"Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir". Alfred va apprendre à ses dépens le bien fondé de cette sentence. Évidemment il pleut et il fait froid. Nous sommes en 1915, quelques minutes avant l'assaut.
Bonjour Constance,
J'ai commencé à lire votre nouvelle et j'avais hâte d'en connaître la fin. Ces lettres m'ont fait penser à celles de mon grand-père, même s'il n'y avait pas tous ces détails.
Comme vous le dites si bien " Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir". Alfred, dans cette situation dramatique a écrit ce qu'il ressentait sans penser au mal que cela pouvait engendrer.
J'ai beaucoup aimé votre texte. Très belle journée.
Elisa
Bonjour @Constance Rabet . Vraiment bien ce texte. Transmettre ce que fut l'horreur des tranchées en utilisant les lettres qu'un poilu a écrit à sa belle est une superbe idée qui nous plonge au milieu des combats, de la boue, de la peur, de la faim et du froid. Cela donne beaucoup plus de force au récit que s'il avait été écrit par un narrateur extérieur.
La lettre de Mitsy, écrite en phonétique est assez réaliste, même si l'on peut penser qu'à cette époque, l'écriture et l'orthographe étaient les matières principales de l'école communale. Mais vous avez travaillé avec des documents, ce qui donne à votre texte beaucoup d'authenticité.
@Constance Rabet.
Je reviens vers vous car ce problème de "l'orthographe phonétique" me tracasse.
Je vais me permettre de vous poser une question : quelles sont - exactement - les sources dont vous semblez si certaines ?
Pris d'un doute, j'ai compulsé à nouveau mes archives personnelles. Il se trouve que les correspondances dont je faisais état émanaient de simples paysans savoyards ainsi que de mon arrière grand-père Albert A. - celui-ci, simple ouvrier pâtissier, écrivait dans une lettre à son fils Jacques : "prend bien soin de ton orthographe" -. Je peux vous assurer que la langue française y était maniée correctement quoique avec simplicité. J'ai aussi une réticence quant à "l’illettrisme" des classes populaires : ma grand-mère - née Germaine E. en 1903 -, fille d'un meunier savoyard avait été à l'école, de même que ses frères et sœurs et tous les enfants du village se Seythenex.
Sans doute allez-vous juger que mon propos n'est que "pinaillage" d'ancien professeur ; permettez-moi, simplement, de considérer que la "fiction historique" est une discipline dans laquelle l'auteur se doit d'éviter toute approximation mettant en danger ce que je nomme la "cohérence chronologique".
Une fois de plus, mes remarques n'ôtent rien à votre talent - confirmé - de conteuse.
Cordialement.
Boris Phillips.
@Boris Phillips @René Sauvage
Merci à vous deux pour vos gentilles remarques. Je tiens à préciser que cette nouvelle n'avait pas d'autre but que de se caractériser essentiellement par une narration fictionnelle, d'où les libertés d'ordre parfois lyriques que j'ai pu prendre en écrivant les deux lettres d'Alfred, et celles nettement plus bâtées que j'ai pu prendre pour rédiger la "bafouille" de Mitsy. Si la base de cette nouvelle est ancrée dans l'Histoire, sa part la plus importante a donc été offerte à l'imagination, dans l'acception de l’adjectif « romanesque » qui renvoie à l'extraordinaire des personnages, des situations et de l'intrigue. Pour avoir eu en main des lettres d'épouses et de fiancées de poilus, lettres entièrement dénuées de majuscules, de ponctuation, lettres saturées de fautes d'orthographe, et comme pissées d'un seul bloc, je peux là encore dire que j'ai pris certaines libertés pour composer la partition de Mitsy (cette âpre logique phonétique de l'illettrée) afin d'y apporter une note tragi-comique. J'ai longuement hésité à adjoindre une copie de cette lettre en "clair". Et puis je me suis dit qu'il serait bien mieux que le lecteur se sensibilise à l'effort que la demoiselle a dû déployer pour "torcher" sa terrible correspondance.
D'où ma reconnaissance envers tous ceux qui ont bien voulu jouer le jeu, au péril de leur entendement.
On a du mal à imaginer autant d’envolées littéraires en pareils moments, pourtant on vous lit sans une seconde mettre en doute que cela ait pu exister. Et c’est un clin d’œil en ce jour d’armistice d’une autre boucherie que de vous lire, de le lire.
@Constance Rabet.
L'intrigue - dans sa forme épistolaire - est fort bien menée et tout à fait crédible ; les étoiles sont donc méritées !
J'ai en ma possession des lettres échangées entre des soldats et leurs familles - il s'agit d'archives personnelles - et je puis vous assurer que l'orthographe phonétique - anachronisme - n'a jamais existé !
Ces remarques n'ôtent rien à votre talent de conteuse... Vivement la prochaine.
Cordialement.
Boris Phillips.
C'est une très belle nouvelle que vous avez écrite, qui montre l'horreur de la guerre, et qui est présentée d'une manière originale, sous forme de ces lettres très différentes. Merci pour ce bon moment de lecture.
@Constance Rabet, happée par vos plans-séquence, j'ai suivi Alfred pas à pas dans sa descente aux enfers. Votre texte est percutant tant par sa forme inédite que par le fond ciselé au cordeau. Je vous remercie pour ce très fort moment de lecture. Cordialement. Fanny
En tout cas vous défendez bien votre texte. Je suis d'accord avec ce que vous dites du style surprenant que l'on trouve parfois dans les lettres de poilus, je sais très bien que la dysorthographie, même importante, n'est pas signe de crétinisme. Je ressentais dans la lecture de votre nouvelle des effets un peu outranciers, rien de plus. Conclusion : j'irai avec grand plaisir lire et commenter votre prochain texte !
@Aubert Eude 2
Merci beaucoup pour cette critique très détaillée. Concernant le style d'Alfred, je me suis inspirée de lettres de Poilus dont les plus remarquables sont rédigées avec une précision, une poésie et un style émotionnel des plus étonnants. Style que l'on ne retrouve pas forcément chez l'ouvrier, le travailleur manuel du XXI s.. Le boulanger, le menuisier, le cordonnier, à savoir une bonne partie du populo, savaient manier la langue française avec une éloquence assez rare, voire troublante, en regard de leur humble niveau d'éducation. Il faut se mettre à leur place, cette boucherie sans nom, l'imminence de la mort, devait certainement déployer en eux une inspiration très éloignée des hommes et beaucoup plus proche des cieux.
Concernant la rédaction de la lettre de Mitsy, être analphabète, ne veut absolument pas dire être demeuré, loin de là. Mitsy est une fille simple, certes, mais qui pense et s'exprime oralement d'une manière on ne peut plus sensible. Je la vois beaucoup plus avoir fait un blocage sur l'écriture (peut-être à cause d'une dyslexie) que proprement inculte et illettrée. J'avais dans le temps un ami qui s'appelait Boulanger, lequel avait une quinzaine d'années de plus que moi. Eh bien, il s'exprimait exactement comme Céline écrivait. Les expressions stylistiques, les émotions, les fulgurances, lui sortaient de la bouche comme autant de postillons. Et ce fameux Boulanger avait quitté l'école à quatorze ans pour devenir tourneur-fraiseur, sans savoir presque ni lire ni écrire. Il ne connaissait même pas Céline, et mes amis et moi, nous pouvions passer des heures entières à l'écouter parler. Car il nous médusait à chacune de ses phrases, nous faisait rire et pleurer sur place. Un grand écrivain ce Boulanger qui signait presque d'un X pour orthographier son nom. Tout autant, là encore, je me suis inspirée de lettres d'épouses et de fiancées saturées de fautes, écrites d'un seul bloc au crayon à mine, sans majuscule, mais dont les qualités humaines dépassent l'entendement. Concernant enfin la méthode Ogino-Knaus, un bon point pour vous. J'étais convaincue qu'elle datait du tout début du XXème siècle. J'ai donc ôté ce brave "Ogino", tout en gardant la prescience de la cousine, comme je pense que les femmes devaient connaître cette technique contraceptive depuis beaucoup plus longtemps que ce fameux gynécologue Japonais. Encore merci pour votre lecture.
Quel curieux mélange que cette nouvelle ! La forme épistolaire est tout à fait intéressante, certains passages sont fort bien réussis (l'attente qui précède le combat, par exemple). En revanche, j'ai été un peu gêné par le style assez peu crédible de votre soldat : à la fois ampoulé et caustique, faussement relâché à d'autres moments. Il me semble qu'aucune lettre de ces années-là et dans de telles circonstances n'a dû ressembler à cela. Quand à la brave Mitsy, vous y allez très fort ! Son orthographe est, certes, bien difficile mais elle ne s'exprime finalement pas si mal que cela ! Elle possède un vocabulaire que n'avait certainement pas une fille aussi peu instruite que vous le suggérez. Petit détail encore, Ogino (dont parle Mitsy en 1916 !) n'a publié sa célèbre méthode qu'en 1924 !
C'est dommage et cela nuit au côté percutant qu'aurait pu avoir votre nouvelle. Je mets quatre étoiles car l'idée est très bonne malgré tout. Merci pour ce partage.
Ce livre est noté par
@Constance Rabet.
Je reviens vers vous car ce problème de "l'orthographe phonétique" me tracasse.
Je vais me permettre de vous poser une question : quelles sont - exactement - les sources dont vous semblez si certaines ?
Pris d'un doute, j'ai compulsé à nouveau mes archives personnelles. Il se trouve que les correspondances dont je faisais état émanaient de simples paysans savoyards ainsi que de mon arrière grand-père Albert A. - celui-ci, simple ouvrier pâtissier, écrivait dans une lettre à son fils Jacques : "prend bien soin de ton orthographe" -. Je peux vous assurer que la langue française y était maniée correctement quoique avec simplicité. J'ai aussi une réticence quant à "l’illettrisme" des classes populaires : ma grand-mère - née Germaine E. en 1903 -, fille d'un meunier savoyard avait été à l'école, de même que ses frères et sœurs et tous les enfants du village se Seythenex.
Sans doute allez-vous juger que mon propos n'est que "pinaillage" d'ancien professeur ; permettez-moi, simplement, de considérer que la "fiction historique" est une discipline dans laquelle l'auteur se doit d'éviter toute approximation mettant en danger ce que je nomme la "cohérence chronologique".
Une fois de plus, mes remarques n'ôtent rien à votre talent - confirmé - de conteuse.
Cordialement.
Boris Phillips.
@Boris Phillips
@René Sauvage
Merci à vous deux pour vos gentilles remarques. Je tiens à préciser que cette nouvelle n'avait pas d'autre but que de se caractériser essentiellement par une narration fictionnelle, d'où les libertés d'ordre parfois lyriques que j'ai pu prendre en écrivant les deux lettres d'Alfred, et celles nettement plus bâtées que j'ai pu prendre pour rédiger la "bafouille" de Mitsy. Si la base de cette nouvelle est ancrée dans l'Histoire, sa part la plus importante a donc été offerte à l'imagination, dans l'acception de l’adjectif « romanesque » qui renvoie à l'extraordinaire des personnages, des situations et de l'intrigue. Pour avoir eu en main des lettres d'épouses et de fiancées de poilus, lettres entièrement dénuées de majuscules, de ponctuation, lettres saturées de fautes d'orthographe, et comme pissées d'un seul bloc, je peux là encore dire que j'ai pris certaines libertés pour composer la partition de Mitsy (cette âpre logique phonétique de l'illettrée) afin d'y apporter une note tragi-comique. J'ai longuement hésité à adjoindre une copie de cette lettre en "clair". Et puis je me suis dit qu'il serait bien mieux que le lecteur se sensibilise à l'effort que la demoiselle a dû déployer pour "torcher" sa terrible correspondance.
D'où ma reconnaissance envers tous ceux qui ont bien voulu jouer le jeu, au péril de leur entendement.
@mahaut7377
Merci beaucoup Mahaut.
@FANNY DUMOND
Merci beaucoup pour ce gentil commentaire.
En tout cas vous défendez bien votre texte. Je suis d'accord avec ce que vous dites du style surprenant que l'on trouve parfois dans les lettres de poilus, je sais très bien que la dysorthographie, même importante, n'est pas signe de crétinisme. Je ressentais dans la lecture de votre nouvelle des effets un peu outranciers, rien de plus. Conclusion : j'irai avec grand plaisir lire et commenter votre prochain texte !
@Aubert Eude 2
Merci beaucoup pour cette critique très détaillée. Concernant le style d'Alfred, je me suis inspirée de lettres de Poilus dont les plus remarquables sont rédigées avec une précision, une poésie et un style émotionnel des plus étonnants. Style que l'on ne retrouve pas forcément chez l'ouvrier, le travailleur manuel du XXI s.. Le boulanger, le menuisier, le cordonnier, à savoir une bonne partie du populo, savaient manier la langue française avec une éloquence assez rare, voire troublante, en regard de leur humble niveau d'éducation. Il faut se mettre à leur place, cette boucherie sans nom, l'imminence de la mort, devait certainement déployer en eux une inspiration très éloignée des hommes et beaucoup plus proche des cieux.
Concernant la rédaction de la lettre de Mitsy, être analphabète, ne veut absolument pas dire être demeuré, loin de là. Mitsy est une fille simple, certes, mais qui pense et s'exprime oralement d'une manière on ne peut plus sensible. Je la vois beaucoup plus avoir fait un blocage sur l'écriture (peut-être à cause d'une dyslexie) que proprement inculte et illettrée. J'avais dans le temps un ami qui s'appelait Boulanger, lequel avait une quinzaine d'années de plus que moi. Eh bien, il s'exprimait exactement comme Céline écrivait. Les expressions stylistiques, les émotions, les fulgurances, lui sortaient de la bouche comme autant de postillons. Et ce fameux Boulanger avait quitté l'école à quatorze ans pour devenir tourneur-fraiseur, sans savoir presque ni lire ni écrire. Il ne connaissait même pas Céline, et mes amis et moi, nous pouvions passer des heures entières à l'écouter parler. Car il nous médusait à chacune de ses phrases, nous faisait rire et pleurer sur place. Un grand écrivain ce Boulanger qui signait presque d'un X pour orthographier son nom. Tout autant, là encore, je me suis inspirée de lettres d'épouses et de fiancées saturées de fautes, écrites d'un seul bloc au crayon à mine, sans majuscule, mais dont les qualités humaines dépassent l'entendement. Concernant enfin la méthode Ogino-Knaus, un bon point pour vous. J'étais convaincue qu'elle datait du tout début du XXème siècle. J'ai donc ôté ce brave "Ogino", tout en gardant la prescience de la cousine, comme je pense que les femmes devaient connaître cette technique contraceptive depuis beaucoup plus longtemps que ce fameux gynécologue Japonais. Encore merci pour votre lecture.