Audrey Baum, votre roman est l’histoire d’un jeune pianiste d’origine juive polonaise dont le passé est omni présent. Quelle est la part de fiction ou de réalité dans votre récit ?
Tout roman s’inspire évidemment de personnes réelles, d’émotions authentiques, sinon, tout sonnerait faux. La fiction n’est qu’un voile sur tout cela, c’est la manière la plus sérieuse de parler de la réalité, de montrer des choses qu’on ne verrait pas autrement.
Le piano et la musique tiennent une grande part dans l’histoire. Vous-même êtes pianiste ? Ou juste mélomane très avertie pour nous dire tout au long de votre roman les opus ou concertos qui correspondent parfaitement au moment que vous décrivez ?
Je joue du piano depuis que j’ai neuf ans, mais seulement en amateur. Dans ma famille, on en joue aussi. J’en écoute beaucoup, c’est un instrument qui imprègne chaque fibre de ce que je suis, ma bande-son invisible. Il a fallu que j’écrive ce livre pour me rendre compte à quel point j’aime cet instrument. Le piano et l’écriture sont les fils qui relient mon enfance, l’adolescence et l’âge adulte, comme les perles d’un collier.
J’aimerais tant y être un peu parvenue. J’ai beaucoup d’admiration pour les concertistes qui consacrent leur vie au piano. Sans les interprètes, la partition n’est rien, juste une feuille. Il faut avoir le talent de la faire vivre en lui insufflant ses propres émotions, son vécu. Il faut avoir l’humilité de savoir s’oublier sans se perdre. C’est très difficile et ce n’est pas sans dangers. Bien sûr, en écrivant, j’ai écouté des interprètes : Horowitz, Kissin, Yundi Li et Barenboïm principalement.
Comment avez-vous travaillé pour exprimer des sentiments dont les lecteurs ont relevé la finesse et la grande justesse ?
C’est gentil à vous de dire cela… Ecrire était une nécessité absolue. Mon seul travail a consisté à mettre en forme ce que je ressentais. Mais je ne pouvais pas écrire plus de deux pages par jour, tant cela me mobilisait au niveau émotionnel. Le travail d’écrivain a quelque chose de celui de concertiste finalement : tous deux s’attèlent à une interprétation, devant un clavier. Et se sentent écrasés par la tâche.
C’est un roman extrêmement sentimental. Et même si on a un doute, on ne sait pas s’il y aura, ou pas, un happy end. Connaissiez-vous la fin dès le début ? Ou s’est-elle imposée au fil du récit ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
Au départ, j’avais jeté quelques lignes sur un papier, ce sont les premières du roman.
Quelques années ont passé.
Un jour, je les ai relues, elles se sont mises à me parler d’une autre manière. J’ai vu la fin.
J’avais donc le début et la fin… Il restait à écrire le roman ! Il est venu de lui-même, mais en travaillant très régulièrement. J’avais un rituel chaque jour en mettant au clavier : un cappuccino, deux biscuits, et j’écris.
Vous avez déjà écrit d’autres romans. Sont-ils également dans la romance. Pourquoi ce genre vous plait-il ? Et d’ailleurs : romance ? chick lit ? roman sentimental ? comment le définissez-vous ?
Que l’on en convienne ou pas, l’amour est le moteur du monde. C’est la seule force capable de maintenir dans l’axe les électrons tangents que nous sommes… D’ailleurs, roman et romance n’ont-ils pas la même racine ?
Je n’ai pourtant pas l’impression d’avoir écrit un roman sentimental : c’est la vie qui l’est.
C’est vrai que ce n’est pas non plus un roman d’action : il n’y a ni bleus ni douilles dans mes pages. Peut-être un roman d’apprentissage ? Si je ne craignais pas de paraître pompeuse, j’aurais parlé de tentative de roman existentiel, au sens où ce roman montre l’évolution d’une personne, qui au début, ne fait que vivre, mais se met finalement à exister, à donner du sens à ses actions et ses… sentiments, on y revient, décidemment…
Quels sont pour vous les bons « ingrédients » d’une romance réussie ? Le happy end est-il une convention du genre ?
Je suis auteur, mais aussi lectrice : lorsque je lis, je suis comme tout le monde, je vis avec les personnages. Le malheur est souvent formateur, certes. Tolstoï est un géant, mais je ne suis pas tout à fait d’accord avec lui : non, les familles et les histoires heureuses ne se ressemblent pas forcément, et il y a mille et une manière de trouver son chemin vers le bonheur.
Hypokhâgne, khâgne, maîtrise d’histoire, histoire contemporaine à Berlin, master de Sciences du langage et Sémiologie, journaliste culturel au quotidien Neues Deutschland, journalisme économique… Vous avez une formation très impressionnante et éclectique. Toutes ces vies sont autant de sources d’inspiration ?
Le fil conducteur de tout cela, c’est seulement l’écriture…
C’est le premier livre que vous auto publiez sur monBestSeller. Comment y êtes-vous arrivée ? Pourquoi cette démarche ? Qu’en attendez-vous ? Que vous apporte-t-elle ?
Ma famille et mes amis l’avaient lu et m’ont beaucoup soutenue lorsque je me sentais découragée. Je leur dois beaucoup. Et plus récemment, mon mari m’a dit : pourquoi ce roman reste-t-il dans ton tiroir ? Mets-le en ligne, tu en feras profiter d’autres personnes. Alors, je l’ai écouté… J’aurais aimé que l’on fasse cela pour moi en tant que lectrice.
Et cela m’apporte beaucoup en tant qu’auteur. Les commentaires font chaud au cœur : on se dit qu’on n’a pas travaillé pour rien. Les remarques m’aident à progresser : j’ai déjà revu deux fois ma mise en page grâce à eux. Enfin, cela permet de poser un tout autre regard sur son travail.
Par exemple,
Cela peut paraître étrange : on est souvent myope devant son propre travail…
Que vous inspire d’être élue Sélection du mois et ainsi nominée au Prix Concours de l’Auteur Indépendant 2017 ?
Beaucoup de reconnaissance et de joie. Et j’ai encore un peu de mal à y croire. Je vous remercie de tout cœur.
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@Delphine ROBIN
Chère Delphine, merci beaucoup, cela me fait très plaisir! Je vous souhaite une très bonne lecture,
Bien à vous,
Audrey
Bonjour @Audrey Baum, je vous fais parvenir toutes mes félicitations et je m'empresse de mettre votre oeuvre dans ma bibliothèque.
Grande hâte de découvrir votre prose et je ne manquerais pas de vous faire un retour. L'interview donne envie de vous connaître et de vous lire, je pense que je vais passer de bons moments avec votre roman.
A bientôt, Delphine
Chère @Audray Baum, comme vous avez raison ! La musique comme la danse et le sang coulent en nous naturellement. La musique comme vous le dîtes, et plus intimement le piano, me font danser le corps et le coeur depuis... le début ! Je "joue" du piano en dansant et plusieurs fois par semaine lors de mes cours de classique, mais rapproche tendrement le bout de mes doigts de mon clavier ces derniers mois. Je prends donc vos encouragements avec joie.
Tout cela n'est que mouvement du dehors et dedans, comme l'écriture finalement. Et il est doux de partager cette sensibilité et cette expérience artistique avec vous. Merci encore et beaucoup !
J'en profite pour excuser les coquilles de mon message précédent et vous féliciter à nouveau chaleureusement.
Vera
@Vera Seret
Chère Vera,
Merci beaucoup pour votre message qui m'a beaucoup touchée. Je vous souhaite une bonne lecture.
Et si ce livre pouvait vous rendre à votre piano, j'en serais très heureuse...
La musique est la respiration de notre humanité. Agés de quelques mois, nous ne savons pas encore parler, mais nous rayonnons déjà de joie en entendant de la musique. Nous savons déjà en faire, avec tout ce qui est à notre portée.. Avant de naître, et puis après, la musique nous transporte déjà.
Ne faites pas attendre votre piano, allez lui rendre visite, je suis sûre que vous lui manquez autant qu'il vous manque...
Chaleureusement,
Audrey
Chère @Audrey Baum, toutes et mes plus sincères félicitations pour votre nomination ! Je m'empresse d'aller poser votre roman dans ma bibliothèque.
Qu'il embrasse le piano et les sentiments humains me donne sincèrement envie de le découvrir. Et puis, à lire les lignes de votre touchante interview, vos mots précis et le vécu de votre processus d'écriture, je n'ai aucun doute sur la sensibilité votre roman. L'auteure-danseuse que je suis pourra part fut très inspirée par votre témoignage...
Peut-être votre livre me portera-t-il à créer du temps pour me remettre devant mon piano, moi qui en rêve depuis un bon et trop long petit moment maintenant ! J'ai donc hâte de lire la couleur des sons de vos phrases, mais ne vous impatientez pas.
Bravo encore et tout plein.
Chaleureusement.
Vera
@Sandrine C
Merci beaucoup Sandrine! Vous avez vu, j'ai rajouté des alinéas plus nets:) Mais il faut encore que j'aère le texte. Bien à vous
Je suis heureuse de vous voir nominée et ravie d'avoir lu cet interview qui ressemble à l'idée que je me faisais de l'auteure de ce très beau roman. Bravo encore.
@Michel CANAL
Merci beaucoup. Ma mère dit toujours que le piano (et le chat!) sont l'âme de la maison. Ce n'est pas étonnant que cet instrument qui sait parler au-delà des mots suscite autant de belles histoires. Bonne lecture à vous
@PhilippeMangion
Merci pour votre message. Bonne lecture, bon voyage au fil des pages;)
@Pierrick Blin-Paulin
Je suis contente que le roman vous plaise.
Et merci pour Martha Argerich. C'est peut-être banal à dire, mais la musique est vraiment la plus universelle des langues... Bien à vous
@ Letellier Patrick
Merci beaucoup de votre message. C'est magnifique que vous lisiez depuis un bateau, c'est tout à fait approprié car le Pont des Arts fait tellement penser à un pont de navire... C'est tellement agréable aussi de voir les bateaux passer dessous à travers les interstices des planches;) Bonne connexion et bonne lecture
Chère @Audrey Baum, j'ai beaucoup hésité à mettre ce commentaire pour parler d'une autre histoire d'amour et de piano, tellement dans un autre genre, persuadé qu'elle pourrait vous faire offense. Je m'y suis risqué finalement car tant de caractéristiques vous rapprochent de mon personnage, professeure d'histoire, pianiste, amoureuse (passionnée), brillante... j'arrêterai là la comparaison, la romance s'étant construite en suivant un autre processus.
Ce sera donc pour moi un plaisir de découvrir votre écriture qui vous a valu d'être la nominée du mois de juin, ce dont je vous félicite.
Au plaisir de vous lire. Avec toute ma sympathie.
Bravo @Audrey Baum ! Le thème, l'interview et la lecture des premières pages donnent vraiment envie de se laisser emporter par votre roman.
@Audrey Baum Je viens de lire quelques pages de votre roman avant de m'y consacrer totalement. Vous avez une écriture magnifique, toute en subtilité, élégance et grâce. Comme vous, je joue du piano depuis l'âge de neuf ans mais j'ai quelques années de plus que vous. Et j'ai eu l'immense honneur de rencontrer Barenboïm il y a une vingtaine d'années, à Paris. Je vous souhaite de vivre une belle aventure avec votre livre et ne manquerai pas de revenir vers vous lorsque je l'aurai terminé. Bien à vous.
Je ne résiste pas au plaisir de vous offrir cet instant sublime : https://www.youtube.com/watch?v=wjghYFgt8Zk