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Œuvre littéraire utopique, roman utopique, qu'est ce que c'est ?
L'utopie est un genre littéraire qui décrit une forme de perfection, où les hommes sont libres.
C’est une projection d’une réalité ou d’un monde parfait, idéal qui conviendrait à tous. Dans les livres qui narrent une utopie, on retrouve un récit démonstratif fondé sur le didactisme et l’argumentation. C’est donc une histoire qui génère un enseignement. La société idéale décrite par le récit utopique qu’elle enseigne, passe par un régime politique où la justice et les règles publiques seraient parfaites. Platon est le précurseur de ce genre littéraire, car c’est dans ses pensées, dans ses idées, que s’est fondé l’idéalisme occidental.
L’utopie est donc l’équivalent du rêve impossible, qui fait exister ce qui n’existe pas ailleurs, que dans le nulle part. Bonheur, bien-être, plénitude permanente tout ce vers quoi l’on tend et que l’on atteindrait si l’on avait le courage de partir pour cette île jamais atteinte qui redéfinit l’éthique.
Qu’est ce que la société utopienne à travers la littérature utopique ?
La société utopienne décrite dans les œuvres littéraires est foncièrement égalitaire. Elle décrit une société dont la philosophie communiste s’est inspirée, cherchant l'égalité parfaite, entre autres de tous devant la loi. Elle se fonde assurément sur un ensemble de lois et sur une logique très rationnelle et précise. C’est une société très aboutie.
Le rôle de l’utopie en politique, le rôle de l’utopie dans les sociétés
L’utopie est un monde parfait où les hommes vivent dans l’harmonie. Son modèle et sa description peuvent être un moyen d’attaquer les modèles politiques ou les régimes en place. Cette forme de littérature évite ainsi une attaque frontale, mais peut, de manière indirecte, devenir une critique des gouvernements. Les utopistes placent leurs récits dans des lieux fictifs pour ne pas subir la censure, qu’elle soit religieuse ou politique, par exemple L’île des esclaves de Marivaux. Le livre met en scène la confusion des pouvoirs dans un espace nouveau, échanges de pouvoir entre maîtres et valets pour une fin comique et un retour sévère à la norme. L’utopie peut devenir aussi une manière d’enseigner de manière didactique des préceptes.
Une utopie peut qualifier aussi une réalité non admissible : en ce sens, qualifier quelque chose d'utopique consiste à le considérer comme irrationnel. C’est pourquoi le genre littéraire de l’utopie génère deux réflexions de pensée : l’une consiste à réfléchir sur le réel en imaginant une fiction idéale ; l'autre, en dissociant le réel de l’acte volontairement, oppose ainsi le possible et l’impossible.
Les origines du genre littéraire utopique ou utopie
La cité idéale fut décrite par Platon dans l’Atlantide. Il dit des Atlantes qu’ils avaient tout le nécessaire pour se nourrir et s’éduquer mais qu’ils ne possédaient rien en propre. Tout était partagé et personne ne demandait plus que ce dont il avait besoin.
Consacré par Thomas More, le genre littéraire permet de rêver une société originale située aux confins du monde connu. Le premier ouvrage de Thomas More repose sur la critique des injustices et défauts de la société, tandis que le second porte des propositions constructives à travers, les coutumes, l'histoire, les lois, l'architecture et le fonctionnement économique et social de l'île.
L’utopie ou le genre littéraire utopie propose quelques règles de vie sociale, parfois visionnaires pour leur époque.
La base de l’organisation utopique est la stricte égalité entre les hommes. Pour assurer cette égalité, il n’existe ni propriété, ni argent. Il n’y a aucun oisif (pas de « nobles » par exemple). Tous ont les mêmes vêtements. Ils prennent leur repas en commun. Le temps libre est consacré à des loisirs comme les échecs ou l'apprentissage des belles lettres. Il y a des cours gratuits pour adultes, la culture devant être accessible à tous. Les Utopiens ne sont pas superstitieux. Il n’existe aucune forme de divination ou d’augure. Les jeux de hasard sont interdits, le luxe inexistant. En Utopie, seules les guerres défensives sont permises, ou les guerres en vue du « bien de l’humanité ». Plusieurs religions sont tolérées en Utopie (même si elles tendent à devenir une) : la religion du soleil, la religion des grands hommes… Mais la majorité des Utopiens croit en l’existence d’un Père incompréhensible, ainsi qu’en Jésus.
Les rites du mariage et du divorce sont d’avant garde. Les futurs mariés se voient nus avant le mariage, pour bien évaluer leur engagement. Le divorce par consentement mutuel est légal. La récidive en matière d’adultère est sanctionnée par la peine capitale… Les lois sont rares, souvent organisées autour de la sécurité, l’un des premiers concepts qui définit l’utopie.
Les origines du mot utopique, du genre utopique, de la littérature utopique :
Du grec, construit sur et topos qui signifie espace lieu qui n’existe pas, c’est par extension un lieu idyllique, un lieu heureux et d’harmonie.
La littérature utopique a généré une forme d’architecture expérimentale.
Insularité, remparts et fortifications sont les modes de défense les plus fréquents et constituent la base initiale de toute réflexion architecturale. Plusieurs manières de concevoir l'architecture de la République (Platon) ont été proposées. L'hypothèse d'une « composition concentrique » ou structure « en arceau » ou encore en « grandes voûtes ». La justice y serait le foyer d'équilibre. La forme ici est une réponse au fond. Des tentatives de cité idéale ont été tentées sur ces modèles.
Les écrivains de l’utopie à travers l’histoire.
Nombre d’écrivains et de philosophes ont flirté, éclairé ou prolongé la littérature de l’utopie après Platon : la découverte de l'Eldorado dans Candide de Voltaire, (qui a donné lieu à l’expression célèbre), ou encore une communauté d'humains vivant heureux et en harmonie dans l'abbaye de Thélème qu’on lit dans Gargantua de Rabelais. Souvent écrits pour mettre en avant les injustices et vices de leurs époques, ces ouvrages dénoncent sans trop exposer les auteurs à la censure ou à la répression...
Quelques exemples clés de littérature utopique ou d’utopisme à travers les siècles.
1. Utopies et Livres utopiques de la Renaissance
L'Utopie de Thomas More, 1516. Ce livre véhicule la culture humaniste et propose un modèle de régénération sociale.
L'Abbaye de Thélème dans Gargantua de Rabelais, 1534: « Fais ce que voudras », c’est la devise de l’abbaye. Rabelais, humaniste, pense qu'une société sans contraintes ni guerres est possible dès qu’on laisse libre cours à la nature foncièrement bonne de l'humain.
La Nouvelle Atlantide de Francis Bacon, fin XVIe siècle, début XVIIe siècle. L'ouvrage décrit une société fondée sur la philosophie.
2. Utopies et livres utopiques des Lumières
Voyages et Aventures de Jacques Massé de Simon Tyssot de Patot, 1714. C’est le parcours initiatique de Jacques qui le mènera du catholicisme au déisme, puis à l’athéisme. Après un naufrage près de Sainte-Hélène, au large d’un paradis terrestre où vit une société idéale, Jacques y passe cinq années durant lesquelles il découvre les mœurs et les habitudes des habitants de ce monde utopique, régi selon une philosophie rationnelle et matérialiste. Tyssot, au delà de son inventivité et de son imagination sans limite, s’engage là dans une forme de philosophique d’avant garde.
Libertalia dans Histoire Générale des Pyrates de typiak de Daniel Defoe, 1724. C’est le récit d’une colonie libertaire créée par des pirates sur Madagascar. Celle-ci aurait vécu là près de vingt-cinq ans à la fin du XVIIe siècle sous la forme d’une république, sans que l'on sache s'il s'agit d'une réalité ou d'une légende.
Voyage au pays de Houyhnhnms, quatrième des Voyages de Gulliver, de Jonathan Swift 1726. Ces récits passionnants, mettent en scène des thèmes essentiels en les relativisant par la dimension « aventuresque » et utopique du fond : critique et raison, folie, science fiction, fantastique. Certains aspects de la société lilliputienne semblent bien plus modernes que l'Angleterre de l'époque. Pourtant les populations passent leur temps à faire la guerre. Pourquoi ? Pour imposer leur propre manière de casser les œufs à la coque !
Paul et Virginie, de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre1789.
C’est un roman idéaliste. Paul et Virginie, décrit avec vigueur le sentiment de l’amour et la nostalgie du paradis perdu, au-delà du cadre exotique et de la description d'une société idyllique.
L'ile de Tamoé dans Aline et Valcour (Histoire de Sainville et de Léonore) du Marquis de Sade, 1795.
Deux royaumes opposés sont décrits, opposant un violent royaume africain anthropophage, celui de Butua, à l’île de Tamoé, paradis utopique ou règne le roi philosophe le Zamé. À Butua, tout est vil et vices, les crimes s’y déroulent au grand jour et sont même encouragés tandis qu’à Tamoé la vertu et le bonheur prospèrent.
3. Utopies et Livres utopiques au XIXe siècle
Nouveau Christianisme de Claude Henri de Saint-Simon, 1825. L’auteur expose, de façon testamentaire, « toute sa doctrine » que les fidèles et disciples, constitués en « Église », tâcheront par la suite d'exécuter et de diffuser.
Le Phalanstère de Charles Fourier vers 1830. Fourier décrit là une sorte d'hôtel coopératif prêt à accueillir environ deux mille membres au milieu d'un domaine de quatre cents hectares où l'on cultive les fleurs et fruits avant tout. Fourier décrit avec précision les couloirs chauffés, les grandes salles à manger et les chambres agréables.
L'Île mystérieuse (1874) Jules Verne. L'Île mystérieuse est un roman à rebondissements. Pris dans un ouragan, en fuyant la guerre de Sécession, les héros échouent sur une île déserte qu'ils baptiseront l'île Lincoln. Après avoir exploré l'île, ils s'y établissent et commencent à la civiliser. Une présence semble les protéger et les aider dans toutes les circonstances périlleuses.
4. Utopies et livres utopiques du XXIeme.
L'Île des gauchers d'Alexandre Jardin 1995. Ce livre nous propose une nouvelle approche de l'amour et de la vie proposée sur cette île.
Les Fourmis de Bernard Werber 1996. Les fourmis essaient chacune d’optimiser leurs univers propres, se rencontrent, échangent et se comprennent.
Utopie et dystopie
Une dystopie, également appelée contre-utopie, est un récit de fiction qui décrit une société cauchemardesque qui empêche ses habitants d'atteindre le bonheur. Sur le même principe qu’un livre d’utopie, un livre de dystopie en est son opposé pur. C’est aussi une mise en garde sur les idéologies néfastes.
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