Comment définir la philosophie en quelques mots ?
La philosophie, que l’étymologie entend comme « l’amour de la sagesse », a reçu une infinité de définitions, certaines parfois contradictoires à d’autres. Un point de vue pratique dirait que philosopher c’est apprendre à vivre, de sorte que l’on mette sa pensée au service de son existence, afin de mener une vie « bonne », une vie « sage », etc.
La philosophie : une discipline à part entière
Aux yeux de la civilisation occidentale, la philosophie devient une discipline indépendante (distincte de la religion et des sciences classiques) à partir de la Grèce Antique. Cette science de la sagesse est historiquement divisée selon plusieurs écoles de pensée, chacune étant constituée de doctrines, de personnages et de coutumes.
BREVE HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE OCCIDENTALE
On peut définir quatre époques philosophiques : l’époque antique, l’époque médiévale, l’époque moderne, et l’époque post-moderne (contemporaine). La première englobe les philosophies grecques et romaines, la deuxième comprend une philosophie chrétienne dite scolastique, une philosophie païenne à Byzance, et une philosophie arabe/syriaque en Afrique du nord et en Orient (Alexandrie et autres). L’époque moderne débute à la Renaissance et se définit par un retour aux textes de l’Antiquité, accompagné du progrès scientifique et de la Réforme protestante au XVIe siècle. Les frontières temporelles entre l’époque moderne et l’époque post-moderne sont vagues : on peut les penser à partir des effets de la révolution française, de la séparation de l’Église et de l’État, ainsi que des futures guerres mondiales.
QUELQUES AUTEURS clés dans l'histoire de la philosophie
Platon :
Il y a pour lui deux mondes : le monde sensible (dans lequel nous vivons) et le monde intelligible (un monde d’idées et d’essences parfaites) qui lui sert de modèle. Platon souhaite que l’on vive et que l’on gouverne selon la connaissance de ces idées pures, connaissance accessible entre autre par la philosophie.
Aristote :
Encyclopédiste de son temps, il traite de tous les sujets (logique, physique, biologie, morale, politique, etc.) Il ne croit qu’à un seul monde, ayant une cause originelle, immuable et éternelle qu’il appelle Dieu. Les autres réalités se meuvent et sont en devenir : une graine devient une plante, et a donc la plante pour essence. Quelle serait l’essence de l’Homme ? Cultiver sa Raison qui le distingue des autres animaux, autant individuellement par désir de sagesse et de bonheur, que collectivement en tant qu’animal politique.
Descartes :
Il base sa recherche de la vérité sur une méthode : douter de tout, puis s’apercevoir que l’action de douter ne peut être remise en cause ; ainsi existe le sujet pensant qui lui fait dire : « Je pense donc je suis ». Il essaye d’en déduire l’existence d’un Dieu, et aborde aussi des questions scientifiques ; il voit la biologie et les passions (émotions, future psychologie) comme des phénomènes purement matériels et mécaniques. Du point de vue moral, il recommande que l’on dirige sa vie selon sa raison (entendement), et que l’on domine ses désirs plutôt que l’ordre du monde.
Spinoza :
Tout découle pour lui de la Nature, c’est à dire d’une Substance unique, éternelle et infinie dont nous sommes des parties. Cette Nature est immanente au réel, et ne repose en rien sur un arrière-monde. Nous sommes soumis et déterminés par ses lois, et notre liberté revient à les connaître : vertu, bonheur, liberté et sagesse procèdent de la prise de conscience des lois qui nous animent.
Kant :
Il définit ce qui est accessible à la connaissance rationnelle et ce qui ne l’est pas. Il construit une philosophie morale qui exige que chacun soumette ses intérêts individuels à une loi morale universelle. Pour cela il faut être libre, sans quoi on ne pourrait choisir. Kant estime donc nécessaire que l’Homme, dont la spécificité est d’avoir une morale, doit postuler l’existence de la liberté, par devoir envers sa condition. Il applique cette déontologie morale à l’existence de Dieu, et à la nécessité politique de former des États justes issus d’une volonté générale. Le philosophe développe par ailleurs une philosophie esthétique à propos du concept de beauté : le Beau.
Nietzsche :
Il diagnostique l’arrivée du nihilisme avec l’effondrement du christianisme. Le philosophe allemand s’oppose à toute métaphysique, et critique abondamment la construction d’arrière-mondes qui nous éloignent de la réalité. Il invite à la création, à la joie et à l’amour de notre univers. Nietzsche affirme la mort de Dieu, l’illusion du Bien et du Mal, et la magnificence créatrice de l’Art. Il nous souhaite de vivre intensément, de sorte que l’on désire revivre chaque moment de sa vie éternellement.
Camus :
La vie y est absurde, mais l’auteur refuse de s’y abandonner. Il souhaite combattre l’absurdité de la vie, en se révoltant : ainsi il continue à vivre, et apprécie sa condition, bien que tragique. Il se conduit même selon des valeurs (humanistes), peu importe qu’elles n’aient pas de sens en soi, tant qu’elles en ont pour lui. Certes il y a de l’absurde, mais il y a aussi de la joie et de la beauté, et une humanité.
Onfray :
D’influence nietzschéenne, il combat les arrière-mondes (parlant des religions et du freudisme par exemple) et promulgue la vie terrestre et pragmatique. Il décrit un amour de la vie et de la nature, du corps et de l’univers (cosmos) en général. Le fils d’ouvrier agricole dresse une esthétique du corps, et s’investit politiquement avec la création récente de la revue Front Populaire.
Serres :
Il considère que la philosophie doit traiter de tous les sujets, aussi bien scientifiques que littéraires. Il parle de l’impact des nouvelles technologies, et de l’usage que l’on en fait. Il érige un contrat naturel où la Nature (Biogée) obtient des droits et devient juridique, de sorte que l’on mette fin à son exploitation abusive. Il analyse une nouvelle ère d’humanité qui se définit par ses progrès technologiques, par une prise de conscience de l’échec de l’humanisme passé, et par un monde hyper-connecté.
QU'EST-CE-QU'UN ESSAI PHILOSOPHIQUE ?
L’essai est le genre argumentatif type en philosophie ; le conte, le roman ou même le théâtre en sont des alternatives. Un essai connaît peu de restrictions en matière de forme : il se fonde sur l’argumentation et met en relation les opinions de l’auteur avec le monde, qu’il s’agisse d’un débat d’idées, d’une leçon d’Histoire, ou encore de l’analyse d’un récit littéraire.
LA PORTEE DE LA PHILOSOPHIE
La philosophie ne se réduit ni à la littérature, ni à l’argumentation, ni aux philosophes. Philosopher c’est d’abord interroger, sans nécessairement apporter de réponse ; on interroge par des mots, mais aussi par des actes ; on préfère une vérité douloureuse à un mensonge agréable ; on essaie de se rapprocher de la réalité et non de s’en éloigner.
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