Transfert sur ma page de l'article à la rubrique "ACTUALITÉ" du 5 Déc. 2022 : « Margueritte et Radiguet : l'un censuré, l'autre pas. »
Une suite aux articles sur la censure, celles qui peuvent paraître légitimes, celles qui sont inattendues et celles qui auraient pu être prononcées.
De Raymond Radiguet à Victor Margueritte, une réflexion sur l'art, la Société et les contextes mystérieux qui gèrent la licence parfois comme un loterie.
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Merci, @Patrice Dumas, pour votre commentaire. Oui, je suis d'accord avec vous. Mais il ne faut pas ignorer qu'elles le font surtout et avant tout parce qu'elles savent que les écrits de ces auteurs laissent présager beaucoup de royalties.
C'est ainsi ! L'argent est le nerf de la guerre aussi pour les entreprises... Alors tous les moyens sont bons, même s'ils doivent heurter la morale de la société. Le scandale s'est avéré porteur.
Une perception qui évolue — heureusement — au fil du temps. On l'a vu pour les premiers écrits de Colette, les "Claudine", dont le premier a été publié en 1900 ; pour "La garçonne" de Victor Margueritte ; pour "Histoire d'O" et pour "Bonjour tristesse", publiés en 1954 ; les "Emmanuelle", publiés d'abord clandestinement en 1959 et 1960. Aujourd'hui, Mai 68 est passé par là, tous ces écrits jadis offensants pour les bonnes moeurs sont passés en mode acceptable, catégorisés seulement érotiques. MC
Oui @Walter OEUX, la censure semble échapper à la logique. Ne serait-ce qu'à travers l'oeuvre et la situation en tant que personnes des trois auteurs cités dans ma réponse à Michel Laurent (juste avant votre commentaire). Et pourtant, l'homosexualité était plus qu'un simple délit à l'époque de Radiguet, Cocteau et Colette. Victor Margueritte en a payé le prix fort avec son roman "La garçonne".
Pour ce qui est du wokisme, vous avez raison. Le jardin des supplices (d'Octave Mirbeau) en était je pense la première expression par la bouche de Clara : la dénonciation des abominables massacres perpétrés par les colonialismes français et anglais qui transforment des continents entiers en de véritables jardins des supplices ; la remise en question de la "pseudo-civilisation occidentale" et des prétendues valeurs humanistes dont elle se targue.
Merci pour votre commentaire. MC
Merci infiniment, @Michel Laurent, pour votre commentaire.
Oui, quel parcours avec ses fréquentations de célébrités, ses conquêtes amoureuses, et quel destin que celui du jeune Radiguet ! Mourir déjà célèbre à vingt ans !... Et encore célébré un siècle plus tard.
Il était intéressant d'opposer les destins de ces deux oeuvres publiées à peu d'intervalle. Surtout que Victor Margueritte avait un passé à la fois militaire et littéraire.
Colette a eu plus de chance avec la série de ses "Claudine", sa liberté de moeurs, sa liaison avec Mathilde de Morny (Missy) et sa réputation sulfureuse qui lui a seulement valu le refus d'un enterrement religieux. Titulaire de la Légion d'honneur au grade de Grand officier, elle a été la première femme à avoir droit à des obsèques nationales.
Les destins peuvent être tellement différents ! Question de relations, de contexte...
@Michel CANAL
Merci et bravo pour toutes ces informations biographiques intéressantes. J'avoue avoir découvert ce Victor Margueritte qui m'était totalement inconnu. Ces destins, celui de Radiguet en particulier, sont étonnamment modernes. Et quelle fulgurance! Je me demande si, beaucoup plus tard, Philippe Sollers avec son premier roman (Une curieuse solitude) n'aurait pas été un Radiguet (très) assagi et conscient d'avoir à ménager sa notoriété à venir.
Il s'agit bien de Raymond Radiguet et vous mettez effectivement surtout l'accent sur les techniques de marketing inédites dans le monde de l'édition de l'après première guerre mondiale et le fait qu'il ait bénéficié d'une grande clémence des censeurs de l'époque contrairement à Victor Margueritte.
En cherchant bien, je pense qu'on peut aussi trouver des exemples de ce 2 poids 2 mesures à l'heure actuelle...
Je vais tacher de retrouver la trace de retrouver la trace de ce reportage.
Merci pour ce partage.
Merci @ganax pour votre passage commenté.
C'est toujours un plaisir pour un auteur, quel que soit l'écrit, que le lecteur témoigne de son passage.
Il ne s'agit pas vraiment d'une biographie. D'autres l'ont fait avec succès et de manière exhaustive. J'avais saisi cette opportunité de parler de Raymond Radiguet et de Victor Margueritte dans le cadre d'un thème sur la censure. C'est cette émission à la télé qui m'a décidé. Le vrai sujet de cette nouvelle est la différence de traitement relative à deux écrits publiés à peu d'intervalle, l'un concernant le très jeune et prodige Raymond Radiguet, coqueluche des personnalités en vue à Montparnasse ; l'autre, l'écrivain déjà célèbre qui avait derrière lui (en plus) un passé militaire.
Vous avez raison (sur le fond) pour les "Onze mille verges" de Guillaume Apollinaire, (publié en 1907 et non en 1909). Mais d'une part la critique vertueuse s'était déjà usée sur les "Claudine" de Colette ; le premier, "Claudine à l'école", publié en 1900. et d'autre part, n'ayant signé que de ses initiales, la paternité du texte a été longtemps discutée car il n'a jamais été revendiqué explicitement par son auteur.
Avec toute ma sympathie. MC
PS : permettez-moi cependant de vous signaler une erreur dans votre commentaire. Vous laissez entendre que l'histoire filante est Man Ray. Lui est décédé en 1976 à 86 ans. J'ai bien compris que vous vouliez dire Raymond Radiguet.
@Michel CANAL
C'est rare de croiser des biographies, qui plus est d'auteur, sur ce site mais cela m'a donné l'envie, par la même occasion, de découvrir l'oeuvre de l'étoile filante qu'était Man Ray.
Je met en parralèle votre texte avec la publication "les 11000 verges" en 1909 par Guillaume Appolinaire, un de leur quasi contemporain et je me demandais quel traitement médiatique, voire judiciaire avait il subi à cette époque?
Mon amie, il y a des cas où la curiosité n'est pas un vilain défaut. Cet écrit ne justifiait pas de rameuter le ban et l'arrière-ban. Juste pour info ! Tu le sais, j'aime écrire si un sujet me tient à coeur.
Merci pour ton passage sur cette page. Si le personnage devenu un mythe a pu éveiller ton esprit, j'en suis heureux. C'était le but !
Je vais te faire une confidence, je continue de faire des recherches à son sujet. Je n'en reviens pas de constater que malgré son âge il ait pu avoir autant de relations avec des célébrités du monde artistique alors que jusqu'en décembre 1918 le pays était en guerre. Il y avait donc une vie "à l'arrière", loin probablement des préoccupations du front, des tranchées, du millier de morts quotidiennement, de la difficulté d'approvisionnement. Peut-être cela incitait-il à croquer la vie à pleines dents, de profiter de l'instant présent. Encore plus juste après la fin des hostilités. Ce n'est pas pour rien que ces années ont été qualifiées "les années folles".
Pour ce qui te concerne, je sais que tu t'es assagie, que tu es moins dans la D/S, dans la séduction aussi depuis que tu as trouvé cette amante dont tu m'avais parlé. Tu es jeune, profite de la vie.
Je t'embrasse aussi très fort. MC
Merci @Zoé Florent pour ton commentaire-notation.
Oui, le choix de ces deux auteurs illustre bien que selon la situation de l’auteur (à cette période si particulière de l’immédiat d’après-guerre 1914-18) la tolérance à la sortie d’un roman pouvait être à géométrie variable.
Le jeune Radiguet, bien qu’il fit outrage aux bonnes moeurs à la fois par son comportement et par la publication de son premier roman dont la promotion par l’éditeur était inédite, volontairement scandaleuse pour en assurer le succès, aucune décision de Justice ne fut prononcée. Ni pour détournement de mineur, ni pour dénoncer sa liaison homosexuelle avec Jean Cocteau, ni pour interdire la publication du roman. Pire, son décès en fit un mythe pour la jeunesse de sa génération... et pour la postérité.
A contrario, l’auteur déjà connu au répertoire élogieux, probablement célèbre puisque ancien président honoraire de la Société des gens de lettres, ancien officier de cavalerie (arme prestigieuse), commandeur dans l’Ordre de la Légion d’honneur, a d’emblée suscité un scandale "retentissant" après la publication de son roman La garçonne. La raison : son personnage était une jeune femme athée, qui victime d’un mariage arrangé, trompée, se venge en cumulant les outrages aux bonnes moeurs. Elle se donne au premier venu après avoir surpris son mari avec une maîtresse peu après leur mariage, coupe ses cheveux, acquiert son indépendance financière en qualité de chef d'entreprise, mène une vie sexuelle très libre avec des partenaires aussi bien masculins que féminins, fume de l’opium, prise de la cocaïne, dénonce le machisme qui n’admet pas l’égalité hommes-femmes, se lie avec un professeur de philosophie pacifiste, partisan de l’égalité des sexes et du droit de vote des femmes, sympathisant de la Révolution russe...
Lui n’échappe pas à la vindicte populaire. Il cristallise probablement tout ce que la bien-pensance reprochait au dérèglement des moeurs motivé par le besoin de renouveau des Années folles après ces quatre années d’une guerre aussi atroce et si lourde de conséquences. Lui-même pacifiste, ardent défenseur de l’émancipation des femmes, du rapprochement des peuples, collaborant aux journaux de la mouvance internationale et communiste, il subit l’opprobre tout à la fois de la classe politique, des féministes, du Vatican, des ligues de vertu, l’acharnement d’un général influent qui s’était illustré durant la guerre, ancien chef d’état-major général des armées françaises en 1915, qui était aussi député de la vague "bleu horizon", président de la Commission de l’armée à l'Assemblée, président de la Ligue des pères de familles nombreuses (que Clémenceau affublait de surnoms tels que "le capucin botté", "le général de la Jésuitière"), lequel obtiendra de le faire radier de l’Ordre de la légion d’honneur... la pire des sanctions pour cet ancien officier.
Merci Michèle, de me donner l’occasion d’apporter ces précisions.
Avec toute mon amitié d’auteur depuis 2015. MC