Bonsoir Laurent,
L'écriture au service du rêve, des rêves et de la candeur d'Anastàzie la lumineuse, si pure qu'elle ne peut voir et entendre et sentir que l'amour. Car son monde n'est qu'Amour, sous toutes ses couleurs, sous toutes ses formes. C'est déchirant ! Outre la beauté des mots, des images, des sensations, j'ai vraiment apprécié l'ambiance, frappante de vérité - cette sorte de langue répétée, ralentie, de voisinage slave, mais purement juif pourtant, l'absurde et le spirituel s'accouplant, comme la naïveté et la profondeur, un léger humour qui se moque tendrement de lui-même, un peu à la Isaac Bashevis Singer. Je suis d'ailleurs véritablement bluffée par cet aspect de plongée totale, plus que dans un être, ses désirs, ses ambivalences, plus qu'au sein d'une période dont on a tous des "images" (toujours incompréhensibles et invraisemblables), cette fusion complète des mots avec un univers entier, sa culture, ses paysages, son entourage...
Je trouve la fin, ce champ-contrechamp rapide en réalité, mais où le temps cependant se suspend par le mirage des sentiments et des émotions d'Anastàzie, ce moment effroyable où l'abject tente de prendre le pas sur le beau, la cruauté de dominer la candeur, le sadisme et l'horreur d'anéantir la vénusté et la beauté de l'âme… tout simplement magistrale. D'autant qu'en dépit de la mort, des millions de morts qui reviennent nous hanter au travers de cette histoire (dont tellement d'enfants), c'est finalement quelque part tout de même la lumière et l'amour qui gagnent. C'est d'après moi aussi époustouflant artistiquement et émotionnellement.
Publié le 12 Mars 2025