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Le 19 mar 2022

Notre ambassadeur pour la francophonie au Maroc, l’écrivain Ahmed Bouchikhi (SUITE)

Didacticien et pédagogue de formation, Ahmed a d’abord publié des ouvrages en rapport avec l’enseignement du français langue étrangère : manuels scolaires, dictionnaires, analyses d’œuvres littéraires au programme des lycées et des universités, etc. Ses livres, surtout les manuels scolaires, se vendent en milliers d’exemplaires chaque année. Ces publications lui ont ouvert les portes les plus verrouillées des maisons éditions.

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Comment vivent les auteurs au Maroc ?

Les écrivains d’expression française ne vivent pas de leur plume au Maroc. Ils sont généralement enseignant(e)s, universitaires, artistes et journalistes. L’écriture pour eux relève beaucoup plus de la passion que d’un hypothétique rêve de faire fortune grâce à la vente de leurs livres. Les droits d’auteur pour une édition de mille exemplaires dépassent rarement les 5000 dirhams (460€), sur une durée qui peut s’étendre à plusieurs années.

 

Manque d’accompagnement, diffusion pauvre et complète absence de transparence.

Au Maroc, dans le monde, supposé merveilleux, de la littérature, le désenchantement est de règle. Au terme de plusieurs mois de labeur et de gestation, l’accouchement survient, mais aussitôt le baptême célébré, la progéniture est confisquée à l’auteur de ses jours.

Tout contrat d’auteur stipule, pourtant, une communication suffisante et une reddition annuelle des comptes, mais rares sont les éditeurs qui s’y tiennent, d’après ce que j’ai remarqué depuis trente ans d’expérience dans le domaine.

Cette situation pour le moins déplorable heurte la sensibilité de l’écrivain, qui y voie une forme d’indifférence, voire un manque de professionnalisme.

Même si la communication est fluide et l’éditeur prédisposé au dialogue, il n’y a aucun moyen pour les écrivains de connaître le nombre réel d’exemplaires imprimés ou vendus. Certains éditeurs exigent 20.000 dirhams (1800 euros) à 30.000 dirhams (2700 euros), à titre de « participation » de l’auteur aux frais d’édition.

Ne pas percevoir de droits d’auteur est une chose, perdre ses économies pour être officialisé écrivain en est une autre. Le jeu vaut-il vraiment la chandelle ? Certainement pas.

Convaincus par l’accablant constat que les Marocains ne lisent pas, la majorité des écrivains ne tentent même pas de demander leur dû aux éditeurs, mais ils souhaitent un accompagnement proportionnel à leur sacrifice. La promotion du livre après son impression reste très insuffisante. Ce sont souvent les auteurs eux-mêmes qui contactent la presse, organisent des séances dédicace et se déplacent à leurs frais quand ils sont invités ailleurs.

Concernant la diffusion, l’absence des livres dans les librairies en dehors de l’axe Casa-Rabat est constamment soulevée. Certains titres demeurent invisibles, même après avoir bénéficié du soutien du ministère de la Culture, et les auteurs en viennent parfois à se demander s’ils ont vraiment été publiés.

 

Jeunes auteurs en quête d’éditeurs

Les éditeurs marocains se montrent souvent réticents vis-à-vis des jeunes auteurs et réclament une contribution financière, sans offrir de réelle contrepartie et sans la possibilité de s’appuyer sur les insuffisant réseaux de librairies.

Les chances d’un jeune auteur d’être publié par une maison d’édition classique étant quasi nulles, il recourt généralement à l’édition à compte d’auteur. 25% de livres sont édités par ce biais, selon la Fondation du Roi Abdul-Aziz Al Saoud.

L’autre possibilité est l’autoédition.

 

Genres privilégiés par les jeunes auteurs

Les principales publications des jeunes auteurs marocains gravitent autour du roman : roman social, romance, roman historique, roman d’aventures, thriller psychologique, polar… Marwan Touzani nous propose une satire du monde moderne avec "De l’existence" ; Noureddine Hany, se classe comme auteur de polar ésotérique : "Esprit Chasseur" ; Assil Bernossi, nous livre une analyse illustrée des différents états de conscience ainsi que leur répercussion sur l’équilibre personnel et les performances professionnelles avec  « Jeux d’une conscience éveillée ».

 

L’écrivaine est-elle l’avenir de la littérature francophone marocaine ?

Elles sont femmes, elles sont féministes, activistes, écrivaines.

Bahae Trablesi, "Souviens-toi qui tu es", "Une femme tout simplement" et Lamia Berrada-Berca avec des livres primés et traduit en plusieurs langues, comme "Kant et la petite robe rouge", "Une même nuit nous attend tous" et nous vous laissons découvrir  Fatema Mernissi, Loubna Serraj, Sanaa el Aji, Fedwa Misk 

Pour finir nous vous conseillons de visionner le lien vidéo de Hafsa Bekri Lamrani. Depuis la première guerre du Golfe, l’anglais attire plus les jeunes marocains : "Dès que je parle de la langue anglaise aux jeunes écoliers, leurs yeux brillent".

Mais selon la réaction d’Ahmed à cette déclaration : "C'est un débat d'actualité au Maroc. Mais le français survivra comme il survécu à toutes les tentatives d'arabisation globale".

 

Cet article a été écrit par un auteur monBestSeller. Les articles sont une des manières les plus efficaces de faire connaître ses livres, son style, sa personnalité d’auteur. Une des meilleures invitations à la lecture.
Vous aussi, publiez un article en lien avec vos thèmes d’écriture et prenez contact avec mbs@monbestseller.com

 

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@Ahmed Bouchikni
Très instructif... certaines remarques sont hélas aussi valables pour l'édition française en bonne et due forme (difficulté à connaitre les chiffres de vente, promotion inexistante des auteurs peu lucratifs, etc). Mais c'est sans doute décuplé au Maroc... Merci pour votre article, cela m'a donné envie de découvrir certaines plumes comme Lamia Berrada-Berca!

Publié le 27 Mars 2024

@Ahmed Bouchikhi

Merci pour votre témoignage... On oublie si facilement notre place privilégiée...
Exporter vos talents devrait vous permettre de développer l'écriture là-bas... En arable ou en français, finalement, peu importe. La culture est un mélange...
Courage à vous !
Gwenn

Publié le 23 Mars 2024