dans un joli visage...
- Le style, c’est pas une danse, Riton*... c’est une démâârche
- Vous direz c’que vous voudrez... hummps, pardon, mon cher Cocoteau... mais l’adjectif...l’adjectif... c’est la graisse du style ! »
Bon, on pourrait continuer, mais on va laisser le dernier mot à Totor. La graisse, y sait de quoi qui cause cet Hugo-là... mais quel bazar tout de même, le pays du style.
Et nous pendant ce temps, et nous et nous... une fois convaincus que le style n’est ni inné ni acquis par l’étude, on sera bien avancés.
Et si le style finalement n’était qu’un pays sans carte ? Sans routes, sans voies sans issue, sans agoras... seulement une plongée dans les tréfonds ? Dans le Grand Bleu ? Un voyage à l’aveugle jusqu’à ce qu’on sente vibrer un presque quelque chose.
Si le style était l’atteinte de l’essentiel, le fruit d’une longue histoire qui nous façonne. Quelque chose qui n’ait plus rien à voir avec la sophistication de la langue, les mille et un défis lancés à la syntaxe, les galipettes dans les phrases à rallonge, mais quelque chose qui révélerait "l’authentique" de celui qui écrit.
Exit toute recherche d’esthétique relative, car il n’existe aucun absolu de la beauté de la langue, pas même l’harmonie qui n’est qu’un leurre, une manifestation morbide dont il faudrait de toute urgence redouter la fascination qu’elle inspire.
Et surtout ne pas se laisser prendre à son charme vaudou, le chant des sirènes qui voudraient nous noyer dans un océan d’encre violette, ô nostalgie des temps passés, vertige de l’imitation.
Le pays du style ?... Un tapis de neige sans la moindre trace de pas, avec peut-être une petite chance de découvrir le véritable visage de celui qui écrit.
*Henry de Montherlant, œuf corse.
CATARINA VITI
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@Catarina Viti
Ma béchamel est épaisse ? Je le savais, c’est l’idiolecte … Je n’en ai pourtant mis qu’un demi suppositoire.
C’est toujours un plaisir …
cher @Loic Lanzenac (espérons que vous serez avisé de ce message). C'est formidable ! Rarement je me suis sentie aussi proche d'un auteur que de vous. Et pour cause ! à moins d'un centimètre, je n'entrave plus que dalle à vos béchamels. Faut coller-serrer. Pourrions-nous envisager un transfert d'intelligence ? Appelons cela, si vous le voulez bien, une fertilisation croisée.
Comme roman à chier, écrit dans un style dit remarquable, j'oserai vous proposer "Madame Bovahary". Ah, ah ! j'aime être fustigée^^. En tout cas, merci pour ce moment. A la revoyure. Je vais vous en pondre un sur la ponctuation et pas pour fillette (de billet, pas d'œuf corse)
@monbestseller : l'ennui est qu'arobase doit être grave en grêve, because je ne reçois plus aucun avis de message depuis un bon moment.
@monbestseller,
@Annie Pic,
@Michel Canal,
@Hubert LETIERS,
@Marc Lebreton
@Catarina Viti
@lamish
@kroussar a raison : se mêler de votre affaire de styles ne va pas sans une légitime appréhension. Vous avoir lu, m’installa un long moment dans la position du baigneur qui trempe son orteil dans l’eau triste de la mer du nord, un soir de septembre à Berck-Plage :
Houuu … Brrr , je ne sais pas si je vais y aller moi …
Pardonnez mes maigres références, mais je ne peux commencer sans citer Annie Cordy :
C’est pas facile d’avoir du style
Quand on est une fille comme Moué !
@Catarina Viti n’a pas éprouvé autant de difficultés avec sa plume alerte et bien pendue, qui nous conte les réflexions qu’on échange, la nuit venue, au Panthéon au sujet de ce qui est notre sujet.
Si leurs divergences sont notables, il est curieux de constater qu’elles sont affirmées avec clarté et concision … ils vous ont abandonné tout le lyrisme.
Y a-t-il tant de choses dans le style ?
N’est-il pas, ni plus ni moins, qu’un de ces incompréhensibles atomes crochus, qui émoustillent les Martine et laissent de marbre les Françoise ? … La phéromone du scribouillard ?
Est-il bien nécessaire de lui chercher une âme en filigrane, une notice technique ? Bref ; des poux dans la tête !
Personne n’a de Style ! Peut-être est-il caché ailleurs… dans le bocal de celui qui lit ? Personne n’a de style … jusqu’à ce quelqu’un vous en trouve un ; particularité qui contribue grandement à la difficulté d’en faire une juste définition.
La preuve en est dans la diversité des visages qui lui sont prêtés dans cette galerie de portraits pleine d’érudition qui nous est proposée. Malheureusement, après ce tapissage en règle, on éprouve toujours autant de mal à identifier le coupable parmi les suspects potentiels.
Il est vrai que le terme prend plaisir à se faire aussi flou que ses contours ; non content de cela, comme pour questionner plus encore, le peu que l’on en sait affiche la silhouette d’une « Poupée gigogne », abri de toute une fratrie de synonymes prêts à prendre sa place.
Mon maigre bagage ne vous serait d’aucune utilité dans l’élaboration de votre portrait-robot, mais il manquait, je crois, un « Candide », celui qui tire du chapeau la question idiote :
Connaissez- vous un roman « à chier » écrit dans un style remarquable ?
Ou un auteur éblouissant dépourvu de style ?
Merci pour ce moment !
Loïc Lanzenac
@Marc Lebreton
;-))) et à la prochaine
@Catarina Viti
C'est très réjouissant Catarina cette auto-dérision, c'est comme des bulles dans une coupe de champagne. L’honnêteté n'est pas pour me déplaire non plus....
Bonjour, @Marc Lebreton et merci pour votre petit mot. Fantaisie ? oui, il y en a bien besoin (l'air est lourd). Dérision, absolument, cent fois, mille fois, toujours, systématiquement. Quant à l'érudition... euh, comment dire ? Non, non, du toc ! de l'esbrouffe ! du grand n'importe quoi. Des copy-coly à la va vite, la pêche aux canards dans les citations en ligne. On fait ça pour se rendre intéressants, Marc ! se faire mousser ! Ne vous laissez pas attraper. Il n'y a ici ni érudit ni lettré et pas un écrivain à l'horizon. Rien, pouic, que dalle. Le désert des Tartares. Anne, ma sœur Anne ne vois-tu rien venir ? Bon, à part ça, vous allez bien ? Surtout revenez souvent ! Merci.
@Catarina Viti Je suis comme beaucoup, je cours après le temps, n'ai rien de bien savant à dire sur cet article ni sur le sujet, mais me suis réjouis d'être tombé dessus un peu par hasard. J'ai trouvé ce mélange d'érudition, de fantaisie et de dérision très plaisant. Les commentaires le sont tout autant. Merci.
@Kroussar. Salut, Jean-Claude, ô valeureux riziculteur.
Encore heureux que tu aies laissé un message, nandidiou, les tribunes ne sont faites que pour ça ! Pas pour s'admirer l'anus ou se faire astiquer la prose publiquement, mais pour se dire qu'on est là. Qu'il y a des auteurs derrière les textes et qu'on cherche chacun son os. Qu'au fond, on est tous égaux et embarqués sur la même galère, avec nos espoirs, nos déceptions, nos susceptibilités, nos crincrins, notre balourdise, nos doutes énormissimes et nos petites illusions à deux balles.
"On n'est pas là pour se faire admirer
"on est là pour s'aider à avancer
"On n'est pas là pour se faire assommer
"on est là juste pour l'écriture
(à chanter sur l'air de "On n'est pas là pour se faire engueuler" comme on peut, avec la rim' pauv')
J'ai longtemps hésité, avant de ramener ma fraise, n'ayant pas vos talents, encore moins de style d'écriture. Enfin, si, un style, qui m'est propre, sans être pour autant un style littéraire. Mais j'ai franchement l’impression que vos définitions se rapportent plus au talent qu'au style, ou une combinaison des deux. Chacun son style, me direz-vous ! Mais sans talent... RIEN !
Certes, cela mérite quelques exemples, que je prendrais parmi les intervenants de cette tribune. Trois styles, trois manières d'utiliser les moyens d’expression du langage, dépendant du sujet traité, des lois du genre...
Hubert a un style bien à lui, percutant, (certains le lui reprochent, les pauvres, ils n'ont pas le même), un style où les mots sont ciselés par rapport au contexte.
Catarina a également le sien, un style émotionnel, le plus complexe, où les sentiments et l'humain transpirent par les pores.
Enfin, La Miss, avec son style, celui de la dérision, qui traite de sujets graves, avec une rare profondeur, sans verser dans le pathos.
Chez ces trois auteurs, les effets de style sont bien plus que des procédés. Leur style est l'incarnation de leur sensibilité. Mais ! Oui, il y a un "mais". Ils ont un point en commun, le talent. Et pas n'importe lequel. Celui de conteur, ce qui fait toute la différence. Ainsi, de certains textes, il ne reste rien. D'autres, il nous reste des impressions, des couleurs et des sentiments ; comme le précise Catarina. Car il ne suffit pas d'avoir du style, il faut en plus avoir du talent. Je dis ça, je ne dis rien, comme dirait l'autre. Mais quitte à dire quelque chose, autant que ça ne soit pas rien ...
@Hubert LETIERS, on pourrait presque dire : "Le style, c'est ce qu'il reste du texte une fois qu'on l'a oublié". Une certaine caudalie, en somme. Et l'on n'éclairerait plus la technique mais la tension du texte, son résonnement dans l'être du lecteur.
Astucieux ! Cela éviterait d'avoir à évaluer, classifier, décortiquer, autopsier... les livres. Sans compter les batailles de polochons !
De certains textes, il ne resterait rien. D'autres, il nous resterait des impressions, des couleurs et des sentiments.
Loin des procédés : la magie qui ne tient finalement à rien si ce n'est à l'implication corps et âme de l'auteur... Et qui expliquerait un peu pourquoi j'ai parfois l'impression d'avoir vécu à Kaboul...
Je crois, mon cher, que nous avons encore pas mal de grain à moudre !
Merci @Annie Pic : nous parlons bien de cette distance tellement subtile et si difficile à trouver... et si instable. Comment se tenir à bonne distance de tous ces diktats et ces formatages auxquels nous nous soumettons sans toujours en être bien conscients. Certains indispensables, d'autres utiles et, au-delà, une nébuleuse de corps factices. Toutes ces formes qui nous ont été inculquées et que nous avons appris à admirer sans avoir les moyens de les remettre en cause.
Mais à l'heure du storytelling, de l'écriture au kilomètre, ces préoccupations sont peut-être devenues sans objet...
Alors, oui, une pointe de courage (et même un tanker) sera plus que jamais nécessaire pour avancer sur cette mer huileuse et ô combien déserte !!!
@Catarina Viti, @la miss 12, @Michel Canal,
Pour moi, la dimension arbitraire s'applique au choix de l'écrivain de ne pas se plier automatiquement aux diktats, en restant imperméable aux formatages. C'est savoir s'émanciper des consensus du petit monde littéraire, sans pour autant le renier. Affirmer son originalité dans l'emploi d'un vocabulaire écrit, particulier, et mâtinée de lucidité. Voire, avec une pointe de courage pour s'assumer face au haro qu'il peut provoquer.
Pour @la miss 12. Derrière aléatoire je cherche à dire (ces choses là sont bien compliquées à exprimer clairement) que certains (c'est leur droit) écrivent comme ça leur pète et (c'est leur droit) intitulent cette échappée verbale "mon style".
Pour moi, le style est une recherche. C'est mon point de vue et je le partage. Une histoire d'amour torride avec la langue (sans jeu de mots), un rêve un peu fou, carrément détraqué et brindezingue... Trèfle (pour changer un peu), rien d'aléatoire et...
@Michel CANAL, merci pour ces recherches documentaires. Deux exemples opposés Colette et Marguerite qui nous disent bien à quel point le style est un pays sans chemin ! Colette : une recherche en aval, Marguerite, une recherche en amont (ou l'inverse).
A tous les deux : ce qui fait pour moi, la différence entre le style et l'aléatoire (même si Marguerite donne l'illusion qu'elle est au-dessus des lois -en fait, c'est seulement qu'elle habite la langue-), c'est que le style apparaît quand on a choisi sa phrase parmi un million d'autres phrases tout aussi possibles.
Merci à tous les deux.
@Catarina Viti, @Annie Pic,
Oui, il y a la perception extérieure du lecteur et "l'originalité langagière de l'auteur".
Le bon exemple qui fait l'unanimité est Proust… pour sa madeleine. Qui d'autre que lui, c'est sa signature, prendrait le temps de décrire en quoi une poignée de porte lui rappelle son grand-oncle. On peut, ou non, apprécier un auteur pour son style, mais certains sont reconnaissables entre mille.
Par exemple, lorsque j'avais étudié « L'amant » je n'avais pas aimé le style de Marguerite Duras, pourtant étudiée dans les facultés de lettres jusque hors frontières. J'avais en particulier été surpris et déçu d'une très longue phrase qui à elle seule constituait un long paragraphe.
Que disait-elle de son style ? « Du style je ne m’en occupe pas. Je dis les choses comme elles arrivent sur moi, comme elles m’attaquent si vous voulez, comme elles m’aveuglent. L’écriture courante que je cherchais depuis si longtemps je l’ai atteinte… Je parle de la crête des mots, c’est une écriture qui courrait sur la crête pour aller vite, pour ne pas perdre. »
A contrario, j'aime beaucoup le style de Colette… un style qu'elle a énormément travaillé pour susciter chez le lecteur des émotions envahissantes. Cet art de la construction, elle l'a mentionné, il est pour elle « l'oeuf d'or », la métaphore de la phrase réussie. « C’est dans l’association des mots que se situe une partie de l’originalité de Colette, tant ces enchaînements sont inattendus et déjouent les habitudes de la langue courante. La syntaxe est particulièrement alambiquée dans un essai très subtil comme « Le Pur et l’Impur ». Les antépositions, les enchâssements, les subordinations, les parenthétisations de formes diverses sont homologues du mouvement même d’une pensée qui intègre la complexité, d’une description qui à la fois diverge dans le foisonnement des sensations et converge dans le foyer que constitue le sujet ainsi suscité. Cette syntaxe se rythme volontiers en ensembles syllabiques dénombrables. Colette a affirmé elle-même avoir recherché le « nombre » autant que le son : on pourrait souvent repérer des régularités approximatives dans le nombre de syllabes des diverses parties de ses phrases. Elle était très consciente aussi de l’utilisation des sonorités. De nombreux passages jouent sur les homophonies, allitérations et assonances, voire sur les rimes en fin de syntagmes. Tous ces effets très recherchés apparentent beaucoup de textes, y compris les chroniques publiées dans les journaux, à des poèmes en prose… »
Pardonnez-moi, ce fut un peu long, mais je crois que c'est instructif, en rapport avec le sujet.
Seuls seront retenus ici des propos en relation avec l'article ci dessus.
@ lamish
Vous avez raison, nous les mettrons en avant. Des articles comme celui-ci, personnalisé, d'humeur, d'interprétation sont très complémentaires de tutoriels plus académiques.
@Annie Pic, bonjour et merci pour votre intervention. Je crois qu'il y a le style vu du dehors (par le lecteur) et celui vécu en dedans, par l'auteur.
Ce qui, de l'extérieur peut passer pour une originalité langagière (j'aime l'expression), et à moins bien entendu que tout cela ne soit que l'effet de l'aléatoire, est plus qu'une recherche de genre, une recherche de sens, une conquête.
On peut bien entendu écrire pour raconter une histoire, et cela est bien et peut suffire.
Mais l'on peut aussi avoir envie de tordre les mots, les secouer, faire vibrer l'édifice des phrases. Bien entendu, et nous sommes tous d'accord là-dessus, une fois qu'on a compris ce que sont les mots, ce qu'ils représentent et sur quoi reposent les phrases.
L'aventure de l'écriture est là aussi : dans cette quête.
Avoir du style ! Pour les écrivains est-ce le premier vecteur de l'identification ?
Mais que constitue une signature stylistique ?
L'idiolecte de certains écrivains s'invite hors des standards et s'ajoute à la dimension arbitraire. Peut-on dire qu'ils ont un style reconnaissable ? Ou simplement une originalité langagière ?
Toutefois la marque formelle de l'écrivain apposée à son œuvre, peut se jouer dans l'infinité de son être, en prenant en compte sa singularité.
Alors n'hésitons pas, plongeons dans les tréfonds !
Merci @Catarina Viti pour ce débat très intéressant. Annie
@Michel CANAL, c'est tout le charme de ces bonnes vieilles tribunes !
Des lieux d'échanges de points de vue. Comme au temps de Camelot. Table ronde, chevaliers et tout et tout; avec de temps en temps quelques rodomontades, des duels, du sang, des larmes et youplaboum.
Je vous en concocte d'autres... peut-être même une sur la ponctuation^^... oups !
@la miss 12 Votre texte était un copier/coller d'un vieil article recyclé (C'est d'ailleurs l'une de vos spécialités, on retrouve vos mêmes textes et critiques sur les sites voisins. Est-ce les vôtres d'ailleurs ?). Chez monBestSeller, nous ne prenons que des articles originaux, ou au pis des articles d'auteurs dont nous pouvons certifier l'existence. Parfois avec des fautes, parfois avec des erreurs, certes, mais originaux. Je vous prie de nous en excuser.
@Michel CANAL
Merci de recentrer sur l'essentiel : c'est à dire le sujet de la tribune. Cela me fait plaisir qu'on nous 'aide à garder le cap, même si nous sommes parfois co-responsables des sorties de route...
Ah que ce serait bien pour chacun d'entre nous (à la condition que ce soit élogieux)... si le style était la signature d’un auteur qui n’a plus besoin d’apposer son nom au bas de ses textes pour être reconnu !
@CATARINA VITI, vous nous avez donné par cette tribune, une magnifique opportunité de réflexion à laquelle, le temps de réfléchir à un apport pertinent, la page était passée de quatre commentaires (dont le premier de mBS) à dix-sept. Comme d'habitude, j'y trouve à regret l'énergumène envahissant (déjà 6 commentaires) qui, par excès de talent et de burlesque confinant au défaut majeur, est bien le seul à être caractérisé par une signature dont les nombreux pseudos ne peuvent égarer le lecteur.
Au vu des chamailleurs de la littérature que vous citez, le style littéraire avait fait l'objet d'une émission diffusée sur France Culture en octobre 2019 et suscité un vif intérêt, tant définir un style semble une gageure, tant chaque écrivain s'en fait une conception personnelle.
Si, pour en dessiner les contours, on essayait d'en donner une définition ?
mBS en a rappelé le cadre : « Cette tribune porte sur le style… qui va bien au-delà de la conjugaison, la ponctuation, l'orthographe et même l'académisme… »
Le dictionnaire Hachette a tenté une définition : « Le style, c’est la manière d’utiliser les moyens d’expression du langage, propre à un auteur, à un genre littéraire, etc. Style clair, précis, élégant ; obscur, ampoulé. Style burlesque, oratoire, lyrique. Style administratif, juridique… »
Est-on plus avancé pour relier le style qui fait la signature de l'auteur ?
@CATARINA VITI, je partage votre approche : « Le style est la chair et le sang de l’auteur, ses tendons, ses os, ses muscles : tout son corps et son âme (si l’on croit à son existence). Son souffle, ça c’est sûr. »
Dans les personnes qui s'étaient manifestées pour donner leur définition, j'avais trouvé celles-ci intéressantes :
« Le style pour moi c’est la “façon de dire”. Chacun a la sienne… A travers le style on retrouve l’âme de l’auteur. »
« Pour moi, le style est personnel, il est le reflet de l’âme de chaque personne qui écrit, il est sa signature. Cependant, celui qui écrit doit s’imposer de respecter les normes de rédaction, notamment celles qui régissent le respect des syntaxes, l’ordre des mots, la construction des phrases et leur place dans le récit. S’abstenir de ce respect, c’est prendre le risque d’être incompris et donc non lu. »
« Le style littéraire, pour moi, est la façon la plus personnelle de raconter les choses. Dans le fond, c’est l’essence même du narrateur, son moi intime. Et dans la forme, une manie, un tic reconnaissable qui lui confère un charme que l’on identifie et qui fait qu’on l’aime, comme on peut aimer chez quelqu’un sa rousseur, le ton de sa voix ou son humour singulier… »
@la miss 12, vous savez parfaitement tout le bien que je pense de vos écrits, comme vous savez que vous avez éternellement ma confiance et ma reconnaissance.
Mais là, de suite, j'ai comme l'impression que nous squattons un espace public. Pas vous ? Laissons la place à d'éventuelles réflexions et commentaires. Voulez-vous bien ? Et pourquoi ne pas repartir sur le sujet en l'attaquant d'un autre angle, en rédigeant d'autres tribunes ? (l'histoire de la langue française - la mise au pilori des langues régionales - le français dans les Cours d'Europe - le gras et le maigre - le vocabulaire des élites - la vulgarité académique - le français et la lutte des classes - langue parlée, régionalisme et vestiges musicaux : l'accent - le français d'Afrique - etc.)
Le style c'est aussi l'art de la concision. 1 à 0.
@Catarina Viti
/n
@la miss 12
/n
De très beaux échanges ! Chacun dans son style. Qui est le maître ? Qui est l'élève ? Bien sûr, j'ai ma petite idée. Mais à la lecture de vos commentaires, mesdames, je ne puis vous départager.
Alors continuer à écrire et à commenter, encore et encore, pour notre plus grand plaisir. Amicalement.
@la miss 12
Je ne reviens pas sur ce que j’ai déjà écrit sur cette page (le caractère incontournable du travail, de la remise en question, du polissage, etc.)
Je souhaite seulement répondre à votre interrogation indirecte : « mes nouvelles témoignent pour moi en ce sens ? ».
Dans un autre temps, vous m’avez encouragée à transformer en confettis, un texte qui s’est intitulé par la suite « Noir Animal ». Je devais revoir tout cela, parce qu’il y avait dans ce texte trop de gras. Vous m’aviez suggéré de relire "Des souris et des hommes" pour comprendre comment on arrive à l’os de l’écriture. Je me suis livrée à tous ces exercices sans rechigner (je vous avais donné ma confiance) et jamais je ne reviendrais en arrière. Certes, l’exercice est périlleux, douloureux et vertigineux : autant se dépecer soi-même et partir en balade comme San Bartolomeo avec sa peau sur son épaule... mais quelle embellie ensuite !
Je me suis toujours demandé ce qu’il adviendrait de vos textes si, à votre tour, vous jetiez perruques poudrées et crinolines par-dessus les moulins. Mais vous m’avez répondu cent fois et récemment encore : "contrairement à vous, je crois aux vertus de la futilité". Au dépeçage, vous préférez le dépucelage… Il est juste là, notre petit désaccord. À partir de ce point, nous routes se tournent le dos.
Alors, tant pis, je vous repose la question : à quand votre Saint-Barthélemy ? Le Graal est juste après, je vous le jure. Dans l’os !
Je lève mon verre à la santé de nos désaccords fertiles.
Cette tribune porte sur le style. C'est une bonne tribune qui pose des questions, ébauche des explications, donne à réfléchir. C'est une tribune qui va bien au-delà de la conjugaison, la ponctuation, l'orthographe et même l'académisme. Il ne faut pas réduire ce sujet intéressant à des obsessions personnelles (certes importantes mais presque hors sujet) qui en limitent la portée. Respirons.
@la miss 12.
Pourquoi réagissez-vous ainsi ? J'ai subitement l'impression d'avoir écrit une autre Tribune.
N'en rajoutez plus, je vais vous répondre. Mais je ne puis le faire dans l'instant, question de disponibilité. (Nous avons discuté de la pertinence d'une virgule, de la place d'un mot dans une phrase durant des mois et des mois et je n'ai jamais autant appris de ma vie)
Bonjour,
Bon, y a un un coup de Trafalgar, on dirait ? Signe que la troupe est toujours là, et en forme !
Une chose doit être claire : je ne suis pas en train de défendre un point de vue, je l'émets seulement. Bien entendu, ce point de vue est le mien, mais je n'ai aucune intention de le vendre à qui que ce soit. Chacun sa crèmerie et les vaches ne s'en porteront que mieux.
Alors, voyons :
@Papou Bezard, merci d'avoir ouvert le bal. Ne le prenez pas mal, mais je suis en complet désaccord avec vous (ce n'est pas grave, nous avons survécu à bien pire). Je fais partie des gugusses qui pensent au contraire que le style (quête sans fin et généralement sans succès) est un lââbeuuuuuuur de patraque. Mais je suis d'accord avec vous // "n'ont jamais été endimanchées"// et c'est ça le plus dur ! Faire simple quand tout dans notre langue invite à la pédanterie.
@lamish, merci de m'accepter telle que je suis. Parmi tous mes défauts, j'en ai de pires : la passion et la sincérité. J'admets que ça n'est pas toujours un cadeau pour tout le monde.
@Alexis Arnaud, ben voilà, vous tenez un sujet pour l'appel à l'écriture. Sans rire !
@monbestseller, vasitas ? faudra m'esspiquer. On m'a inzultée pendant que je roupillais profond ?
@la miss 12, allons donc, qu'esse vous êtes encore allé lâcher comme perle ? Paul Valéry, oui, j'aurais pu le citer entre Nabokov et Mailer... mais pfffff... on en ferait des tomes avec rien que des citations sur le style. Raccourcissons l'ourlet, con permesso :
-le boulot. Oui, vous connaissez ma position (c'est même celle que vous préférez...). Je l'ai mentionnée à Papou, j'y reviens pas.
-la langue : c'est là que le bât me blesse. Ce français officiel qui fut langue de Cour. Ah! pas pour rien... Faudrait revenir sur l'histoire de temps en temps. Fouiller un peu. La fonction crée l'organe dit-on... alors à savoir : est-ce que cette langue était comme ça ou l'est-elle devenue ? Je veux parler de cette perruque poudrée toujours prompte à servir le fait qu'on n'ait rien à dire, à astiquer la dominance, à faire reluire l'élite. Cette langue qui contraint toutes les autres à un silence définitif et à un mépris sans fond. Mes grands parents français furent punis physiquement, on leur tirait et leur tordait la langue quand ils lâchaient une parole en Provençal. Cette langue-là, je voudrais avoir le talent de lui faire sa fête, de lui démolir le portrait. Pour moi, vous avez raison en une seule chose (et vous le savez depuis longtemps), pour abattre son ennemi, il faut bien le connaître. Oui, cette langue de l'Académie, j'aimerais être au niveau pour lui faire sa fête. Vous le pourriez, vous, mais vous ne le faites pas (et ça aussi, je vous le dis depuis longtemps), et je vous en veux terriblement de vous voir errer dans la galerie des glaces. Mais après tout... de quoi j'me mêle-je ?
@la miss 12
Le passage à l' injure Madame...décidément vous rend bien inoffensive. Vous perdez le contrôle.
Le style, rares sont les auteurs qui en ont un, de nos jours. Pour avoir du style, son propre style, il ne faut pas trop travailler son écriture car , bizarrement, les meilleures choses qui ont été apposées sur le papier n'ont jamais été endimanchées, me semble t'il. Certains usent quelquefois, pas trop souvent, d'un changement de style emprunté à un autre, qu'on appelle "technique". Mais toujours, le style revient, toujours, quand on en a: j'en connais ici et là, qui font partie des auteurs qui ont une voix, comme on dit, que l'on reconnait entre mille. Ceux qui n'écrivent comme personne.