Bonjour Zoé, j’ai choisi de lire ce texte court pour faire connaissance avec votre écriture. Votre nouvelle explore la complexité d’un couple, Véra et Renan, dont l’amour s’effrite, notamment à travers des questions de maternité et d’incompatibilité de modes de vie. Renan est un homme en conflit avec lui-même, hésitant entre indépendance et besoin de connexion, tandis que Véra semble atteindre une lucidité douloureuse mais libératrice sur la fin inévitable de leur relation. Vous avez su rendre ses tiraillements intérieurs et extérieurs, avec des dialogues chargés de sous-entendus et d’amertume. Les non-dits sont omniprésents, et c’est là que l’on sent toute la profondeur du conflit. Il y a clairement des couches inconscientes de frustration, de peur, et d'espoir déçu, des deux côtés. Cette spirale de malentendus n’est pas forcément un échec, mais peut-être un reflet du chemin intérieur qu’ils doivent encore parcourir pour mieux se comprendre eux-mêmes et, éventuellement, l’autre. Ne dit-on pas que parfois, le conflit n’est pas à résoudre immédiatement, mais à observer avec bienveillance ?
Ce qui m'a frappée, c'est cette tension non résolue, qui n'est pas nécessairement un échec, mais plutôt une exploration des émotions difficiles. Les malentendus entre Véra et Renan paraissent révéler leur besoin de comprendre encore plus profondément leurs propres sentiments. C’est ce qui rend leur parcours tellement émouvant et humain.
En revanche, ce qui a freiné ma lecture, c’est votre choix de placer le lecteur dans une position d'observateur extérieur, un peu à distance, comme si vous vouliez que le lecteur assiste à la scène sans trop s'y engager émotionnellement. Ce style crée cette distance, tout en laissant des interstices pour que le lecteur perçoive la profondeur des conflits sans les vivre intensément. Ce qui en ressort, pour moi, lectrice, c'est la façon dont un texte peut créer des barrières ou inviter le lecteur à s'engager différemment. C’est à cause de cette distance, que je vous prive d’un cœur ! Mais remarquez que ce n’est que « personnel », d’autres lecteurs n’éprouveront pas le même sentiment.
Publié le 16 Octobre 2024