Hôpital des Myosotis.
D'extensions en extensions, le bâtiment de psychiatrie, se retrouva à surplomber un vieux cimetière collé au cul d'une vieille église.
Madeleine, une soixantenaire emmitouflée dans son fauteuil, calée devant la fenêtre, observait à longueur de journée, les allées et venues du cimetière.
Jean, un quinquagénaire, passait le plus clair de son temps à draguer les pensionnaires, hommes ou femmes, sans distinctions.
Attouchements plus ou moins discrets et grossièretés clamées ou chuchotées dans l'oreille.
Comme il était fou, on lui pardonnait tout.
John et Maurice passaient des heures à regarder le cimetière. Ils s'amusaient, imaginant des personnages fantastiques, zombies, morts vivants, fantômes, squelettes, se faufilant furtivement à travers les tombes, animés par de funestes desseins, leur inventant des idylles romanesques ou des intrigues morbides.
— J'aimerais visiter ce cimetière, déclara Maurice.
— Je t'y emmènerais, ma chérie, c'est promis, lui répondit John.
— Il y a des visites organisées par l'hôpital, un jeudi sur deux, les informa Jean qui n'était jamais loin.
— Tu sais que je n'aime pas que tu m'appelles ma chérie.
— Mais tu es bien ma chérie, quand nous faisons l'amour ensemble.
— Je ne suis pas sûr que ce que nous faisons s'appelle l'amour, c'est juste une activité sexuelle destinée à nous procurer du plaisir.
— Alors, tu ne m'aimes pas ?
— Mais si je t'aime, mais ça me dérange que tu m'appelles ma chérie.
Le jeudi suivant, deux infirmières et trois brancardiers costauds accompagnèrent une douzaine de pensionnaires dans les allées bordées de platanes du cimetière.
Jean était de la sortie, profitant de la moindre occasion pour draguer Maurice.
Les noms calligraphiés dans le marbre signalaient la présence des corps et peut-être des âmes des occupants des lieux.
Main dans la main, John et Maurice s'arrêtèrent devant une pierre tombale de marbre rose sur laquelle se trouvaient les photos d'un couple "Rose et Gaston" et la sculpture d'un violon de pierre posée sur quelques partitions. Avec cette épitaphe "Où que tu sois, j'irai jouer de mon violon sous tes fenêtres - Gaston".
— C'est beau, ça c'est l'amour ! John, pas ce qu'on fait !
John ne répondit pas.
Ce soir-là, noyés dans les secrets lourds du silence de la nuit, John chevaucha Maurice plus amoureusement qu'à l'accoutumée. Il entraina Maurice dans sa jouissance dans un bouquet de caresses et de baisers.
— John,
— Oui,
— Tu m'as bien fait l'amour, ce soir.
— J'ai fait comme d'habitude, c'est dans ta tête.
— Non John, c'était mieux… John
— Oui
— Tu te souviens de la tombe, où il y avait le violon.
— Oui
— Il me semble que je l'entends
— Mais non, c'est dans ta tête… Dors !
— Non John, c'est pas dans ma tête, je l'entends ! C'est beau !
Tous les soirs, Maurice disait à John qu'il entendait le violon.
— Tu vas arrêter de m'ennuyer avec ce violon que tu crois entendre. Tu l'entends parce que tu es fou. Complètement dingue ! D'ailleurs, c'est pour ça que tu es là ! Ça m'étonnerait qu'un type comme lui se mette à jouer du violon pour un mec. Un mec comme toi, un pédé et dingue en plus !
— Tu es jaloux, John !
Maurice pleura pendant une grande partie de la nuit. John dormait profondément.
Tous les jours, toutes les nuits, Maurice entendait le violon et cela énervait John.
— John, veux-tu venir avec moi à la prochaine visite du cimetière ?
John acquiesça.
Ils allèrent ensemble à la visite du cimetière, Maurice n'avait qu'une hâte, visiter la tombe au violon. Quelle ne fut pas sa déception de voir qu'elle avait été vandalisée. Le manche et l'archer du violon avaient été brisés.
— C'est toi qui as fait ça, John ?
— Non !
— Tu mens, tu es un menteur, tu es jaloux ! Je sais que c'est toi qui as fait ça !
Ils rentrèrent à l'hôpital sans se dire le moindre mot.
— Pourquoi tu veux pas ?
— Parce que tu as cassé le violon de Gaston.
John insista, mais Maurice tint bon et ne voulut pas. Alors John dans une grande colère, leva la main sur Maurice mais ne le frappa pas, car ce dernier tomba et ne se releva pas.
Infirmières et médecins se précipitèrent, trop tard, arrêt cardiaque.
La police fit une enquête, et John, irresponsable, fut mis en cellule capitonnée.
Personne ne questionna Madeleine, qui pourtant avait vu Jean monter sur la tombe et piétiner le violon.
C'est ce soir-là, que Jean, seul dans son lit, entendit le violon pour la première fois.
Une musique stridulante et désagréable.
Fernand Fallou
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@lamish
Oui, ça me fait plaisir, de savoir que je ne suis pas le seul à avoir besoin d'une mise à jour... et pas que sur les histoires de c.. Sur beaucoup d'autres sujets, il parait qu'Einstein disait, "plus je sais de choses, plus je prends conscience de mon ignorance..." ce que je confirme. ( J'ai transposé ce qu'il a dit dans mon langage, un peu fruste.)
Moi aussi, ça m'intéresse de savoir comment les idées naissent dans ma tête. Ça, c'est la faute aux jardiniers de l'esprit, les auteurs du monde entier ... et de MBS !
@Parthemise33.
enfin, un peu de poésie dans cette histoire. je note vos conseils et je vous remercie de votre passage sur cette page.
@Kroussar
Même moi, je me perds dans le monde de mes personnages, sûrement, parce que je vois grand ! Bravo pour le comptage, mais on oublie les personnages morts, Rose et Gaston, qui eux aussi, jouent un rôle dans cette histoire et comptent à titre posthume. on peut, aussi faire six pas en arrière et voir, l'auteur, et les milliers de lecteurs entourés de leurs familles, concubins, concubines, enfants, voisins, cousins, cousines... Stop ! Si ont fait encore trois pas en arrière, on peut voir le ciel, les anges et les démons de chacun.
Je refais trois pas en avant, vite fait !
Ouf ! Je respire !
L’âme et le violon
Sur les cordes du temps pleure l’archet d’un coeur,
Monotones sanglots d’une vie intérieure
Jouant au violon la complainte des jours,
Lancinante musique des larmes de l’amour.
Michèle Brodowicz
Cher @Fernand Falllou, bien « qu’enchaîné» vous avez réussi à m’émouvoir. Comme quoi, en peu de mots, que de choses peuvent être exprimées !
Avez-vous lu « L’amour imparfait » de Claude Bourgeyx ? Un court roman formidable écrit dans les années 80. Si c’est non, lisez-le, s’il vous plaît. Merci Bisous Merci pour l’ensemble de votre œuvre.
@Fernand Fallou
/n
Et si, il y a une matheuse (et non mateuse, comme pourrait le dire les mauvaises langues...). En fait, comme Suzie, @suzie fong, j'ai compté le nombre de participants. Et je ne voulais, en aucun cas, lui voler la vedette. En fait, il y a 9 personnes identifiées, 9 inconnus parmi les pensionnaires, quelques policiers.
Solution = Madeleine, Jean, John et Maurice + 2 infirmières + 3 brancardiers + (une douzaine de pensionnaires - (Jean, John et Maurice qui font partie de la sortie au cimetière) + x policiers) > 18.
/n
Est-ce bien cela ?
Est-ce qu’un texte doit laisser une trace dans l’esprit du lecteur ?
Chacun de nous a sa réponse, en ce qui me concerne, c’est oui !
L’autre jour, il y avait un match de foot à la télé, et un film porno sur Canal +. Je demande à ma femme, quoi regarder ? Elle me répond, « Regarde le film porno, tu sais déjà jouer au foot ! » Je vous raconte ça, pour vous dire que sur certains sujets, j’ai effectivement besoin d’une mise à jour. Ça fait à peine quelques semaines, que je sais ce que veut dire « LGBT ».
Mardi 23 février, je regardais sur la une, un film, de la série Crime parfait… le titre annonce la couleur je me suis dit super ! L’épisode titrait « Il y a comme un froid entre nous », une super énigme.
Un restaurateur marié, tue un homme et le congèle, pour attendre la nuit, afin d’aller discrètement se débarrasser du corps dans la montagne pour faire croire à un accident. Sauf que l’huile de sa montre mécanique collector à 8500 euros, qu’il vient d’acheter, gèle à moins trente degrés ce qui empêche la montre de fonctionner. Evidement dès la décongélation, la montre repart et accuse un retard de 9 heures qui laisse perplexe l’enquêtrice. L’enquête démontre que le mort faisait chanter le restaurateur. Rôle tenu par Bruno Salomone. Il s’avère que l’objet du chantage est que le restaurateur avait une relation sexuelle avec le mort (de son vivant) et ce dernier le menaçait de tout dire à sa femme, avec photo à l’appui.
Ma femme, comme dirait Colombo, le lendemain regarde un film « C’est la faute à Rousseau » où là, on voit carrément deux adolescents (garçons) se faire l’amour. Bref, il n’y a plus un jour, où les auteurs de toutes ces fictions ne développent pas, des histoires où il y a des homosexuels.
Moi, dans ce texte, je ne prends la défense de personne. j’ai essayé de décrire ceux qui vivent mal cette contradiction. Ceux, qui qui après avoir frimé, un jour, plus ou moins déguisés, lors de la Gay Pride, se cachent pour vivre leurs fantasmes et culpabilisent. J’ai pris des malades psychiatriques pour atténuer le truc.
J’ai ajouté une petite note de mystère.
Oui, c’est vrai, il y a 4 personnages. Plus les personnages qui ne sont pas décrits : les deux malabars, accompagnateurs de la visite du cimetière, le personnel hospitalier, et les policiers qui mènent l’enquête.
Oh ! Purée, ça fait du monde, déduction, y a pas de matheux qui me lisent !
Cher @Kroussar
Je vous remercie de votre visite amicale. Oui, c’est un plaisir pour moi, et un challenge, de transformer la misère, la banalité et la détresse de la vie, en magie, sans faire appel à Baba Yaga, ou à la Fée Clochette.
Merci également, pour la publicité.
@Fernand Fallou
/n
Oui, c'est certain ! La plume de Fernand nous entraîne dans un monde bien à lui. Un monde où la douceur côtoie la folie, où la tendresse flirte avec l'horreur, où l'improbable bouscule la bienséance. Amis(es) lecteurs et lectrices à vos tablettes, de nombreuses nouvelles et romans vous attendent dans la boutique de Fernand.
/n
Merci à toi, pour cette belle participation.
Chère @Catarina Viti
Justement vous faites bien de me rappeler le nom de vos poules, car j’ai souvent pensé à vous et à vos poules en écrivant cette nouvelle (policière). Je mets « policière » entre parenthèses, parce qu’il y a bien : crime, cadavres et assassin, mais l’enquête ne dure qu’une douzaine de lignes.
Par contre, à la fin, je donne la recette de l’omelette d’œufs.
Donc si vous n’aimez pas l’omelette d’œufs (le texte) vous pourrez toujours aimer l’omelette d’œufs (La recette). Et extraordinaire possibilité, vous pouvez ne pas aimez le deux !
J’ai toujours pensé que ma mère avait fauté avec un génie ! (Sans bouillir)
Cher Fernand. "L'omelette aux œufs"... Je ne sais pas si je lirai votre nouvelle à Henriette, Cocotte & Shirley (mes poulettes, vous savez bien), car, je peux bien vous le dire à vous qui aimez tant les animaux -vous me comprendrez-, je n'ai toujours pas eu le courage de leur avouer ce que deviennent leurs jolis œufs. Elles croient encore qu'ils vont en vacances... N'hésitez pas à me prévenir quand votre histoire sera en ligne. Bonne journée.
Chère @Catarina Viti
Merci pour être venue me lire, et pendant que vous avez la poêle dans la main ne la lâchez pas. Mon prochain texte titre « l’omelette d’œufs » comme ça je sais qu’il y a au moins un membre de mbs qui est prêt à lire ce texte. J’espère continuer à vous faire rire. J’adore voir les gens rire autour de moi, à croire qu’un jour à l’insu de mon plein gré, on m’a fait manger du clown.
Qu'importe le nombre pourvu qu'on aye l'ivresse !
Je n'ai qu'un truc à dire : je me suis poilée. Merci m'sieur Fernand.
Chère @suzie fong je suis admiratif, devant vous et @lamisch et quelques autres membres de Mbs. Comment faites-vous pour être partout ? Tout le temps ! et en plus, trouver le temps d’écrire. Vous devez recevoir directement Mbs dans vos Lunettes…. Ah, oui, dans ce texte où il y a quatre personnages, on peut en trouver douze, si on le lit trois fois. Merci, merci, merci !
Chère @G.E. Froideval moi aussi je fais de l’informatique (en amateur) je programme en Visual basic, je ne compte plus le nombre de fois où à la suite d’une douzaine de lignes de code dont je suis sûr, je n’ai pas le résultat que j’attends. Je compte, je recompte, j’ergote, je pinaille, je chipote, je tergiverse, et tout à coup, au bout de quelques minutes, quelques heures, rarement, mais parfois, plusieurs jours, tel Raymond Souplex se tapant sur le front en disant : « Mais bon dieu, mais c’est bien sûr !..., il y a 4 personnages. »
Chère @lamisch merci d’avoir lu ce texte, que j’ai voulu volontairement dans l’air du temps, vous avez raison, mais c’est vrai, que j’ai souvent l’impression d’être dans un autre monde.
@monbestseller - Merci de m’avoir publié, je n’y croyais pas trop, cela m’encourage pour une autre fois.
Je n'ai pas compris les changements des prénoms dans les personnages. John et Maurice tombent comme un cheveu dans la soupe alors qu'on avait présenté Jean et Madeleine.