Votre deuxième nouvelle m'a également intéressé à plusieurs titres, @Bigmac. Tout d'abord parce qu'elle est une suite à la première, mais surtout parce que vous y écrivez longuement sur la Réunion, île chère à mon coeur comme vous le savez, à travers le personnage de Rose. Comme pour la première, j'en ferai un double commentaire : celui d'un simple lecteur et celui, plus critique, de l'auteur exigeant et pointilleux apportant un avis à un confrère, lui suggérant des corrections (communiquées en aparté).
— Si j'étais un simple lecteur objectif et bienveillant de ces 38 pages, j'en retiendrais que cette nouvelle est une analyse instructive et très bien documentée sur plusieurs sujets : à la fois des évènements qui ont fait l'actualité (le Brexit par exemple, avec pour corolaire les négociations ardues pour la sortie de l'Europe par la Grande Bretagne et l'élection du président aux Etats-Unis), les championnats de natation, les emplois exercés dans divers organismes de la fonction publique d'Etat et territoriale par les protagonistes mis en scène, la progression statutaire par la voie des concours, les relations hommes / femmes, le machisme, le harcèlement, l'influence syndicale, le manque de motivation d'une frange de fonctionnaires assurés de la sécurité de l'emploi, un panorama touristique des nombreux pays visités par Charles durant son périple post-mandats politiques.
Le titre "Elle est morte Adèle" peut être contesté pour le peu de place qu'elle occupe.
A côté de personnages féminins et masculins secondaires, Rose tient une place prépondérante justifiant un long développement sur l'île de la Réunion (façon guide touristique) : sa géographie, sa sociologie, ses religions, l'esprit de famille, l'afflux vers la Métropole. Mais le personnage principal reste Charles, toujours brillant, exigeant, en manque affectif et sexuel, obsédé par l'aspect vestimentaire de la gent féminine et la chute de reins.
On se laisse porter par une écriture fluide, épaté par autant de connaissances, notant ici ou là quelques maladresses sans grandes conséquences, en suivant la conversion professionnelle de Charles et les tribulations de Rose que l'on peut admirer successivement en famille, s'acquittant des charges d'aînée d'une fratrie nombreuse tout en réussissant ses études et des performances de nageuse de haut niveau jusqu'à la sélection aux championnats de France, puis dans son ascension professionnelle, son rôle d'épouse et de mère.
Rien que la recherche documentaire et la somme de connaissances évoquées dans tous les domaines traités méritent les cinq étoiles.
— L'auteur analysant cette nouvelle sur le plan structurel et sur le fond sera plus critique. Le titre n'est pas justifié : certes Adèle est morte, mais elle est seulement évoquée en référence à ses aptitudes professionnelles.
L'ensemble, hormis le revers électoral mettant un terme aux mandats politiques de Charles, suit la ligne directrice de sa reconversion par la création d'un cabinet de conseil offrant ses compétences aux entreprises et administrations impactées par le Brexit de part et d'autre de la Manche pour résoudre les problèmes sans précédent, nombreux et inextricables.
Le découpage fait une place trop importante au "catalogue touristique" de son périple en Amérique latine pour découvrir les pays où il n'avait pas eu l'occasion de se rendre, puis à l'île de la Réunion et à Rose, certes très attachante et exemplaire, mais laquelle ne devient ni une relation convoitée, ni la fiancée, ni la maîtresse, ni l'épouse de Charles. Tout juste en dernière page a-t-elle intéressé Lord Sebastian Killian (sans espoir). En marge de Rose, un trop long développement est consacré à sa famille, comme s'il s'agissait du sujet principal.
On peut reprocher (les féministes pourraient s'en offusquer), un regard de Charles sur la femme, trop axé sur l'aspect physique, la chute de reins en particulier revenant de façon récurrente, et sur l'aspect vestimentaire (dans le milieu professionnel) avec pour but affiché de séduire les interlocuteurs.
On peut reprocher aussi trop de précisions, dont certaines sous la forme de notes de bas de page, lesquelles auraient un intérêt dans une étude sur les différents sujets traités, mais qui sont hors sujet dans cette nouvelle.
Enfin, ce qui caractérise une nouvelle est la chute. Là, on s'interroge ! Il aurait fallu que Rose, catholique dans l'âme, fidèle par conviction, séduite par Lord Sebastian Killian, opère un revirement de situation et lui cède, peu importe s'il se serait agi d'une passade ou d'un vrai coup de foudre.
Avec toute mon amitié, Marc, et ma solidarité d'auteur. MC
Publié le 07 Janvier 2017