
Transfert sur ma page de l'article à la rubrique "ACTUALITÉ" du 5 Déc. 2022 : « Margueritte et Radiguet : l'un censuré, l'autre pas. »
Une suite aux articles sur la censure, celles qui peuvent paraître légitimes, celles qui sont inattendues et celles qui auraient pu être prononcées.
De Raymond Radiguet à Victor Margueritte, une réflexion sur l'art, la Société et les contextes mystérieux qui gèrent la licence parfois comme un loterie.
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Mon amie, il y a des cas où la curiosité n'est pas un vilain défaut. Cet écrit ne justifiait pas de rameuter le ban et l'arrière-ban. Juste pour info ! Tu le sais, j'aime écrire si un sujet me tient à coeur.
Merci pour ton passage sur cette page. Si le personnage devenu un mythe a pu éveiller ton esprit, j'en suis heureux. C'était le but !
Je vais te faire une confidence, je continue de faire des recherches à son sujet. Je n'en reviens pas de constater que malgré son âge il ait pu avoir autant de relations avec des célébrités du monde artistique alors que jusqu'en décembre 1918 le pays était en guerre. Il y avait donc une vie "à l'arrière", loin probablement des préoccupations du front, des tranchées, du millier de morts quotidiennement, de la difficulté d'approvisionnement. Peut-être cela incitait-il à croquer la vie à pleines dents, de profiter de l'instant présent. Encore plus juste après la fin des hostilités. Ce n'est pas pour rien que ces années ont été qualifiées "les années folles".
Pour ce qui te concerne, je sais que tu t'es assagie, que tu es moins dans la D/S, dans la séduction aussi depuis que tu as trouvé cette amante dont tu m'avais parlé. Tu es jeune, profite de la vie.
Je t'embrasse aussi très fort. MC
Merci @Zoé Florent pour ton commentaire-notation.
Oui, le choix de ces deux auteurs illustre bien que selon la situation de l’auteur (à cette période si particulière de l’immédiat d’après-guerre 1914-18) la tolérance à la sortie d’un roman pouvait être à géométrie variable.
Le jeune Radiguet, bien qu’il fit outrage aux bonnes moeurs à la fois par son comportement et par la publication de son premier roman dont la promotion par l’éditeur était inédite, volontairement scandaleuse pour en assurer le succès, aucune décision de Justice ne fut prononcée. Ni pour détournement de mineur, ni pour dénoncer sa liaison homosexuelle avec Jean Cocteau, ni pour interdire la publication du roman. Pire, son décès en fit un mythe pour la jeunesse de sa génération... et pour la postérité.
A contrario, l’auteur déjà connu au répertoire élogieux, probablement célèbre puisque ancien président honoraire de la Société des gens de lettres, ancien officier de cavalerie (arme prestigieuse), commandeur dans l’Ordre de la Légion d’honneur, a d’emblée suscité un scandale "retentissant" après la publication de son roman La garçonne. La raison : son personnage était une jeune femme athée, qui victime d’un mariage arrangé, trompée, se venge en cumulant les outrages aux bonnes moeurs. Elle se donne au premier venu après avoir surpris son mari avec une maîtresse peu après leur mariage, coupe ses cheveux, acquiert son indépendance financière en qualité de chef d'entreprise, mène une vie sexuelle très libre avec des partenaires aussi bien masculins que féminins, fume de l’opium, prise de la cocaïne, dénonce le machisme qui n’admet pas l’égalité hommes-femmes, se lie avec un professeur de philosophie pacifiste, partisan de l’égalité des sexes et du droit de vote des femmes, sympathisant de la Révolution russe...
Lui n’échappe pas à la vindicte populaire. Il cristallise probablement tout ce que la bien-pensance reprochait au dérèglement des moeurs motivé par le besoin de renouveau des Années folles après ces quatre années d’une guerre aussi atroce et si lourde de conséquences. Lui-même pacifiste, ardent défenseur de l’émancipation des femmes, du rapprochement des peuples, collaborant aux journaux de la mouvance internationale et communiste, il subit l’opprobre tout à la fois de la classe politique, des féministes, du Vatican, des ligues de vertu, l’acharnement d’un général influent qui s’était illustré durant la guerre, ancien chef d’état-major général des armées françaises en 1915, qui était aussi député de la vague "bleu horizon", président de la Commission de l’armée à l'Assemblée, président de la Ligue des pères de familles nombreuses (que Clémenceau affublait de surnoms tels que "le capucin botté", "le général de la Jésuitière"), lequel obtiendra de le faire radier de l’Ordre de la légion d’honneur... la pire des sanctions pour cet ancien officier.
Merci Michèle, de me donner l’occasion d’apporter ces précisions.
Avec toute mon amitié d’auteur depuis 2015. MC