Balthazar

Je suis ici pour prendre ta vie.

Balthazar prenait son café dans sa brasserie habituelle quand une jeune femme l’interpella pour lui demander de l’argent.

C’était elle. Comment aurait-il pu oublier ses yeux verts pailletés de jaune, ce regard de serpent qui lui avait déjà mordu l’âme une première fois. Il était sous le choc mais l’invita malgré tout à s’asseoir.

-  D’accord mais tu vas me raconter ton histoire.

- Je m’appelle Lilith. Je suis née le 6 juin 1966 et la seule chose qu’il me reste de ma naissance est une phrase sur un bout de papier : “ Plus tard, tu sauras tout “.

Il comprit alors qu’elle ne connaissait pas sa véritable histoire. Il lui commanda un sandwich et se leva.

- Désolée, je ne peux pas rester avec toi mais je te laisse mon numéro. Appelle-moi quand tu veux.

Un matin, il la vit arriver. Ils n'eurent pas besoin de mots pour savoir ce qu’ils désiraient.

Arrivé dans son appartement, il avait l'impression d’être redevenu un jeune puceau. Leurs lèvres se rapprochèrent et leurs langues commencèrent à danser dans leurs bouches. Il la porta jusqu'à son lit, la déshabilla puis caressa son Mont de Vénus appréciant sa pilosité légère. Lilith écarta légèrement les cuisses laissant apparaître les lèvres ourlées de son sexe. Il glissa ses doigts dans ses gorges humides.  Il se déshabilla et son sexe se dressa face à elle. Elle mit ses jambes autour de sa taille et il la pénétra doucement puis s’enfonça en elle jusqu’à la garde. Ils s’appartenaient, ils ne faisaient plus qu’un.

Il la regardait dormir quand subitement, il se souvint. Il avait côtoyé les plus grands. Staline dans les années 20, Wilhelm Keitel, commandant suprême de la Wehrmacht en 1940 ou bien encore le Commandant Adolf Diekmann, ordonnateur du massacre d’Ouradour-sur-Glane le 10 juin 1940.

Le jour où il la revit, elle semblait fébrile.

-  Mon amour, pardonne-moi pour ce que je vais te faire.

-  Te pardonner de quoi ?

- Je suis ici pour prendre ta vie.

- Mais qui es tu Lilith pour pouvoir prendre ma vie ?

- Tu ne te souviens pas de moi ?

- Bien sûr que si. Nous nous sommes connus en 1532 à Sauveterre-sur-Béarn. J’avais reçu l’ordre de brûler les sorcières. Il fallait que je t’élimine. Si tu savais comme je le regrette.

-  Je viens récupérer les dernières années d’une vie que tu m’as volées. Si je veux me libérer de Satan, tu dois mourir.

-  Mais je ne veux pas que tu retournes le voir Lilith.

-  Balthazar, je t’en prie. Il me retrouvera toujours. Mon destin est son dessein.

Lui, il était devenu le serviteur du Diable il y a longtemps. Mais il prit le parti de lui désobéir en tuant l’une de ses envoyées parce qu’elle s’était refusée à lui. Aujourd’hui, il devait lui rembourser sa dette. 

Une nuit, elle était assise sur son lit, un parchemin dans sa main. Elle lui tendit le papier, lui fit un baiser et disparut.

On ne sut jamais ce que Balthazar décida. Mais à 7 h 06, la foudre s’empara du ciel de Paris. Plus précisément à 6 h 66, heure que le Diable avait choisie pour sceller le destin de ces deux âmes en peine.  

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