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Du 04 déc 2024
au 04 déc 2024

Des livres à l'infini, des livres à l'infini pour tous les auteurs

Un nouvel éditeur anglo-saxon, Spines, vise à révolutionner l'industrie en utilisant l'IA pour publier 8 000 livres en 2025 grâce à l’intelligence artificielle (IA). Fondé en 2021, cette "maison d'édition" a publié ses premiers titres cette année. C'est une start-up technologique qui, moyennant des frais, propose l’utilisation de l’IA pour relire, produire, publier et distribuer des livres. L’entreprise facture environ 2 à 5 000 $ par livre. Mais attention, trois à quatre semaines suffisent pour passer d’un manuscrit à un titre publié.
Produire un livre en 3 à 4 semaines. D'après un article de Matilda Battersby (Bookseller). Produire un livre en 3 à 4 semaines. D'après un article de Matilda Battersby (Bookseller)

D'après un article de Matilda Battersby (Bookseller)

Avec l'IA, le marché de l'édition retrouverait-il une nouvelle dynamique ?

Spines n’est pas la seule entreprise technologique qui tente de marquer de son empreinte le secteur de l’édition.
 Il y a quelques semaines, le géant technologique Microsoft a lancé sa propre maison d'édition, 8080 Books, précisant au journal "The Guardian" que « la technologie a accéléré le rythme de presque tous les secteurs, sauf l’édition ». 
ByteDance, la société derrière la plateforme de partage de vidéos TikTok, a également annoncé qu’elle commencerait à vendre des livres imprimés en librairie dès le début de l’année prochaine, publiés sous sa propre maison d’édition, 8th Note Press

Spines a récemment sécurisé un financement affirme avoir déjà publié 273 titres en 2024, dont 33 ont été publiés le même jour en septembre.
« Nous voulons publier jusqu’à 8 000 livres l’année prochaine. L’objectif est d’aider un million d’auteurs à publier leurs livres », a déclaré Yehuda Niv, directeur général et cofondateur de Spines au Bookseller.
Celui ci s'explique : « il y a trois ans que l’industrie de l’édition se transforme par l' IA . Je me suis rendu compte qu'il yavait deux options : soit devenir obsolète à cause de l’IA, soit saisir cette opportunité pour mener cette révolution dans le monde », a-t-il ajouté.
Début novembre, The Bookseller a rapporté que l’éditeur néerlandais Veen Bosch & Keuning (VBK), propriété de Simon & Schuster, « expérimentait » l’utilisation de l’IA pour traduire un nombre important de ses titres en anglais.

Le maître mot : produire et éditer vite. 3 semaines pour sortir un livre.

Tout comme 8080 Books de Microsoft, Spines met l’accent sur la rapidité. La plateforme pourrait réduire le temps nécessaire pour publier un livre de six à 18 mois à deux ou trois semaines.
Les auteurs seraient prêts à dépenser « des milliers de dollars » pour des services d’édition pour leurs livres auto-édités, mais Spines facture entre 1 200 et 5 000 $ pour automatiser la relecture, la conception de la couverture, l’optimisation des métadonnées et des services de traduction limités
Les auteurs payent pour ces services de publication et conservent 100 % de leurs royalties ainsi que les droits sur leurs œuvres une fois leurs livres publiés, ce qui ressemble à de l’auto-édition.
Son directeur général précise que Spines n’est pas de l’auto-édition. « Nous sommes une plateforme de publication. C’est un concept nouveau. »

Ces plateformes de publication sont elles en compatibles avec l'"excellence" du travail d'éditeur

Lorsqu’on l’a interrogé sur l’impact potentiel des processus automatisés par IA sur les emplois des correcteurs, des concepteurs de couvertures, des traducteurs, des éditeurs et autres professionnels du secteur, Niv, le directeur général de Spines répond : « Nous ne sommes pas là pour remplacer la créativité humaine. Nous nous concentrons sur les livres écrits par des humains qui cherchent la manière la plus efficace et la plus moderne à publier et distribuer leur manuscrit à l’échelle mondiale. »
En Angleterre l’Authors Licensing and Collecting Society montrent qu’en 2006, le revenu moyen des auteurs était de 12 330 £, chutant à 7 000 £ en 2022, la pertinence de dépenser jusqu’à 5 000 $ pour publier un livre en trois semaines peut sembler discutable.
Mais peut-on parler d'auteurs exclusivement professionnels. Faut-il, pour être auteur, vivre de ses revenus de l'écriture ?

Un nouveau concept : écrire, ce n'est pas laisser une trace artistique indélibile, c'est laisser une trace

Mais pour le patron de Spines, il ne s'agit pas de profit. Ecrire et éditer : « C’est un processus de branding personnel. Disons que vous voulez laisser une trace, ou un héritage… la plupart des gens publient un livre, non pas parce qu’ils veulent en vivre, mais parce que c’est leur hobby. Soit ils doivent devenir très, très célèbres pour [obtenir un contrat avec un éditeur traditionnel], soit ils devront investir des dizaines de milliers de dollars… Je veux aider à rendre les livres accessibles au grand public. »

Mais certains de ces livres sont-ils devenus des best-sellers? Impossible de le savoir. Lorsqu’on demande des informations sur le volume des ventes, on répond que « ces données sont privées et appartiennent à l’auteur ».
Parmi les six titres que The Bookseller a trouvé en vente sur Amazon, l’un avait plus de 70 évaluations de lecteurs, tandis que les autres variaient entre sept et 22 évaluations.
Prochaine étape pour Spines : l’audio capable de cloner les voix des auteurs, comme l’a expliqué Niv son directeur général : « Notre plateforme peut également créer une version audio du livre en utilisant une voix synthétique."
Bientôt, ils ajouteront une fonctionnalité qui clonera la voix de l’auteur lui-même. "Cela n’a pas encore été lancé. Nous y travaillons toujours. »

La question est de savoir si l’approche de Spines aura un impact sur l’édition traditionnelle ?

La consultante éditoriale Anne Hervé de Spines précise : 
 « L’IA est un sujet brûlant. Tout est maintenant lié à cela. Dans la plupart des grandes maisons d’édition, au cours des vingt dernières années environ, tous les différents rôles et responsabilités internes au sein des différents départements ont considérablement augmenté, ce qui a également fait augmenter nos charges de travail.
Je pense que, pour la plupart d’entre nous, nous cherchons comment alléger une partie de cette pression et déléguer certains des travaux les moins qualifiés à l’IA. Par exemple, remplir les métadonnées, qui est vital mais chronophage, pourrait potentiellement être rationalisé, nous libérant pour des travaux plus créatifs.

« Nous voulons que l’IA fasse la vaisselle pour nous, pas qu’elle peigne la Chapelle Sixtine. Nous avons besoin des humains et de leurs compétences pour la nuance, et il y a beaucoup de choses dans le processus d’édition qui ne peuvent tout simplement pas être reproduites par l’IA.

Encore faut-il faire la vaisselle sans casse ? 
Et si l'automatisation façon IA fait gagner en temps et en efficacité dans le processus de fabrication d'un livre, elle ne sublime pas la magie d'un métier dont l'essence est artisanale.
Et l'éternelle question, la même depuis la naissance de la littérature, se pose à nouveau : détecter les talents et sur quels critères.

Mais dormons tranquille, l'IA trouvera certainement la solution. En générant des histoires, par exemple...

 

 

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10 CommentairesAjouter un commentaire

En ajout au dernier commentaire de Mme Dumond (Fanouchette pour les intimes), je dirai simplement ceci, que ça me paraît très moral que les cons passent à la caisse. Ça fait marcher le petit commerce, non ?

Publié le 07 Décembre 2024

@Sylvie de Tauriac Merci pour vos renseignements très encourageants. Ce sont de bonne nouvelle. @Fanny Dumond3. Oui le monde devient tellement fou .

Publié le 07 Décembre 2024

@Sylvie de Tauriac Votre commentaire me ravit :-) !

Publié le 07 Décembre 2024

Bonjour@Maud de Fayard IA ou pas, le monde devient de plus en plus fou et en devient incapable de faire quelques calculs pourtant évidents avant de se lancer dans la mésaventure. Et si l'on a de l'argent à jeter par la fenêtre, voire le faire partir en fumée, on s'adresse à ceux qui ont trouvé le bon filon pour filouter les crédules. J'ai lu quelques témoignages, notamment celui d'une femme au bord du désespoir qui s'est endettée d'environ 8 000 euros (je ne sais plus trop, mais c'est énorme !). C'est dingue de ne pas savoir calculer combien de livres elle aurait dû vendre pour au moins amortir la somme ou alors, se prenait-elle pour Flaubert ? J'ai entendu celui de l'une de mes connaissances, pourtant bardé de diplômes, notamment dans la gestion d'entreprises, tout fier d'avoir été édité par ce qu'il pensait être une vraie maison d'édition. (à noter que les réelles ne demandent jamais d'argent et qu'au contraire, elles donnent un à valoir à l'auteur) Il a dépensé une somme folle pour les corrections. Sauf, qu'il reste de nombreuses coquilles et des maladresses dans l'écriture et, le fin du fin, en 4ème de couv. "Il s'agit d'une satyre". Obligé d'acheter 70 livres (sans que cela rentre dans ses comptes de vente) qu'il n'a pas réussi à tous écouler dans les salons du livre. Finalement, dégoûté d'écrire ! Il ne comprend pas pourquoi j'écris toujours et je lui ai répondu que c'est mon loisir et que lorsqu'on écrit dans l'optique de vendre, on a tout faux, et ce, pour plusieurs raisons.

Publié le 07 Décembre 2024

Votre article est passionnant. Je pense qu'il y aura deux sortes de livres : l'un portant le label '' création humaine '', l'autre une prose informatique sans tonalité. Les écrivains français commencent à réagir et certains proposent ce label sur la couverture de leurs livres. Lisez les articles de l'ATLF ( association des traducteurs littéraires de France ), car une bonne traduction est humaine. Il faut rendre la personnalité et les sentiments de l'auteur, comme un acteur il faut se glisser dans sa peau. C'est de l'art tout simplement. @Sylvie de Tauriac

Publié le 07 Décembre 2024

C'est complètement dingue, non ? cette ambition débile qui pousse d'aucuns à voir imprimer, coûte que coûte, leur prose malingre et disgraciée. Il y en a, vraiment, qui adorent foutre leur fric en l'air. Ah là là ! Vanitas vanitatum, et omnia vanitas...

Publié le 07 Décembre 2024

Comme vous avez raison @Fanny Dumond3. Des millions de dollar empochés sur les dos des auteurs qui ont juste le droit de paraître sur une plateforme ou leur manuscrit s’enfoncera parmi un gigantesque magma de récit humain ou IA qui ne sera sûrement pas relu correctement. Et totalement oublié aussi vite qu’ils seront publiés. C’est très cher payé. Ça me rappelle très fortement les contrats de deux maisons d’édition a compte d’auteur dont j’avais reçut leur contrat où les avis avaient racontés que certains livres avait été publiés avec des chapitres double ou milieu du livre débordant de fautes d’orthographe. De pauvre éspéreux qui pourront publier un nombres limité de livre et devront allongé pour chaque envie de promotion et de publication supplémentaire.

Publié le 06 Décembre 2024

Et avec tout ça, de moins en moins de lecteurs déjà submergés par pléthore de bouquins qui finissent, par tonnes, au pilon chaque année !

Publié le 06 Décembre 2024

Spines est une sorte de KPD amélioré et augmenté. Les tarifs sont élevés, le service couverture assez pitoyable, le service mise en page interne semble performant. Ensuite... ce n’est ni plus ni moins qu’un service pour les auteurs qui souhaitent s’autoéditer. Le service intégré (outre la correction IA — supplément de prix pour une relecture humaine [en souhaitant qu’elle soit plus performante]) et le référencement des livres sur plusieurs plateformes de vente en ligne.
Pour le reste : vente et promotion... eh bien, tout reste à faire pour l’auteur, évidemment.
8080books ne s’adresse (pour l’instant) qu’aux auteurs salariés de Microsoft. Et ce n’est pas la romance qui est visée, comme c’est le cas pour les « éditions TikTok », lesquelles ratissent les productions adaptées à sa tranche d’âge : les très jeunes.
En définitive : rien de neuf.
Les 8000 livres prévus par Spines ne sont pas à hauteur des livres autopubliés via KDP et vendus sur Amazon. Rien que sur amazon.fr.
Dans les années qui viennent, ce seront des millions de livres qui seront autopubliés chaque année. Puis le vent tournera. Une nouvelle Tech viendra chambouler la donne. Et puis l’IA sera présente dans tous les domaines continuant à reproduire notre société « vache qui rit », d’un côté, une nouvelle race de génies, dont l’imaginaire explose en feu d’artifice grâce à la deep collaboration avec LES IA surentraînées et formées sur mesure. De l’autre... ben...

Publié le 06 Décembre 2024

Fini le livre-objet et vive l'auteur-objet, nouveau filon !
8000 livres x 3000$ (en moyenne) = 24 millions de dollars. C'est sûr que l'on peut argumenter à l'infini, et jouer les grands seigneurs pour ce qui est des droits d'auteur, avec un tel chiffre d'affaire en ligne de mire, d'autant plus que les IA étant gratuites, c'est du net ou presque !
"Détecter les talents et sur quels critères" a été, est et sera toujours le cadet des soucis des GAFAM.
PS : @Catarina Viti désolée mais non, rien à voir avec KDP, où les auteurs, même s'ils se retrouvent noyés dans la masse, peuvent s'éditer sans payer et acheter des versions brochées de leur oeuvre à prix modique. KDP spécule sur les ventes et les campagnes de promotion. Le deal est clair.
Spine serait plutôt le futur géant de cette nouvelle race d'éditeurs, qui se prétendent à compte d'éditeur mais ne le sont pas, puisqu'ils font payer des services ou (et) obligent à commander un minimum d'exemplaires dès le départ. Après, ils s'en foutent royalement, et l'on se retrouve à devoir de nouveau souscrire des services de mise en avant aux retombées plus qu'incertaines.
Il me semble qu'il vaut mieux arrêter de mentir, de se mentir, et regarder la réalité en face, si l'on veut éviter d'être le dindon d'une farce partie pour durer ;-).

Publié le 05 Décembre 2024