Seul, frissonnant, inquiet, Guénoël chevauchait dans la forêt d’Inguiniel. C’était un petit chevalier qui venait d’’être adoubé par son seigneur. Il n’était pas grand et plutôt maigre, mais son visage était beau et ses yeux pensifs reflétaient son intelligence.
Chargé de ce qu’il y avait peut-être de plus précieux au monde après le Graal, il se dirigeait vers Camelot, avec, accroché à la selle de son cheval un sac de cuir contenant la merveille. Une merveille en effet car, cachée dans une châsse d’or et d’émeraudes, c’était une relique sacrée. Une merveille qui avait le pouvoir de faire des miracles et dont l’éclat doré luisait doucement à travers le cuir…
Le père de Guénoël était un chevalier mort à la croisade. Mais il avait conquis de haute lutte cette relique et il avait commandé pour elle une châsse somptueuse. Puis, avant de mourir, il l’avait confiée à son meilleur ami pour qu’il la rapporte à son épouse bien-aimée. La mère de Guénoël, la comtesse Alba, était une dame noble et douce qui vivait pauvrement dans son manoir. Mais elle avait estimé que ce trésor devait revenir au roi Arthur et, ainsi, elle avait envoyé son fils unique, chargé de ce dépôt sacré.
Brutalement, la forêt avait été noyée dans une brume verdâtre, et Guénoël avait perdu son chemin. La brume prenait des formes fantasmagoriques, des cris bizarres se faisaient entendre, et son cœur battait très fort. Soudain, ce cœur s’arrêta : un énorme serpent d’un vert d’émeraude le fixait de ses yeux barrés d’une raie noire. Ses trois queues battaient l’air sauvagement et une langue pourpre sortait de sa gueule garnie de dents acérées. Terrifié, Guénoël dégaina son épée et lança des coups dans toutes les directions. Mais le serpent monstrueux était protégé par ses écailles nacrées qui luisaient dans la brume, et l’épée ne le blessait pas. D’un violent coup de son énorme gueule, il arracha le sac de cuir et, en quelques sauts, disparut !
Guénoël, effondré, glissa de sa selle et se retrouva sur la mousse, désespéré, en larmes… Il avait failli à sa mission ! Il n’apporterait pas la précieuse relique au roi ! Il n’était pas digne d’être un chevalier !
Soudain, il releva la tête : une lumière étincelante éclairait la clairière et, incrédule, il vit s’avancer vers lui un grand cerf d’un blanc de neige dont les bois d’argent scintillaient !
La brume s’était dissipée. Le cerf le regardait de ses yeux noirs très doux, puis il se mit en marche lentement, vers un chemin de galets lisses et dorés que Guénoël n’avait pas vu. Quand le cerf se retourna il comprit qu’il devait le suivre et ils marchèrent longtemps sur le chemin de galets dorés. Enfin, Guénoël vit au bout du chemin une petite chapelle. C’était le soir de Noël, et elle était tout illuminée. Le cerf s’arrêta devant l’entrée. Guénoël, ébloui, le cœur battant, entra. Une musique irréelle l’enveloppa. La lumière était de plus en plus belle, de plus en plus dorée. Il regarda le chœur et ce qu’il vit le transporta de bonheur : devant l’autel, le grand cerf blanc le regardait et, quand il bougea, Guénoël vit, sur l’autel, la châsse d’or dont les émeraudes lançaient des éclats verts…
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@A.P. Gounon Merci pour cette réponse Anne, toutefois pour autant que je me souvienne, car cette lecture remonte à 30 ans, C. de Troyes place bel et bien Arthur au 6e siècle...
Une chose est certaine par contre, c'est que Geoffrey (de Monmouth) n'a jamais connu de Mammouth ! :)
Bien à vous
Patrick
Merci chère Annie pour cet adorable commentaire. Je suis très heureuse que tu aies aimé mon petit conte. Bises. Anne
@A.P. Gounon
La magie de ce conte nous transporte aux temps de la chevalerie et de ses légendes. Et tu réussis le miracle : (avec une chapelle, un chevalier, un cerf blanc, et une châsse d'or renfermant une relique sacrée), à transposer la nuit de noël en une féérie inattendue.
Bravo chère Anne pour ta très belle imagination.
Bises, Annie
@galodarsac.
Cher Patrick, je savais que vous diriez cela !
Alors :
1) Le roi Arthur du 6 ème siècle n'a probablement pas existé ! Quant aux chevaliers ? A l'époque c'était plutôt de gros rustauds...
2) Mon petit conte se passe au moyen âge, époque des chevaliers de la table ronde et du roi Arthur imaginés par Chrétien de Troyes, Geoffrey de Monmouth etc...D'où la chevalerie et les croisades... Donc cette fois je pense que votre pinaillage n'a pas lieu d'être.
Mais je suis heureuse que vous ayez ( quand même) aimé mon petit conte.
Amitiés
Anne
@Parthemise33.
Waouh !!!
Alors, de deux choses l'une :
Soit il s'agit d'une coïncidence incrédisible, époustouflante, ahurissante, pas croyable en somme...
Soit tu es une sorcière, ce qui ne m'étonnerait nullement...
Donc bisous chère sorcière, et que le cerf blanc veille sur toi et te donne un beau Noël. Anne
@Caroline Devivie. Merci Caroline pour votre très gentil commentaire. En effet, l'esprit de Noël c'est à la fois féérie et spiritualité...je suis heureuse que mon petit conte vous ait plu. Je vous souhaite un très beau Noël. Anne
@Dominique Duchenne. Un grand merci Dominique pour votre charmant commentaire. Je suis heureuse que vous ayez eu plaisir à lire mon petit conte. Je vous souhaite un très beau Noël. Anne
@A.P. Gounon Merci chère Anne pour ce très joli conte, qui apporte l'espérance aux désespérés avec en prime un brin de féerie. Toutefois l'éternel pinailleur que je suis ne peut s'empêcher de faire observer qu'un chevalier de l'époque d'Arthur (6e siècle) ne peut pas être le fils d'un chevalier des Croisades, qui ne débuteront que 6 siècles plus tard. Mais sans doute avez-vous fait intervenir le Chronophage dans votre récit ? :)
Bien à vous
Patrick
@A.P. Gounon Chère Anne, C'est incrédisible. Je tenais à t'en faire part. Ce soir, j'ai regardé les décorations de Noël qui commencent à orner le bahut. Là, mes yeux ont tourneboulé dans leurs orbites. Le croiras tu ? Je te le donne en cent, je te le donne en mille, par un hasard extraordinaire qui n'arrive qu'une fois par siècle, hier, en fin d'après-midi, j'ai installé un grand cerf blanc aux bois argentés au milieu de sapins en bougies et autres décorations évoquant les bois ! Etait-ce prémonitoire ? Je vais de ce pas sortir mon oui-ja du tiroir pour interroger l'esprit de Nostradamus. Bisous Merci Bisous et très bonnes fêtes
@Anne Gounon Un très beau conte qui démarre comme une histoire de chevaliers et nous emmène à la rencontre de créatures magiques et parfois inquiétantes, avant de nous plonger dans la féérie de Noël. Vous avez su bousculer les codes en vigueur, un bonheur de lecture !
@ Anne GOUNON, Merci pour votre très joli conte de Noël qui emporte ses lecteurs dans le monde merveilleux de l’enfance. Le suspense est à son comble, puis la fin heureuse de votre récit, y met un terme où le bonheur et la spiritualité se mêlent pour notre plus grand plaisir.
@Delpopolo Antonia. Je souhaitais écrire un vrai conte de Noël et votre adorable commentaire m'a fait très plaisir, chère Antonia. Merci et très beau Noël. Anne
jj60. Merci, cher jj60 pour ton si gentil commentaire. Je te souhaite un très beau Noël. Anne
@Zoé Florent. Un grand merci pour ton commentaire adorable et bienveillant comme toujours, chère Michèle. Je t'embrasse et te souhaite un très beau Noël. Anne
@Fernand Fallou. Bonjour Fernand. Dois-je vraiment marcher sur les traces de Chrétien de Troyes ? Je vais persévérer. Un grand merci pour votre bravo. Joyeux Noël. Anne
@Christophe M. Guénoël serait très heureux de rencontrer Perceval et Lancelot, certes. Merci et joyeux Noël. Anne
@Parthemise33. Quel plaisir de découvrir ton adorable commentaire, chère Parthemise ! En ce qui concerne le cerf blanc, je ne saurais dire ce qu'il mange. Mange-t-il seulement ? Et il ne veut rien savoir du renne du père Noël, bien sûr... Merci, bisous, merci mille fois. Anne
@ A.P.Gounon. Quel joli conte de Noël dans la droite ligne de ceux qui ont enflammé mon imaginaire d'enfant. Et ça continue encore et encore.... comme dirait le chanteur. Merci
Merci Anne pour ce joli conte aux couleurs si douces...
@A. P. Gounon Un voyage dans le temps, beaucoup d'imagination, une bonne dose de magie, le tout couronné par une fin heureuse. Que demander de plus à une histoire de Noël ?
Merci pour cette jolie contribution portée par une plume toujours aussi élégante et douce, chère Anne.
Bises et joyeuses fêtes de fin d'année à toi, à tes proches...
Michèle
@A. P. Gounon
Un chevalier, adoubé, par un seigneur de retour de croisade qui va vers camelot et la table ronde avec une relique, presque le GRAAL…
Voilà les bons mots pour aller vers le succès
Ça pourrait être le début d’un bon bouquin
Faut persévérer
Bravo !
FF
Chrétien de Troyes ne renierait pas le personnage de Guénoël, qui, en sortant de la petite chapelle, pour ce remettre de ses émotions, aura bien mérité d'aller festoyer, se mettre à table, une table ronde peut-être, trouvant pour voisins, un Perceval à sa gauche et un Lancelot à sa droite ?
@A. P. Gounon Que le Grand Cric me croque ! Une insomnie tenace, une visite sur le site, et j'ai découvert ce si joli conte de Noël en harmonie avec la réouverture de Notre Dame ! Cette fois, je grille la politesse à Fernand Fallou pour le premier commentaire ! Que j'aimerais être dans la chapelle avec Guénoël et le cerf blanc. Une question en passant : que mange donc, à Noël, comme mets raffinés, un cerf blanc, très stylé ? Acceptera-t-il de partager le couvert avec Rudolph, le renne plébéien du Père Noël qui, selon les mauvaises langues, doit la couleur rubiconde de sa truffe à un excès de lait de poule ? Merci Bisous Merci pour cette histoire qui mérite une suite