Interview
Le 28 nov 2024

Que sont les générateurs d’histoires ?

La révolution des générateurs d’histoires est là, et avec elle, une fracture claire dans l’humanité écrivante. Face à ces outils qui peuvent cracher des intrigues à la chaîne ou soutenir des projets littéraires ambitieux, deux camps se dessinent : les Opportunistes et les Explorateurs. Car soyons clairs, ce n’est pas l’intelligence artificielle qui pose problème, mais bien son utilisateur. Alors, ces générateurs d’histoires : alliés infatigables des écrivains ou leur miroir déformant ?
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Qu’est-ce qu’un générateur d’histoires ?

Commençons par présenter en quelques mots ce que sont les générateurs d’histoires. Ce sont des outils alimentés par des algorithmes d’intelligence artificielle (IA) ou des modèles narratifs préconçus, conçus pour produire des idées de récits, des synopsis ou même des histoires complètes. Ils s’appuient sur des bases de données littéraires, des modèles linguistiques avancés ou des scénarios prédéfinis pour offrir des suggestions adaptées aux besoins des utilisateurs.

Ces outils vont d’applications simples qui proposent des prémisses basiques à des IA avancées, capables de générer des textes narratifs complexes et cohérents.

On trouve une multitude de générateurs d’histoires. En voici quelques-uns (en français) : AiStory, Wrizzle, Story321, AIStorygenerator, I2Text, MyMap, MuseLy, etc., etc.

Comment fonctionnent les générateurs d’histoires

Les générateurs d’histoires utilisent généralement :

Des modèles d’apprentissage automatique comme GPT (Generative Pre-trained Transformer), qui s’appuient sur de vastes corpus pour prédire les séquences textuelles les plus pertinentes.

Des modèles narratifs structurés, qui exploitent des grilles préétablies de développement d’histoires (exposition, conflit, résolution).

Des algorithmes thématiques, qui génèrent des idées autour de mots-clés ou de genres spécifiques.

Certains permettent aussi de personnaliser les suggestions en fonction des préférences de l’auteur (longueur, style, tonalité).

Comment gagner de l’argent avec des livres réalisés par l’IA ?

Comme nous le disions en introduction, la grande famille des écrivains (ceux qui écrivent) est partagée en deux catégories (nous passons volontairement sous silence la catégorie des "contre l’IA", car nous connaissons déjà leurs arguments) : les Opportunistes et les Explorateurs.

Gagner de l’argent le plus facilement possible est l’étendard sous lequel se regroupent les Opportunistes. Pourquoi se fatiguer à écrire quand une IA le fait pour vous ? Pour cette catégorie d’auteur (voici que le terme même devient sujet à caution) les générateurs d’histoires sont une solution miracle pour produire rapidement et sans effort. Leurs objectifs ?

Publier à tout-va, souvent en surfant sur des tendances lucratives (romances, thrillers, livres « bien-être »). L’idée n’est pas de créer quelque chose de personnel ou de riche, mais de remplir les rayons virtuels avec des textes génériques.

Briller artificiellement : pour certains, publier un livre est un badge social, un moyen de se donner une illusion d’accomplissement.

Maximiser les gains avec un minimum d’efforts : en témoigne la publicité Facebook qui promet de « publier un livre par jour sur Amazon » grâce à une IA. Ces écrivains d’un nouveau genre ne cherchent pas à écrire, mais à exploiter un marché.

Les Opportunistes : arrêtez de perdre votre temps à écrire : publiez !

Prenons cet exemple frappant : un auteur autoédité sur Amazon explique dans une vidéo qu’il publie un livre par jour, grâce à un générateur d’histoires. Sa méthode ? Entrer des mots-clés populaires comme "romance de Noël" ou "thriller psychologique", laisser l’IA produire une intrigue générique, ajouter une couverture créée par un autre outil d’IA, et hop, le tour est joué. En quelques clics, une romance de Noël tiède et un thriller sans surprise prêts à inonder les rayons virtuels. De quoi faire frémir Dickens dans sa tombe. Résultat ?

Des livres vendus quelques euros qui inondent le marché... et que personne ne finit jamais de lire.

Sur Facebook, une publicité récente vantait les mérites d’une telle approche : "Arrêtez de perdre votre temps à écrire. Publiez un livre chaque jour et gagnez des revenus passifs en un rien de temps !". Ce message attire ceux qui rêvent d’un succès rapide, mais il trahit une ignorance totale de ce qu’est l’écriture : une quête, un travail de fond, un dialogue avec soi-même et avec ses lecteurs.

Le problème ? Ces pratiques non seulement tirent vers le bas la perception des écrivains, mais saturent également les plateformes avec des contenus insipides. Les générateurs d’histoires, dans ce cadre, deviennent des amplificateurs de vide.

Les Explorateurs : l’IA est-elle le nouveau coach littéraire ?

À l’opposé, les Explorateurs voient dans les générateurs d’histoires non pas une fin en soi, mais un sparring-partner littéraire, une sorte de coach. Ils comprennent que la véritable valeur de l’outil réside dans l’échange, la stimulation, et le dépassement créatif.

Un outil pour explorer : les Explorateurs utilisent les générateurs pour tester des idées, débloquer un projet ou élargir leurs perspectives. L’IA devient une source d’étonnement, un générateur de surprises qu’ils domptent et transforment.

Un moyen de perfectionner : en proposant des structures narratives, des personnages ou des variantes de scénarios, l’IA agit comme un compagnon exigeant. Mais, dans ce cadre, l’écrivain reste toujours maître à bord.

Un levier pour repousser les limites : là où les Opportunistes se reposent sur l’outil, les Explorateurs, eux, l’affrontent et s’en nourrissent pour aller plus loin dans leur art. Car, une chose est certaine : l’IA peut être formée comme un authentique coach littéraire d’une exigence sans limites, et d’une totale objectivité.

Dans ce nouveau terrain de jeu qu’offre l’IA, la question n’est pas de savoir si vous pouvez l’utiliser, mais comment vous pouvez la transcender. Osez créer des histoires qu’aucune machine ne pourrait rêver sans vous.

Quand l’IA devient coach littéraire

À l’opposé des Opportunistes donc, les Explorateurs utilisent les générateurs d’histoires comme des outils d’exploration. Laissez-moi vous raconter l’histoire de Clara, une autrice indépendante passionnée par le roman historique. Lorsqu’elle était bloquée sur un personnage secondaire dans son manuscrit, elle a demandé à une IA de lui donner des pistes. En quelques secondes, l’outil a proposé plusieurs backstories, dont une l’a frappée : un médecin itinérant ayant survécu à une épidémie de peste.

"Je n’aurais jamais pensé à ça toute seule", raconte Clara. "Mais j’ai retravaillé cette idée, je l’ai transformée, et ce personnage est devenu central dans mon histoire." Pour Clara, l’IA n’a pas "écrit à sa place", mais lui a permis de rebondir, de réfléchir autrement. "C’est comme avoir un collaborateur qui ne dort jamais."

Un générateur d’histoires peut-il surprendre l’auteur qui l’utilise ?

Certaines anecdotes sont presque surréalistes. Un utilisateur a raconté avoir demandé à une IA de générer une scène dramatique dans un roman de fantasy. À sa grande surprise, le générateur a imaginé une intrigue secondaire entre deux personnages que l’auteur lui-même n’avait pas envisagée. L’IA avait "repéré" une dynamique dans les dialogues et les relations esquissées par l’auteur, suggérant un amour interdit entre un guerrier et un mage.

"J’ai d’abord ri", explique l’auteur. "Mais en y réfléchissant, j’ai compris que c’était une possibilité fascinante, alors je l’ai intégrée." Cette anecdote montre que les IA ne sont pas seulement des machines à produire du texte : elles peuvent révéler des angles morts dans nos propres créations.

Dans les mains des Explorateurs, les générateurs d’histoires ne sont jamais un substitut à la créativité humaine. Ils sont des révélateurs, des miroirs tendus vers les failles et les potentiels inexploités de l’auteur.

L’IA n’est-elle qu’un outil ou un révélateur d’intentions ?

Le débat sur les générateurs d’histoires ne se résume pas à une question de technique, mais bien d’éthique et de vision. Ce n’est pas l’outil qui appauvrit ou enrichit la création, mais l’usage qu’on en fait.

L’IA comme amplificateur : Entre les mains des Opportunistes, l’IA reproduit la vacuité, produisant des récits interchangeables qui nourrissent un marché de la surconsommation. Entre celles des Explorateurs, elle devient un levier pour des projets littéraires ambitieux.

Une révolution à double tranchant : Si ces outils démocratisent l’écriture, ils posent aussi la question de la valeur. Écrire pour publier ou écrire pour créer : voilà la ligne de fracture.

Quand l’intelligence artificielle frôle le plagiat accidentel

Un autre exemple met en lumière les limites des générateurs. Un auteur a utilisé un outil IA pour écrire le début d’un roman policier. L’ouverture semblait brillante... jusqu’à ce qu’il se rende compte que l’IA avait produit une réplique quasi identique à celle d’un roman de Michael Connelly. Ce n’était pas un plagiat volontaire, mais un problème inhérent à la façon dont l’IA apprend en s’appuyant sur des corpus existants.

Pour les Explorateurs, cet incident est une leçon précieuse : l’IA ne doit jamais être utilisée comme un générateur automatique, mais comme un point de départ à retravailler, toujours dans le respect de l’originalité.

Les générateurs d’histoires sont-ils une baguette magique ou un piège ?

Avec ces anecdotes, l’article montre que les générateurs d’histoires ne sont ni des baguettes magiques ni des dangers intrinsèques. Ils révèlent simplement l’intention de ceux qui les utilisent : pour certains, une course au profit ou à l’ego ; pour d’autres, un outil puissant pour creuser, explorer, et transformer leur écriture.

Alors, la question est posée : voulez-vous produire des récits interchangeables ou créer quelque chose qui, un jour, pourrait surprendre même une IA ?

 

 

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Parce que sinon vous pouvez le demander pour Noël: La Fabrique du crétin digital.

Publié le 28 Novembre 2024

Bonjour à tous !
Merci pour cet article qui ne parle pas à travers son chapeau.

Je suis, ou plutôt, j'étais ingénieur en informatique, aujourd'hui retraité.
J'ai travaillé sur les premières idées de l'IA (dans les années 80), dont le but a toujours été de créer un algorithme capable d'apprendre et de tirer parti de cet apprentissage pour rendre service.

J'ai expérimenté l'IA dans le domaine de l'écriture en consacrant cinq jours, au départ, à lui enseigner mon style littéraire personnel. Il n'était pas question d'adopter un style générique, identique à celui des milliers d'autres utilisateurs.

À ma grande surprise, après cette phase d'enseignement, l'IA était capable d'écrire dans mon style personnel avec une imitation parfaite. J'ai ensuite utilisé cette même IA pour concevoir une table des matières extrêmement détaillée pour une idée de roman que je lui ai laissé écrire..

Par la suite, j'ai fait lire quelques extraits à des amis qui connaissent bien mon style, sans leur préciser que ces textes avaient été produits par l'IA. Tout le monde a été bluffé.

L'IA, bien sûr, est là pour rester, mais elle est aussi vouée à évoluer. Nous ne sommes qu'au début de ce qu'elle pourra produire à l'avenir.

Publié le 28 Novembre 2024

Personne ne vous a offert La Fabrique du crétin digital?

Publié le 28 Novembre 2024

Merci pour cet article qui propose deux catégories pour classer les auteurs utilisateurs d'IA. Je me reconnais dans la description de "l'explorateur".
L'IA génère des scénarios mais n'écrit pas / ne raconte pas : écrire / raconter, c'est autre chose que dérouler une histoire.
Donc l'IA ne vole pas à l'auteur son travail : elle lui facilite (si l'auteur le souhaite) le pré-travail mais l'auteur reste auteur, car c'est lui qui écrit / raconte : donne une forme rythmique (et sonore) à sa vision ; inscrit sa vision d'une histoire dans le rythme de son écriture (qu'on appelle aussi "style").
Bisous
Ernesto

Publié le 28 Novembre 2024